Réconciliation

Les semaines qui suivirent le départ de sa belle-mère furent marquées par une étrange accalmie dans la vie de Théo. La maison, autrefois pleine de tension, semblait soudainement plus sereine, bien que le vide laissé par son absence fût palpable. Théo s’adapta progressivement à cette nouvelle réalité, essayant de trouver un nouvel équilibre avec son père. Ce dernier, malgré son propre chagrin, fit de son mieux pour rester fort pour Théo, mais les cicatrices laissées par les événements récents étaient évidentes.

Chaque soir, ils s’asseyaient ensemble à la table de la cuisine, partageant des repas simples et des conversations qui, bien que parfois maladroites, reflétaient un désir sincère de se rapprocher. Pour la première fois depuis longtemps, Théo sentit qu'il pouvait vraiment parler à son père, sans crainte de jugement ou de reproches.

Un soir, alors qu’ils étaient en train de dîner, son père posa sa fourchette et le regarda avec une intensité qui surprit Théo.

— Théo, j’ai beaucoup réfléchi ces derniers temps, — dit-il doucement — À tout ce qui s'est passé, à ce que nous avons traversé. Et je veux que tu saches que je suis désolé.

Théo, surpris, leva les yeux vers lui.

— Désolé pour quoi ? — demanda-t-il, ne sachant pas exactement à quoi il faisait référence.

— Désolé de ne pas avoir été là pour toi comme j’aurais dû l’être. — continua son père, ses yeux remplis de regrets — Je me suis laissé emporter par mes propres erreurs, mes propres problèmes, et je t’ai laissé porter un fardeau qui n’était pas le tien.

Théo sentit une boule se former dans sa gorge. Il avait attendu tellement longtemps pour entendre ces mots, mais maintenant qu’ils étaient là, il ne savait pas comment réagir.

— Papa, je... — commença-t-il, mais son père l'interrompit.

— Laisse-moi finir, Théo. — dit-il avec douceur — Je sais que je ne peux pas effacer le passé, mais je veux que tu saches que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour être un meilleur père pour toi. Tu ne mérites pas ce que tu as vécu, et je veux que tu puisses enfin vivre sans avoir à te soucier de ces choses.

Théo baissa les yeux, les larmes lui montant aux yeux. Les émotions qu'il avait réprimées pendant si longtemps menaçaient de déborder, mais il prit une profonde inspiration, essayant de se contenir.

— Merci, papa. — murmura-t-il finalement, sa voix tremblante — Ça signifie beaucoup pour moi. Je veux aussi que les choses aillent mieux entre nous.

Son père se leva alors, s'approcha de Théo et l'enlaça avec une tendresse qu'il n'avait pas montrée depuis des années. Théo se laissa aller contre lui, ressentant pour la première fois depuis longtemps un sentiment de sécurité et de réconfort qu'il avait presque oublié.

Cette nuit-là, alors qu'il se préparait à se coucher, Théo sentit un poids se lever de ses épaules. Il savait que la route vers la guérison serait longue, mais cette réconciliation avec son père était un premier pas important. Pour la première fois depuis longtemps, il s'endormit avec un sentiment de paix.

Le lendemain, il retrouva Matthieu au parc, comme d'habitude. Mais cette fois, il avait quelque chose de différent à partager.

— Matthieu, — dit-il en s'asseyant à côté de lui — Hier soir, mon père et moi avons vraiment parlé. Il s'est excusé pour tout ce qui s'est passé.

Matthieu, toujours attentif, lui sourit doucement.

— C'est une bonne chose, Théo. — répondit-il — Il semble que les choses commencent enfin à s'améliorer pour toi.

Théo hocha la tête, se sentant plus léger.

— Oui, c'est vrai. C'est encore un peu difficile, mais je sens que nous sommes sur la bonne voie. Et je voulais te remercier, Matthieu. Sans toi, je ne sais pas si j'aurais pu traverser tout ça.

Matthieu lui donna une tape amicale sur l'épaule.

— Tu n'as pas à me remercier. C'est ce que font les amis. Je suis là pour toi, quoi qu'il arrive.

Ils passèrent le reste de l'après-midi ensemble, discutant de tout et de rien, profitant simplement de la compagnie de l'autre. Théo réalisa à quel point Matthieu était devenu important pour lui, non seulement comme ami, mais aussi comme un soutien constant et indéfectible.

Alors qu'ils se séparaient pour rentrer chez eux, Théo ressentit une bouffée de gratitude pour tout ce qu'il avait encore dans sa vie, malgré les épreuves qu'il avait traversées. Il se promit de chérir ces relations et de faire tout ce qui était en son pouvoir pour les protéger.

Cette nuit-là, allongé dans son lit, il pensa à l'avenir. Les choses ne seraient peut-être jamais parfaites, mais il savait qu'il avait la force et le soutien nécessaires pour surmonter les obstacles qui se dresseraient sur son chemin. Et avec son père à ses côtés, ainsi que Matthieu, il se sentait prêt à affronter ce qui viendrait.

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