Une Lumière dans l’Obscurité

Les jours suivants, Théo remarqua un changement subtil mais perceptible dans son foyer. Son père faisait des efforts sincères pour combler le fossé qui s'était creusé entre eux. Il passait plus de temps avec Théo, cherchant à renouer les liens qu'il avait laissés se déliter. Les conversations, autrefois rares et superficielles, devinrent plus fréquentes et significatives. Théo appréciait ces moments, même si la douleur du passé n’était jamais loin.

Cependant, la tension avec sa belle-mère restait palpable. Madame Lefevre, une femme stricte et rigide, ne cachait pas son mépris pour Théo. Sa froideur persistante et ses remarques acérées rendaient chaque interaction avec elle douloureuse. Théo savait qu'il ne pouvait rien faire pour changer ses sentiments, mais il se sentait de plus en plus déterminé à ne plus laisser son mépris le définir.

Un matin, alors qu'il se préparait pour l'école, Théo entendit une dispute éclater dans la cuisine. Les voix élevées de son père et de sa belle-mère résonnaient dans toute la maison. Bien que les disputes fussent devenues plus fréquentes ces derniers temps, celle-ci avait un ton particulièrement grave.

— Tu ne peux pas continuer à me faire ça, Georges ! — criait sa belle-mère, sa voix trahissant sa colère et son ressentiment — Ce garçon... il détruit notre mariage ! Tu passes tout ton temps à essayer de le protéger, mais qu’en est-il de nous ?

Théo se figea, le cœur battant à tout rompre. Il savait que rester et écouter était une violation de leur intimité, mais il ne pouvait s'empêcher de vouloir savoir ce qui se disait à son sujet.

— Ce n’est pas Théo qui a détruit notre mariage, — répondit son père, la voix chargée de frustration — C’est moi qui ai fait des erreurs, et je dois les corriger. Tu le détestes simplement parce qu’il te rappelle cette trahison, mais il n’a rien fait de mal. Il mérite d’avoir un père qui se soucie de lui.

Théo sentit une vague de reconnaissance envers son père, mais aussi une douleur profonde. C’était une confirmation brutale de ce qu’il avait toujours soupçonné : il était un rappel constant d’une blessure que sa belle-mère n’avait jamais pu surmonter.

— Je ne peux pas continuer comme ça, Georges. — déclara froidement sa belle-mère, sa voix reprenant une contenance glaciale — Si tu choisis ce garçon, alors nous n’avons plus rien à faire ensemble.

Théo sentit un frisson lui parcourir l’échine. Il savait que sa belle-mère était capable de prendre des décisions drastiques, et il craignait ce que cela pourrait signifier pour l'avenir de sa famille.

Un silence pesant s'installa dans la maison, seulement interrompu par le bruit des pas précipités de sa belle-mère quittant la cuisine. Son père, quant à lui, resta figé sur place, visiblement choqué par la tournure des événements.

Plus tard dans la journée, alors que Théo se retrouvait à nouveau au parc avec Matthieu, il se confia à son ami. Matthieu, toujours aussi attentif, écouta sans l'interrompre, laissant Théo exprimer ses peurs et ses incertitudes.

— Je ne sais pas quoi faire, Matthieu, — dit Théo, la voix tremblante — Je ne veux pas être la cause de la séparation de mes parents. Mais en même temps, je ne peux pas supporter de rester dans cette maison où je ne suis pas le bienvenu.

Matthieu hocha la tête, réfléchissant à la situation avant de répondre.

— Ce n’est pas toi, Théo. Ce sont des adultes qui font des choix basés sur leurs propres sentiments et erreurs. Tu n’es pas responsable de ce qui se passe entre eux.

Théo soupira, se sentant toujours accablé par le poids de la situation.

— Je comprends ce que tu dis, mais c’est difficile de ne pas se sentir coupable. S’ils se séparent, ce sera encore à cause de moi.

Matthieu posa une main réconfortante sur l'épaule de Théo.

— Je sais que c’est dur à croire, mais tu dois te rappeler que ce n’est pas de ta faute. Tu n’es pas responsable des erreurs que ton père a commises, ni des choix que ta belle-mère fait. Tu as le droit de vivre dans un environnement où tu te sens en sécurité et aimé.

Théo regarda son ami, reconnaissant pour ses paroles réconfortantes. Matthieu avait raison, bien sûr, mais l’acceptation de cette vérité serait un long processus.

— Merci, Matthieu. — dit-il finalement — Tes paroles m’aident à voir les choses sous un autre angle.

Matthieu lui sourit, un sourire qui portait la promesse d’un soutien inébranlable.

— C’est pour ça que je suis là. Nous traverserons cela ensemble, peu importe ce qui arrive.

En rentrant chez lui ce soir-là, Théo trouva la maison plongée dans un silence inhabituel. Sa belle-mère était absente, et son père semblait perdu dans ses pensées. Théo savait que la situation était loin d’être résolue, mais pour la première fois, il se sentait prêt à affronter ce qui viendrait. Il n’était plus seul dans cette lutte ; il avait Matthieu, Monsieur Dubois, et une nouvelle détermination à ne plus se laisser définir par la haine ou la culpabilité des autres.

Il monta dans sa chambre, ses pensées tourbillonnant entre l'incertitude et l'espoir. La nuit était tombée, mais pour Théo, une petite lumière commençait à percer l'obscurité. Il ne savait pas ce que l'avenir lui réservait, mais il était prêt à l'affronter avec le courage qu'il n'avait jamais cru posséder.

***Téléchargez NovelToon pour profiter d'une meilleure expérience de lecture !***