La Fille Au Cimetière
Chapitre 1
Le vent soufflait fort ce soir-là, élevant une brume fine qui se dissipait dans l’air frais de la campagne. Il était tard, trop tard pour que quiconque se trouve encore dehors, mais au loin, dans le silence absolu, un éclat de lumière scintillait faiblement. Ce n’était ni une étoile ni une lumière de lune. C’était le cimetière de Saint-Antoine, bien que la plupart des habitants du village voisin n’aient pas osé s’aventurer dans ce lieu depuis des années.
Saint-Antoine. Ce nom, chargé de mystère, était associé à une vieille légende que l’on murmurait parfois au coin du feu, une histoire que les enfants adoraient écouter, mais qu’aucun adulte ne voulait admettre comme vraie. Le cimetière n’avait plus vu de funérailles depuis des générations. Autour de ses murs de pierres effritées, les herbes sauvages poussaient sans contrôle, comme si la nature elle-même avait cherché à l’engloutir. L’entrée était partiellement recouverte de lierre, et les grilles en fer forgé étaient rouillées, presque invisibles.
Les villageois évitaient ce lieu, non seulement à cause de son aspect abandonné, mais à cause des rumeurs qui en circulaient. Certains disaient que le cimetière était hanté par une jeune fille, un spectre malveillant qui apparaissait chaque année, le même jour, à minuit, parmi les tombes. Elle portait une robe blanche, fluide, et son visage, figé dans une expression de souffrance, attirait ceux qui osaient s’y aventurer. Une fois qu’elle était vue, il était trop tard : il n’y avait plus de retour possible.
On murmurait que la jeune fille était la victime d’un meurtre non résolu. Un crime commis des décennies, peut-être des siècles plus tôt. Personne ne savait exactement ce qui s’était passé cette nuit-là, mais tous s’accordaient à dire que son esprit n’avait trouvé ni paix ni rédemption. Il errait, à la recherche de vengeance. Une vengeance contre ceux qui l'avaient tuée et contre tous ceux qui osaient poser un pied dans le domaine des morts.
Pourtant, l’histoire restait floue. La vieille génération la racontait aux plus jeunes, mais elle semblait être davantage une mise en garde qu’un récit crédible. Après tout, qui croirait encore en des esprits vengeurs dans un monde où la science et la logique régnaient en maîtres ? Ceux qui avaient connu les premiers signes de la disparition des jeunes gens qui s’étaient aventurés dans le cimetière restaient silencieux. Ceux qui croyaient à la légende parlaient de disparitions inexplicables, de traces de pas disparues dans la terre, et de murmures étranges portés par le vent. Mais personne n’avait jamais cherché à résoudre l’énigme.
Cependant, un homme n'était pas aussi disposé à ignorer la légende que les autres. Le détective Henri Moreau, un homme de cinquante ans, méthodique et d’une logique implacable, venait de recevoir une lettre étrange, adressée par un ancien du village. Cette lettre, datée de plusieurs mois auparavant, relatait les événements tragiques survenus récemment dans la région, qui semblaient étrangement liés à ce cimetière oublié. Des jeunes hommes et femmes, des visiteurs de passage, avaient disparu sans laisser de trace. À chaque disparition, la rumeur de la fille du cimetière revenait, plus insistante.
Henri, désireux de découvrir la vérité et d’élucider ce mystère, prit la décision de se rendre sur place. Il n’était pas un homme superstitieux. La logique, les faits et les preuves étaient ses armes, et rien ne semblait plus logique que de comprendre les disparitions par l’observation directe. Il savait que cette enquête serait difficile, mais il était déterminé à dévoiler le secret du cimetière de Saint-Antoine.
Il se rendit au village en fin d’après-midi, un jour où le ciel se parait de couleurs orangées. Il rencontra les villageois, mais tous évitaient soigneusement le sujet. Quand il leur demanda des informations sur le cimetière, ils se contentaient de baisser les yeux et de changer de conversation. Seuls les plus âgés se souvenaient vaguement de l’époque où l’on enterrait encore les morts dans ce lieu, et de la peur que l’on ressentait à s’y aventurer. Mais personne ne parlait vraiment de ce qui se passait à minuit, de la silhouette blanche parmi les tombes.
Plus tard dans la soirée, lorsque la lune s’éleva haut dans le ciel et que les étoiles commençaient à briller dans une mer de ténèbres, Henri prit son manteau, se remit en marche et se dirigea vers le cimetière. Il savait qu’il arriverait juste avant minuit. Un frisson parcourut son échine, mais il balaya la sensation d’un revers de la main. Après tout, il n’était qu’un détective, et il n’y avait rien de surnaturel dans un crime qui attendait d’être résolu.
L’entrée du cimetière se dessina enfin devant lui, sous un ciel noir et sans nuages. À partir de là, tout semblait encore plus silencieux. Il n’y avait aucune lumière, aucune trace de vie, sauf celle de l’ombre des pierres tombales. Henri se redressa et s’avança sans hésitation, prêt à découvrir ce qui se cachait dans cette histoire étrange, sûr que la vérité, aussi étrange qu’elle fût, serait rationnelle.
Mais à minuit, il découvrirait que la vérité n’avait rien de rationnel.
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