chapitre 4- le défi

Les semaines passaient, et l’Académie Saint-Adrian devenait de plus en plus un terrain miné. Chaque recoin, chaque regard semblait porter un jugement silencieux. Les murs étaient remplis de murmures, et pourtant, aucun mot ne me parvenait avec plus de force que ceux d’Evan. Ses attaques subtiles étaient devenues plus raffinées, comme un jeu auquel il s’adonnait, et moi, je me retrouvais coincé dans cette danse où l’équilibre était précaire.

Je savais qu’il attendait une réaction, un faux pas qui briserait ma façade. Mais il n’obtiendrait rien de moi. Pas cette fois. Je n’avais pas grandi dans les rues en étant faible. J’avais appris à encaisser les coups, à ne rien laisser transparaître. C’est ce que je faisais maintenant : je restais impassible, silencieux, toujours en retrait.

Cependant, quelque chose avait changé. Ce n’était pas seulement une question de défi. C’était une question de pouvoir. Evan n’était pas là seulement pour me faire tomber ; il voulait me prouver qu’il pouvait me détruire en utilisant ses propres règles. Et ces règles, je n’étais pas sûr de pouvoir les comprendre. Mais cela ne m'empêcherait pas de jouer le jeu à ma manière.

Ce matin-là, j’étais arrivé à l’Académie plus tôt que d’habitude, cherchant à m’isoler dans la bibliothèque pour réviser. Mais je n’avais pas pu éviter l’affrontement. Dès que je m’étais assis à une table, un bruit de chaise m’arracha de mes pensées. Je levai les yeux et vis Evan s'installer juste en face de moi, comme s'il avait anticipé ma présence.

Il n'avait pas l'air aussi assuré que d’habitude, mais il n'était jamais facile à déchiffrer. Il s'assit sans dire un mot, son regard froid posé sur moi. Il n'était pas là pour discuter, ça se voyait. Mais son attitude déstabilisante était un défi en soi.

— Tu sais, Noa, je pensais qu’un type comme toi finirait par se rendre. Mais il semblerait que tu sois plus têtu que ce que j'avais imaginé. dit-il enfin, sa voix aussi calme que tranchante.

Je souris légèrement, mais ce n’était pas un sourire amusé. C’était plus un sourire ironique, une reconnaissance tacite que, tout comme lui, je comprenais la dynamique du pouvoir.

— Et toi, Evan, tu pensais que tout le monde finirait par se plier à tes caprices. Je t’ai déjà dit, je n’ai pas l’intention de me laisser faire. répondis-je d’une voix ferme

Il me fixa un instant, et pour la première fois, je crus percevoir une lueur d’intérêt dans ses yeux. Ce n’était pas de la fascination, mais quelque chose de plus complexe, presque respectueux.

— Tu crois vraiment que tu as une chance ici, non ? À Saint-Adrian, tout est question de stratégie. De savoir où tu te places, qui tu connais, et combien tu peux sacrifier. Et toi… tu n’as rien. Pas même un nom qui vaille.

Je serrai les poings sous la table, sentant la colère monter en moi, mais je la refoulai aussi vite qu’elle était apparue. Il voulait que je m’emporte. Il voulait que je m’énerve et perde le contrôle. Mais ça ne se passerait pas ainsi.

— Peut-être que je n’ai rien, mais peut-être que c’est ça, ma force.Je n’ai rien à perdre. répondis-je, mes yeux le défiant sans faiblir,

Il se redressa, ses lèvres esquissant un sourire plus amical, mais son regard restait aussi froid que jamais.

— Rien à perdre… Il laissa ses mots s’échapper lentement, comme s’il savourait chaque syllabe.

– Tu te trompes, Noa. Tout le monde a quelque chose à perdre. Même toi.

Je n’eus pas le temps de répondre, car la porte de la bibliothèque s’ouvrit brusquement. Un groupe d’élèves entra, et la tension dans l’air se fit plus palpable. Evan se leva alors, comme s'il avait décidé que le moment était venu de conclure cette rencontre.

— Tu n’as pas l’air d’être au courant, mais il y a un petit défi qui se prépare ce soir. Un jeu. Rien de grave, juste une petite compétition. Son sourire s’élargit alors qu'il ajouta, Mais je doute que tu sois assez capable pour y participer. dit-il, d’un ton presque amusé, défiant.

Je fronçai les sourcils. Qu’avait-il en tête ? Un autre de ses jeux ? Ou était-ce un moyen de me pousser à m’exposer encore plus, comme il avait l’habitude de le faire ?

— Peut-être que je vais y participer après tout, Je suis assez capable de me tenir dans ton monde, Evan.

Il haussait les épaules, tout en se dirigeant vers la sortie.

— À ce soir, alors. On verra si tu tiens vraiment ta promesse.

Je restai seul un moment dans la bibliothèque, ma tête remplie de questions. Ce « défi » n’était probablement qu’une nouvelle ruse, un autre piège dans lequel il voulait m’attirer. Mais une partie de moi était curieuse, prête à affronter ce qu’il me réservait. Peu importe ce que c’était, je ne pouvais pas me laisser reculer. Evan ne comprendrait jamais ce que c’était que de se battre pour sa survie, pour chaque petit bout de dignité.

Ce soir-là, je serais là. Et cette fois, il ne me verrait pas me plier. J’étais prêt à jouer son jeu.

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