Le soleil venait à peine de se lever que Tata Oumou était déjà debout, son pagne bien serré à la taille, une main sur la hanche et l’autre tenant un balai en paille.
— KADYYYYY ! Lève-toi vite ! Le soleil va bientôt être au-dessus de ta tête et tu es encore couchée comme une princesse là !
Kady ouvrit les yeux péniblement. Ses mains lui faisaient toujours mal de la veille, et chaque muscle de son corps lui rappelait la punition qu’elle avait reçue. Elle se redressa lentement et bailla, mais dès qu’elle vit le regard perçant de sa tante, elle se leva d’un bond.
— Tiens, prends ça, ordonna Tata Oumou en lui tendant le balai. La cour doit briller aujourd’hui !
Sans un mot, Kady attrapa le balai et sortit. La cour était encore calme, seuls quelques coqs chantaient au loin. Elle se mit à balayer, la poussière s’élevant en petits tourbillons sous ses pieds.
À peine avait-elle commencé que sa cousine Awa apparut, un sourire moqueur sur les lèvres.
— Ehéhéh, donc toi aussi tu es tombée dans le filet de Tata Oumou ? Hier soir, on a tous entendu son cinéma !
— Toi, laisse-moi en paix, grogna Kady en continuant de balayer.
— En tout cas, François a couru comme un athlète hier, j’ai jamais vu ça !
Kady sentit son cœur s’accélérer.
— Hein ? Tu l’as revu ?
— Oui, oui. Ce matin, il est passé devant la cour vite fait, il regardait comme s’il voulait te voir. Mais quand il a aperçu Tata Oumou, il a changé de trottoir directement !
Kady ne savait pas si elle devait être soulagée ou inquiète. François voulait-il la revoir ? Est-ce qu’il regrettait aussi ce qui s’était passé ?
Mais elle n’eut pas le temps d’y réfléchir longtemps. Tata Oumou surgit de la maison, une bassine d’habits sales dans les mains.
— Kady, quand tu finis de balayer, viens laver ces habits ici ! Je veux que ça soit propre comme si c’est neuf !
Elle soupira et hocha la tête. Sa journée allait être longue…
Mais dans un coin de sa tête, une seule idée lui trottait : comment revoir François sans que Tata Oumou ne la surprenne encore ?
Kady venait à peine de finir de balayer qu’elle s’accroupit près de la bassine d’eau. Le savon en main, elle frottait un pagne contre la bois à laver, ses doigts encore endoloris par la punition de la veille. L’eau savonneuse éclaboussait le sol, et la chaleur commençait déjà à se faire sentir.
Awa était la en se balançant sur ses sandales, un sourire amusé aux lèvres. Elle s’assit sur une petite chaise en bois juste à côté de Kady, sans même penser à lui donner un coup de main.
— Eh Kady, toi aussi tu souffres hein ! Regarde comment tes mains sont rouges, on dirait tomates bien mûres !
Kady soupira, mais elle continua de frotter sans lever la tête.
— Awa, si tu es venue te moquer, retourne dans ta chambre, murmura-t-elle.
— Hein ? Non, non, moi je suis venue t’encourager ! En tout cas, ta nuit a été comment après la bastonnade ?
Kady grimaça en se souvenant des coups de fil sur ses mains.
— Tantie Oumou ne m’a même pas laissée dormir tranquillement. Dès que je bougeais, elle toussait exprès pour me rappeler que j’étais sous surveillance.
Awa éclata de rire.
— Eh ! Elle est trop forte, cette femme-là ! Elle ne te lâche pas ! Mais bon, franchement, c’était risqué ton affaire avec François.
Kady tourna rapidement la tête vers elle, les sourcils froncés.
— Pourquoi tu dis ça ?
Awa haussa les épaules en croisant les bras.
— Ma chère, tout le quartier sait que Tata Oumou ne plaisante pas avec ça. Elle te surveille comme un flic. Même si François veut te revoir, comment tu vas faire ?
Kady soupira et reprit son lavage, silencieuse. Elle savait qu’Awa avait raison. Mais elle ne pouvait pas juste oublier François comme ça…
Awa, voyant que sa cousine ne parlait plus, changea de sujet sans prévenir.
— Eh, tu as entendu ce qui s’est passé chez les voisins hier ?
Kady haussa un sourcil.
— Quoi encore ?
— Apparemment, la fille de la voisine, Mariam, s’est enfuie de la maison parce que son père voulait la marier de force.
Kady s’arrêta un instant, abasourdie.
— Hein ?! C’est sérieux ?
— Oui, ma chère. Jusqu’à maintenant, ils la cherchent partout.
Kady sentit un frisson lui parcourir l’échine. Comparée à ça, sa propre punition ne semblait plus aussi grave…
Mais elle n’eut pas le temps de réfléchir davantage que Tata Oumou sortit encore de la maison, une main sur la hanche.
— KADY ! Tu as fini ou bien c’est causer qui t’amuse là-bas ?!
Kady et Awa échangèrent un regard complice avant qu’Awa ne se lève rapidement.
— Moi, je ne suis pas là oh, je vais manger mon attiéké !
Kady roula des yeux en voyant sa cousine s’échapper et reprit son travail. Mais dans sa tête, une seule question persistait : où pouvait bien être Mariam maintenant ?
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