Chapitre 4 – Des questions sans réponse, un silence trop lourd

Villa Lin – Soirée dorée, vérités masquées

Assise à la table imposante en acajou, Tang Mei savourait chaque plat servi comme si elle avait toujours vécu dans le luxe. Les lustres en cristal suspendus projetaient des reflets dorés sur sa silhouette, la faisant paraître encore plus précieuse aux yeux des quatre hommes autour d'elle.

Lin Wei, l'aîné, portait toujours son costume impeccable, même à domicile. PDG du puissant Lin Group, il observait la prétendue nièce avec une distance calculée. Son regard trahissait cependant une attente fébrile.

— « Tu n'étais encore qu'un bébé quand notre sœur aînée est partie… », dit-il calmement, brisant le silence alors qu'on retirait les entrées. « Nous ne t'avons jamais connue. Elle n'a laissé aucun mot, aucune adresse. Seulement ce pendentif. »

Tang Mei releva la tête, feignant une émotion confuse. Elle n'avait pas prévu que les oncles voudraient réellement la connaître… et encore moins qu'ils parleraient aussi franchement du passé.

— « Maman ne parlait jamais de sa famille », répondit-elle d'un ton hésitant. « Elle disait que… certains souvenirs faisaient plus de mal que de bien. »

Lin Zhi, le chirurgien, fronça les sourcils.

— « Elle avait fui après un scandale. Mais on ne savait pas pourquoi. Elle était promise à un grand avenir, et du jour au lendemain, plus rien. »

— « Et toi, tu as grandi où ? » demanda Lin Jian, la star internationale, qui posait les questions avec un charme discret mais implacable.

— « Un peu partout », improvisa Mei, jouant avec sa fourchette. « Ma mère déménageait souvent. Je crois qu'elle ne voulait pas qu'on la retrouve. »

— « Tu avais des photos d'elle ? Des souvenirs ? Des lettres ? », enchaîna Lin Feng, dont le regard s'était posé longuement sur le pendentif.

— « Pas vraiment », dit-elle d'un ton presque triste. « Tout a été perdu dans un incendie… quand j'étais petite. »

Un silence étrange suivit cette réponse. Trop de coïncidences, trop de zones d'ombre.

Mais Mei afficha un sourire doux, se réfugiant dans la tendresse d'un rôle qu'elle s'efforçait de jouer.

— « Je suis juste heureuse d'être avec vous ce soir. Je ne pensais pas… que je pourrais un jour avoir une famille. »

Les quatre oncles échangèrent un regard. L'émotion voilait leur jugement, au moins pour ce soir.

Pendant ce temps, ailleurs...

Dans un petit quartier modeste à la périphérie de la ville, Lin Xia referma la porte du logement qu'elle venait d'entretenir. Elle avait nettoyé pendant des heures pour que sa grand-mère et elle puissent rester encore un mois sans payer le loyer entier.

— « C'est pas grand-chose, Mamie Wu, mais c'est propre », dit-elle en déposant un bol de nouilles tièdes sur la table.

Grand-mère Wu, courbée par les ans mais encore vive d'esprit, hocha la tête avec un petit sourire.

— « Tant que tu es là, c'est un palais pour moi. »

Lin Xia s'assit sur le bord du lit. Elle regarda un moment la nuit par la petite fenêtre, songeuse. L'absence du pendentif pesait lourd sur son cœur. Elle avait retourné ses affaires, fouillé les moindres recoins. Rien.

Elle n'avait que ce bijou pour se raccrocher à sa mère. À ce qu'elle avait été. À ses racines.

Elle ne savait pas encore que ce pendentif, ce fragment de jade blanc, déclenchait en ce moment même une série d'événements qui allaient bouleverser sa vie.

Villa Lin – Plus tard dans la soirée

Le dîner terminé, Tang Mei croyait pouvoir souffler. Mais c'était sans compter sur les intentions sincères des quatre frères.

— « Maintenant que nous t'avons retrouvée, nous voulons rattraper le temps perdu », dit Lin Wei, en posant sa tasse de thé.

— « Tu peux nous poser toutes les questions que tu veux », ajouta Lin Zhi. « Sur ta mère, sur la famille Lin, sur ton héritage. »

Tang Mei sentit un frisson lui parcourir l'échine.

— « C'est beaucoup à assimiler d'un coup. Peut-être que… demain, on pourra parler ? »

Lin Zhi esquissa un sourire chaleureux.

— « Bien sûr. Mais prépare-toi, petite nièce, j'ai mille histoires sur ta mère. »

Elle força un rire.

— Mille histoires ? Mais je ne sais même pas son prénom complet…

Cette mascarade allait lui échapper. Elle le sentait. Mais pour l'instant, les apparences tenaient bon.

Petite chambre de Lin Xia — minuit

Lin Xia caressa les cheveux blancs de sa grand-mère, endormie à ses côtés.

— « Demain, je me lèverai tôt. J'irai demander à la boutique, aux rues d'hier, peut-être que quelqu'un a trouvé le pendentif… »

Elle inspira profondément, serrant dans son poing une photo écornée de sa mère.

— « Je ne peux pas perdre ce que j'ai de toi, maman… Même si je n'ai rien d'autre. »

Et quelque part, dans un monde de lumières artificielles, de faux sourires et de mensonges habillés en soie, une autre fille dormait, le cœur plus inquiet que jamais.

Le destin, capricieux et patient, avançait ses pièces.

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