chapitre 2 - le début de la guerre

Les jours qui suivirent mon arrivée à l’Académie Saint-Adrian furent marqués par une tension palpable. Chaque mouvement, chaque regard semblait chargé de signification. La guerre silencieuse entre Evan et moi avait commencé, et elle se déployait dans les couloirs dorés de l'école avec une précision froide et inéluctable.

Je n'avais pas l’habitude de me laisser intimider. Ce que j'avais vécu avant d’arriver ici m’avait forgé, m’avait donné une résilience que la majorité des élèves de Saint-Adrian ne pouvait même pas imaginer. Mais la réalité était implacable. Autour de moi, les regards étaient souvent moqueurs, pleins de mépris, et chaque conversation semblait se faire à voix basse dès que j’entrais dans une pièce. Je n’étais pas un élève comme les autres, et je savais qu’il n’y avait aucune place pour les faiblesses dans ce monde.

Le matin, dès que je franchissais les portes de l’Académie, je sentais les regards des autres élèves se poser sur moi. Comme des piranhas affamés scrutant leur proie, prêts à m’attaquer à la moindre occasion. Je pouvais entendre des murmures derrière mon dos, des rires étouffés, mais je les ignorais tous. Pas question de laisser ces petites attaques m’atteindre.

En classe, c'était pire encore. La plupart des étudiants étaient issus de familles riches et influentes, et leur arrogance était palpable. Mais il y en avait un qui se démarquait toujours, que ce soit par sa présence ou par son absence de subtilité : Evan. Il n’avait de cesse de me défier, mais jamais de façon directe. Il agissait dans l’ombre, subtil dans ses attaques, mais toujours aussi froid et calculateur.

Un jour, en cours de littérature, alors que le professeur expliquait un passage de "Les Misérables", Evan choisit de lancer une pique, à peine audible, mais suffisante pour semer la confusion parmi les autres élèves.

— Non, Noa, tu vois, ce n’est pas ce genre de livre qu’il te faut. Tu n’as pas encore l’étoffe pour comprendre des choses aussi profondes.

Le murmure qu’il provoqua fit naître des sourires sur les visages des élèves autour de moi, mais je gardai mon calme. Ce genre de provocation faisait partie du jeu. Si je me laissais faire, je perdais la bataille. Alors, je répondis d’une voix aussi posée que possible.

— Peut-être. Mais la seule façon de savoir, c’est d’essayer, n’est-ce pas ?

Les élèves échangèrent des regards, certains amusés, d'autres déstabilisés. Evan, quant à lui, se contenta de sourire, un sourire plein de supériorité. Il n’avait pas besoin de répondre pour le moment. Il savait qu'il avait planté une graine de doute, et il était patient. Comme un serpent, il attendait le bon moment pour frapper.

Cependant, ce n’était pas qu’une question de guerre psychologique. Ce qui rendait cette situation encore plus délicate, c’était qu’au fond de moi, je sentais que quelque chose d’autre se passait. À chaque interaction, à chaque confrontation, un étrange lien semblait se tisser entre lui et moi. Un lien que je n’arrivais pas à définir, mais qui se faisait de plus en plus fort.

Le soir, après les cours, je me rendais dans la petite bibliothèque de l'école, un endroit calme et presque désert où je pouvais me concentrer sur mes études. J’avais besoin de cette tranquillité pour échapper à l’agitation de ma nouvelle vie. Mais une fois encore, même dans cet espace, Evan me retrouva.

Ce soir-là, alors que je feuilletais un livre sur les grands poètes français, j'entendis des pas derrière moi. Je savais immédiatement qui c’était. L’odeur subtile du parfum d’Evan, sa silhouette élancée, tout cela m'était désormais familier.

— Tu sembles beaucoup lire pour quelqu’un qui n’a pas les moyens de comprendre. Sa voix était une caresse glacée, presque une provocation en elle-même. –Tu te fais des illusions.

Je levai lentement les yeux, sans me laisser démonter par le ton d’Evan.

— Et vous, vous pensez qu’en lisant un livre de plus, vous allez comprendre le monde mieux que quiconque ?

Il n’y eut aucune réponse pendant un moment, juste le silence pesant de la bibliothèque. Puis Evan s’approcha lentement, s’asseyant sur la chaise en face de moi.

— Tu es têtu, dit-il avec un sourire amusé. J’aime ça. Mais sache que ce genre d'attitude te mènera à ta perte ici.

Je croise les bras et répond d’une voix tranquille. — Peut-être. Mais j’aime bien courir ce risque.

Evan me regarda un instant, comme s’il pesait mes mots. Puis il se leva soudainement, l’air presque pensif.

— On verra combien de temps tu tiendras, dit-il finalement, avant de s’éloigner.

Je le regardai partir, un frisson courant sur ma peau. Cette guerre silencieuse était loin d’être terminée, et je savais que les choses allaient devenir bien plus complexes. Il ne s’agissait plus seulement de me défendre. Je devais riposter, et non pas seulement pour ma propre survie. Je devais comprendre ce qui se cachait derrière cette fascination étrange d'Evan, et pourquoi cette bataille, aussi secrète soit-elle, devenait de plus en plus importante pour nous deux.

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