Sous tension

La lumière de l’aube filtrait à travers les rideaux épais du petit appartement de Livia, baignant la pièce d’une clarté dorée. Elle s’était levée tôt, incapable de dormir après la confrontation de la veille. Matteo Esposito. Ce nom résonnait dans son esprit comme une menace constante, une ombre étouffante. Elle n’avait jamais rencontré quelqu’un d’aussi froid et insupportablement sûr de lui. Chaque mot qu’il prononçait semblait taillé pour piquer, pour prouver sa supériorité, et pourtant, quelque chose dans son regard — cet éclat indéchiffrable — l’avait troublée.

Un coup sec à la porte la fit sursauter, interrompant le fil de ses pensées. Elle jeta un coup d’œil rapide à l’horloge murale : 7h15. Qui pouvait bien venir à une heure pareille ? Elle resserra sa robe de chambre autour de sa taille, hésita une seconde, puis ouvrit.

Matteo se tenait là, imposant, vêtu d’un costume sombre parfaitement ajusté, comme s’il venait directement d’une réunion importante — ou peut-être d’une nuit sans sommeil à superviser des activités bien moins honorables. Ses yeux bruns, perçants, balayèrent son apparence, et un rictus amusé s’esquissa sur ses lèvres.

— Je vois que je te dérange, dit-il, son ton empreint d’une ironie non dissimulée.

Livia croisa les bras, se retenant de claquer la porte devant lui. Elle inspira profondément, cherchant à contrôler sa colère.

— Qu’est-ce que tu veux, Esposito ? demanda-t-elle sèchement.

Il haussa un sourcil, l’air de trouver sa réaction divertissante.

— Je suis venu te chercher. Ton frère n’a pas encore réglé sa dette, et comme tu fais maintenant partie de cette… affaire, tu vas m’accompagner aujourd’hui.

Elle fronça les sourcils, luttant pour garder son calme.

— M’accompagner où, exactement ? Et pourquoi moi ?

Il fit un pas en avant, réduisant la distance entre eux. Son parfum — un mélange subtil de cèdre et de danger — l’enveloppa, et elle recula instinctivement.

— Parce que tu es censée m’aider, répondit-il, sa voix plus basse, presque un murmure. Et je n’ai pas l’habitude qu’on me fasse perdre mon temps. Alors habille-toi. Maintenant.

Son ton tranchant réveilla un instinct de rébellion en elle. Livia le fusilla du regard, mais il ne broncha pas. Matteo était comme un mur : froid, inébranlable. Elle serra les poings, se forçant à ne pas céder à son impulsion de lui dire d’aller au diable.

— Très bien, grogna-t-elle. Mais tu ne donnes pas les ordres ici. Je ne fais ça que pour Luca.

Il esquissa un sourire narquois.

— Ce que tu veux, princesse. Mais dépêche-toi.

Elle claqua la porte, furieuse. "Princesse". Ce surnom était la goutte de trop. Comment un homme pouvait-il être aussi insupportable ? Elle se changea rapidement, enfilant un jean et un pull noir, puis sortit sans un mot. Matteo l’attendait, adossé contre une voiture noire luxueuse garée devant son immeuble. Il ouvrit la portière passager, un geste qui semblait autant poli qu’ironique.

— Monte, ordonna-t-il.

Elle obéit, bien que chaque fibre de son être proteste. Une fois à l’intérieur, le silence s’installa, lourd et oppressant. Livia détourna les yeux, regardant défiler les rues de Naples. Les bâtiments anciens, les ruelles étroites, les étals colorés du marché... Tout cela, elle le connaissait par cœur, mais ce matin, tout semblait étranger. Peut-être parce qu’elle savait qu’elle s’aventurait dans un monde où elle n’avait pas sa place.

Matteo brisa finalement le silence.

— Tu es toujours aussi bavarde ? demanda-t-il, un sourire moqueur aux lèvres.

Elle tourna la tête vers lui, les yeux lançant des éclairs.

— Je n’ai rien à dire à quelqu’un comme toi.

Il rit doucement, un son grave et déroutant.

