Jeux de pouvoir

Le soleil déclinait doucement sur Naples, plongeant la ville dans une lumière dorée qui contrastait cruellement avec le chaos intérieur de Livia. Assise à l’arrière de la voiture de Matteo, elle observait en silence les rues qu’ils traversaient, chaque virage la ramenant un peu plus loin dans ce monde auquel elle ne voulait pas appartenir. Pourtant, malgré sa résistance, elle sentait que les choses prenaient un tournant qu’elle ne contrôlait plus.

Matteo, assis devant, conduisait avec l’assurance d’un homme qui maîtrisait chaque aspect de son environnement. Mais Livia n’était pas prête à se laisser dominer. Elle refusait d’être une spectatrice passive dans cette histoire.

— Alors, tu comptes me dire où on va cette fois ? demanda-t-elle d’une voix tranchante, brisant le silence.

Matteo jeta un coup d’œil dans le rétroviseur, un sourire à peine perceptible jouant sur ses lèvres.

— Toujours impatiente, hein ?

— Non, seulement fatiguée de tes petits jeux de mystère, répliqua-t-elle. Si tu veux que je reste près de toi, tu vas devoir me traiter comme une alliée, pas comme un animal qu’on traîne derrière soi.

Il rit doucement, un son grave et moqueur.

— Une alliée ? Tu n’as aucune idée de ce que ce mot signifie dans ce monde, Livia.

Elle se pencha légèrement en avant, ses yeux défiant son regard dans le rétroviseur.

— Et toi, tu n’as aucune idée de ce que je suis capable de faire quand on me sous-estime.

Le silence retomba, mais cette fois, il était chargé de tension. Matteo ne répondit pas immédiatement, mais Livia remarqua que ses doigts serraient un peu plus fort le volant.

Ils s’arrêtèrent finalement devant une villa élégante nichée dans les collines surplombant la baie de Naples. Matteo sortit de la voiture sans un mot, et Livia le suivit à contrecœur, bien décidée à ne pas lui laisser l’avantage. À l’intérieur, un petit groupe de personnes les attendait dans un salon richement décoré. L’atmosphère était lourde, et Livia comprit immédiatement qu’elle était au cœur d’une réunion importante.

— Bienvenue, Matteo, dit un homme à l’allure imposante en se levant pour les saluer. Et voici donc la sœur de Luca.

— Livia, corrigea-t-elle immédiatement, croisant les bras. J’ai un prénom.

Un murmure amusé traversa la pièce. Matteo, à ses côtés, lui lança un regard glacial, mais elle l’ignora complètement.

— Intéressant, murmura l’homme, un sourire en coin. On dirait que vous avez trouvé une femme qui n’a pas peur de vous défier, Esposito.

— Elle est… différente, admit Matteo d’un ton neutre, bien que Livia perçut une pointe de tension dans sa voix.

— Différente ou pas, elle devra apprendre à rester à sa place, répondit un autre homme, un cigare coincé entre les doigts.

Livia sentit la colère monter en elle, mais avant qu’elle ne puisse répondre, Matteo posa une main ferme sur son bras, un geste qui voulait clairement dire : "Reste tranquille." Elle se dégagea brusquement, le fixant avec une détermination farouche.

— Si vous voulez discuter de ma famille ou de moi, faites-le en face, pas comme si je n’étais pas là, lança-t-elle, défiant les hommes de la pièce.

Un silence s’abattit. Tous les regards étaient fixés sur elle, certains surpris, d’autres amusés. Matteo passa une main sur son visage, visiblement partagé entre l’agacement et une forme d’admiration.

— Livia, intervint-il enfin d’un ton bas, contrôlé. Ce n’est pas le moment.

— Oh, mais c’est justement le moment, Matteo, rétorqua-t-elle en se tournant vers lui. Depuis que je suis ici, tout le monde agit comme si j’étais une simple pièce sur un échiquier. Mais si je suis censée être une "alliée", alors on me traite comme telle. Sinon, vous pouvez tous oublier ma coopération.

Un éclat de rire brisa le silence, provenant de l’homme au cigare.

— Elle a du cran, Matteo. Je comprends pourquoi tu l’as amenée.

— Ce n’est pas une question de cran, répondit Matteo en serrant les dents. C’est une question de survie.

Il se pencha légèrement vers elle, baissant la voix pour que seuls elle l’entende.

— Si tu continues à les provoquer, tu risques de te mettre en danger. Et je ne serai pas là pour te sauver.

Elle le fixa, son regard brûlant d’une colère qu’elle ne parvenait pas à contenir.

— Peut-être que je n’ai pas besoin d’être sauvée, Matteo.

Un échange silencieux se déroula entre eux, chargé de tension et d’émotions contradictoires. Matteo finit par reculer légèrement, levant les mains comme s’il abandonnait la bataille.

— Très bien, dit-il à voix haute. Fais comme tu veux, Livia. Mais ne viens pas pleurer quand les choses tourneront mal.

La réunion continua, mais Livia sentait le regard de Matteo sur elle, un mélange de frustration et d’autre chose qu’elle ne pouvait pas identifier. Malgré tout, elle resta ferme, refusant de céder à l’intimidation.

Plus tard, dans la soirée

Alors qu’ils retournaient à la voiture, Livia marcha en silence, la tête haute. Matteo, lui, semblait bouillonner, son silence plus éloquent que n’importe quelle réprimande.

— Quoi ? lâcha-t-elle finalement en montant dans la voiture. Tu vas me faire la leçon ?

Il ne répondit pas tout de suite, démarrant le moteur avec une brusquerie inhabituelle. Ce n’est qu’une fois qu’ils furent sur la route qu’il parla enfin.

— Tu n’as aucune idée du danger dans lequel tu te mets, murmura-t-il, sa voix étrangement calme.

— Peut-être, répondit-elle en haussant les épaules. Mais toi, tu n’as aucune idée de ce que c’est de vivre avec la peur que ta famille soit détruite par des hommes comme eux.

Cette fois, il tourna la tête vers elle, ses yeux bruns fixant les siens.

— Tu crois que je ne sais pas ce que c’est ? demanda-t-il, sa voix emplie d’une émotion qu’elle ne lui avait jamais entendue auparavant.

Elle ouvrit la bouche pour répondre, mais se ravisa. Pour la première fois, elle vit autre chose chez Matteo : une douleur profonde, cachée sous des couches de froideur et d’arrogance.

— Alors pourquoi tu fais tout ça ? murmura-t-elle, incapable de détourner le regard.

Il rit doucement, un rire sans joie.

— Parce que dans ce monde, tu n’as pas le choix.

Le silence s’installa à nouveau, mais cette fois, il était différent. Livia sentait qu’elle avait effleuré quelque chose de fragile, quelque chose que Matteo s’efforçait de cacher. Et malgré elle, elle se demanda si, sous ses airs de dur à cuire, il n’était pas aussi prisonnier de ce monde qu’elle.

Elle détourna les yeux, mais une pensée persistait dans son esprit : Matteo Esposito était bien plus complexe qu’il ne voulait le laisser paraître. Et cette complexité, aussi dangereuse soit-elle, l’attirait irrémédiablement.

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