Livia avait passé la nuit à ressasser les événements de la journée. Matteo Esposito, cet homme qu’elle aurait préféré ne jamais croiser, semblait s’être incrusté dans son quotidien comme une épine dans son pied. Il était arrogant, insupportable, et pourtant... il l’intriguait, contre toute logique. Pourquoi ressentait-elle ce besoin de comprendre l’homme derrière le masque glacial ? Elle repoussa cette pensée absurde et tenta de se concentrer sur la réalité : il ne fallait pas oublier pourquoi elle était impliquée. C’était pour Luca. Rien d’autre.
Mais quand son téléphone vibra tôt ce matin-là avec un message de Matteo, son cœur manqua un battement.
« Sois prête dans une heure. Pas de discussion. »
Elle faillit lui répondre quelque chose de cinglant, mais se retint. Matteo semblait être le genre d’homme à n’accepter ni refus ni compromis. Alors elle se contenta de grogner, se prépara rapidement et descendit les marches de son immeuble pour le retrouver dans sa voiture noire.
Matteo l’attendait, assis au volant, le regard fixé sur la route. Il ne lui adressa pas un mot quand elle s’installa à côté de lui, mais elle sentait la tension dans ses épaules. Il démarra sans un regard, et le silence pesant s’installa.
— On va où ? finit-elle par demander, brisant l’atmosphère étouffante.
— Pas de questions, répondit-il sèchement, les yeux rivés sur la route.
Elle serra les dents. Ce n’était pas dans sa nature de rester passive.
— Si tu veux que je t’aide, il va falloir me dire ce qui se passe, Matteo. Je ne suis pas une marionnette que tu peux manipuler à ta guise.
Il tourna la tête vers elle, un sourire froid étirant ses lèvres.
— Crois-moi, si j’avais le choix, je ne t’aurais jamais embarquée dans tout ça.
— Alors pourquoi je suis là ? lança-t-elle, défiant son regard.
Il poussa un soupir, visiblement agacé par sa ténacité.
— Parce que certaines personnes veulent te rencontrer. Des gens qui pensent que ta présence pourrait… calmer les tensions.
Elle fronça les sourcils, méfiante.
— Calmer les tensions ? De quoi tu parles ?
Il ne répondit pas tout de suite. Après un instant de silence, il lâcha enfin :
— Ton frère a contracté une dette avec des gens qu’il n’aurait jamais dû approcher. Ces gens veulent des garanties. Et toi, Livia, tu es la garantie.
Son sang se glaça.
— Je ne suis pas un objet, Matteo.
Il serra les mâchoires, ses doigts blanchissant autour du volant.
— Je sais. Mais dans ce monde, les sentiments n’ont pas leur place.
Ils arrivèrent devant un entrepôt situé à l’écart, près du port. L’endroit avait une allure sinistre, abandonnée, et pourtant Livia sentait une activité en arrière-plan. Matteo descendit sans un mot, lui ouvrant la porte avant de marcher devant elle.
— Reste près de moi, dit-il d’un ton qui ne tolérait pas de réplique.
À l’intérieur, une poignée d’hommes les attendaient. Tous dégageaient cette aura dangereuse qui caractérisait les hommes du milieu. Matteo s’arrêta devant un homme plus âgé, un certain Don Salvatore, que Livia devina être un personnage influent.
— Voilà la petite sœur, dit Salvatore en jetant un regard perçant à Livia.
Elle sentit son cœur s’emballer, mais elle refusa de montrer la moindre faiblesse.
— Luca a fait une erreur, dit-elle calmement. Je suis là pour réparer les choses.
Salvatore émit un rire bref, amusé par son audace.
— Réparer, hein ? Ce monde n’est pas fait pour des filles comme toi.
— Peut-être, répondit-elle. Mais ce monde n’a pas non plus le droit de détruire ma famille.
Un silence lourd s’installa. Matteo, à ses côtés, semblait tendu. Livia pouvait presque sentir son regard sur elle, comme s’il essayait de deviner si elle allait réussir à tenir tête à Salvatore.
— Elle a du cran, admit finalement Salvatore. Mais ce n’est pas le cran qui paiera la dette de ton frère.
— Laissez-lui une semaine, intervint Matteo, d’une voix ferme. Je me porte garant.
Livia tourna brusquement la tête vers lui, surprise. Pourquoi prenait-il un tel risque pour elle ? Salvatore fixa Matteo un long moment avant de hocher lentement la tête.
— Une semaine, pas plus. Et si elle ne tient pas sa promesse, c’est sur toi que ça retombera, Esposito.
Quand ils quittèrent l’entrepôt, Livia sentait son cœur battre à tout rompre. Elle se tourna vers Matteo dès qu’ils furent seuls.
— Pourquoi tu as fait ça ? demanda-t-elle, incapable de masquer sa confusion.
Il s’arrêta et la fixa, son expression indéchiffrable.
— Parce que je n’aime pas voir des innocents payer pour les erreurs des autres.
Elle ouvrit la bouche pour répondre, mais aucun mot ne sortit. Matteo Esposito venait de la prendre de court, encore une fois.
— Maintenant, écoute-moi bien, reprit-il, s’approchant d’elle. Cette semaine, tu restes près de moi. Où que j’aille, tu viens avec moi. Pas de questions, pas de discussion.
Elle fronça les sourcils, retrouvant son attitude défensive.
— Et si je refuse ?
Il se pencha légèrement, réduisant l’espace entre eux.
— Alors tu risques de découvrir à quel point ce monde peut être impitoyable.
Elle déglutit, mais ne détourna pas les yeux.
— Très bien, dit-elle finalement. Mais ne crois pas une seconde que je vais te rendre la tâche facile.
Il sourit, un sourire qui n’avait rien de chaleureux.
— J’espérais bien que tu ne le ferais pas.
Ils retournèrent à la voiture, chacun plongé dans ses pensées. Livia ne savait plus quoi penser de Matteo. Il représentait tout ce qu’elle détestait, mais il y avait quelque chose en lui, quelque chose qu’il tentait désespérément de cacher, et elle ne pouvait s’empêcher de vouloir percer ce mystère.
Matteo, quant à lui, se surprenait à admirer la force de Livia. Elle n’était pas comme les autres. Et cela, il savait, pouvait aussi bien être sa plus grande qualité… que son pire danger.
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