— Quelqu’un comme moi ? Et qu’est-ce que tu penses savoir sur moi, exactement ?

Elle hésita, prise au dépourvu par la question. Elle aurait voulu lui lancer une réplique cinglante, mais son regard, fixe et perçant, la déstabilisait.

— Je sais que tu profites de la peur des autres, finit-elle par dire. Que tu fais partie de ceux qui détruisent cette ville.

Son sourire s’effaça légèrement, et son expression devint plus dure.

— Tu crois tout savoir, hein ? dit-il doucement, presque un murmure. Mais laisse-moi te dire quelque chose, Livia. Dans ce monde, tout n’est pas noir ou blanc. Et parfois, ceux qui jugent sont les plus aveugles.

Elle le regarda, déconcertée par le ton de sa voix. Était-ce une pointe de vulnérabilité qu’elle percevait ? Non, impossible. Matteo Esposito n’était qu’un homme de glace. Pourtant, ses mots résonnèrent en elle, éveillant une confusion qu’elle préféra ignorer.

La voiture s’arrêta brusquement devant un bâtiment délabré, quelque part en périphérie de Naples. Matteo sortit sans un mot, et elle le suivit à contrecœur. L’endroit avait l’air abandonné, mais Livia sentit immédiatement la tension dans l’air. Des hommes se tenaient à l’intérieur, leurs regards méfiants se posant sur elle. Matteo leur adressa un signe de tête avant de se tourner vers elle.

— Reste ici et ne dis rien, ordonna-t-il. Compris ?

Elle hocha la tête, le cœur battant. Mais une part d’elle refusait de se laisser intimider. Alors qu’il s’éloignait pour parler à un homme plus âgé, Livia sentit la colère monter en elle. Pourquoi devait-elle se plier à ses règles ? Pourquoi devait-elle être mêlée à tout ça ? Elle n’avait rien demandé.

Un des hommes s’approcha, un sourire inquiétant sur le visage.

— C’est rare de voir Matteo ramener une fille, lança-t-il, son ton teinté d’une insolence qui la mit mal à l’aise. Tu dois être spéciale.

Livia ne répondit pas, détournant les yeux, mais avant que l’homme n’ait pu ajouter quoi que ce soit, Matteo réapparut, son regard noir et menaçant.

— Elle est avec moi, dit-il d’une voix glaciale. Tu as un problème avec ça ?

L’homme recula immédiatement, levant les mains en signe de reddition.

— Non, pas de problème, Esposito. Calme-toi.

Matteo le fixa un instant de plus, puis se tourna vers Livia. Son expression était dure, mais ses yeux trahissaient une étincelle de colère. Ou d’inquiétude ? Elle ne pouvait pas en être sûre.

— Je t’avais dit de rester tranquille, murmura-t-il en la saisissant doucement par le bras pour la tirer à l’écart. Qu’est-ce que tu ne comprends pas dans "ne fais rien" ?

— Je n’ai rien fait, répliqua-t-elle, se dégageant de son emprise. Ce n’est pas ma faute si ton monde est rempli de types louches.

Il la fixa, ses traits crispés. Pendant un instant, elle crut qu’il allait répliquer, mais il se contenta de soupirer, comme s’il abandonnait la bataille.

— Tu es vraiment impossible, murmura-t-il. Mais tu es courageuse, je te le reconnais.

Elle le regarda, surprise par cet aveu. Il y avait quelque chose dans son regard qui lui fit perdre pied. Une chaleur inattendue. Une vulnérabilité qu’il ne laissait entrevoir qu’un instant avant de remettre son masque.

— Et toi, tu es insupportable, dit-elle finalement, plus doucement. Mais tu n’as pas encore réussi à me faire peur.

Son sourire revint, en coin cette fois, et il se pencha légèrement vers elle.

— Ça viendra peut-être, murmura-t-il, avant de s’éloigner.

Et pour la première fois, Livia se demanda si elle ne s’était pas trompée sur Matteo Esposito.

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Comments

kuia 😍😍

kuia 😍😍

Cette intrigue est tellement captivante, je ne peux pas attendre pour voir ce qui va se passer ensuite.

2025-01-29

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