La Tempête Approche

Les jours qui suivirent furent marqués par une atmosphère tendue et lourde dans la maison. Théo sentait que quelque chose de grand était sur le point de se produire, comme une tempête qui se préparait à éclater. Son père et sa belle-mère évitaient de se croiser autant que possible, et quand ils se parlaient, c'était à voix basse, avec des mots chargés de ressentiment. Théo, de son côté, essayait de se concentrer sur ses études et ses séances avec Monsieur Dubois, mais l'incertitude pesait lourdement sur lui.

Un soir, alors qu'il terminait ses devoirs, il entendit un coup frappé doucement à la porte de sa chambre. Avant qu'il ne puisse répondre, son père entra, l'air plus fatigué que jamais. Théo se redressa, sentant que la conversation qui allait suivre serait difficile.

— Théo, je dois te parler, — dit son père d'une voix grave.

Théo hocha la tête, invitant son père à s'asseoir sur le bord de son lit.

— J'ai discuté avec ta belle-mère... — continua son père, évitant le regard de son fils — et il semble que notre situation soit arrivée à un point de non-retour. Elle a décidé de partir, et je ne vais pas la retenir.

Théo sentit son cœur se serrer. Même s'il savait que cette séparation était inévitable, l'entendre de la bouche de son père rendait la réalité plus dure à accepter.

— Et toi, papa ? — demanda Théo, la voix tremblante — Qu'est-ce que tu vas faire ?

Son père soupira profondément, semblant peser chaque mot.

— Je ne vais pas te mentir, Théo. Ce sera difficile, pour toi comme pour moi. Mais je crois que c'est la meilleure chose à faire. Nous devons tous les deux avancer, sans ce poids constant de la culpabilité et du ressentiment. Je veux que tu saches que quoi qu'il arrive, je serai là pour toi. Je ne vais pas te laisser tomber.

Ces paroles résonnèrent en Théo, un mélange d'émotion et de soulagement. Il savait que cette rupture ne serait pas facile, mais il se sentait prêt à faire face aux défis à venir, surtout avec l'assurance que son père serait à ses côtés.

— Merci, papa, — murmura Théo, retenant les larmes qui menaçaient de couler — Ça signifie beaucoup pour moi.

Son père lui sourit faiblement, une expression de fatigue et de tristesse sur son visage.

— Nous traverserons cela ensemble, Théo. Et je suis sûr que, d'une manière ou d'une autre, nous trouverons un moyen de reconstruire ce qui a été brisé.

Les jours qui suivirent furent marqués par des préparatifs discrets. La belle-mère de Théo emballait ses affaires en silence, évitant tout contact visuel avec lui. Son départ approchait, et l'atmosphère devenait de plus en plus lourde. Théo, malgré la douleur et la confusion qu'il ressentait, essayait de rester fort, s'appuyant sur le soutien de Matthieu et Monsieur Dubois pour traverser cette période difficile.

Un matin, alors que Théo se préparait pour l'école, il croisa sa belle-mère dans le couloir. Elle s'arrêta un instant, le regardant avec une expression indéchiffrable. C'était la première fois qu'ils se retrouvaient face à face depuis l'annonce de son départ.

— Théo, — dit-elle d'une voix froide mais contrôlée — Je pars demain. Je tenais simplement à te dire que, malgré tout, je ne te souhaite pas de mal. J'espère que tu trouveras ton chemin, même si ce n'était pas avec moi.

Théo resta figé, ne sachant quoi répondre. Il sentit un mélange étrange de soulagement et de tristesse. Soulagement que cette période douloureuse prenne fin, mais tristesse que les choses se soient déroulées ainsi.

— Merci, — répondit-il simplement, ne trouvant pas les mots pour exprimer ce qu'il ressentait vraiment.

Elle hocha la tête, puis s'éloigna, disparaissant dans le couloir sombre. Théo resta là un moment, essayant de comprendre ce qu'il venait de se passer. C'était la fin d'un chapitre de sa vie, un chapitre marqué par la douleur, mais aussi par la croissance et la résilience.

Le lendemain matin, la maison était étrangement silencieuse. Théo descendit les escaliers pour trouver son père assis à la table de la cuisine, une tasse de café à la main. Les bagages de sa belle-mère étaient empilés près de la porte d'entrée, signe évident de son départ imminent.

Ils échangèrent un regard, un silence lourd planant entre eux. Son père se leva finalement et alla ouvrir la porte, laissant entrer l'air frais du matin.

— C'est l'heure, — murmura-t-il, plus pour lui-même que pour Théo.

La belle-mère de Théo descendit les escaliers, son visage fermé et son regard distant. Sans un mot, elle prit ses bagages et sortit de la maison, sans un dernier regard en arrière. Théo et son père la regardèrent partir, se tenant côte à côte dans l'entrée.

Une fois la voiture partie, son père referma la porte doucement, puis se tourna vers Théo.

— Comment te sens-tu ? — demanda-t-il avec une douceur qui surprit Théo.

Théo haussa les épaules, essayant de trouver les mots pour décrire son état d'esprit.

— Un peu perdu, je suppose. — répondit-il honnêtement — Mais aussi soulagé. C'est étrange.

Son père hocha la tête, comprenant parfaitement ce mélange de sentiments.

— Nous allons y arriver, Théo. Ce ne sera pas facile, mais nous sommes ensemble dans cette épreuve. Et avec le temps, je suis sûr que les choses iront mieux.

Théo acquiesça, sentant pour la première fois depuis longtemps une lueur d'espoir au milieu du chaos. Peut-être que, malgré tout, ils trouveraient un moyen de reconstruire leur vie, de créer quelque chose de nouveau à partir des ruines du passé.

Ce jour-là, Théo se rendit au parc comme d'habitude, cherchant le réconfort familier de la présence de Matthieu. Il le trouva assis sur leur banc habituel, les yeux levés vers le ciel, perdu dans ses pensées.

— Salut, Matthieu, — dit Théo en s'approchant, essayant de sourire malgré la lourdeur de la journée.

Matthieu tourna la tête vers lui, un sourire chaleureux éclairant son visage.

— Salut, Théo. Comment ça va aujourd'hui ?

Théo s'assit à côté de lui, soupirant profondément.

— Elle est partie ce matin. C'est... bizarre. Je ne sais pas vraiment quoi en penser.

Matthieu l'écouta attentivement, hochant la tête avec compréhension.

— C'est normal de te sentir comme ça. C'est une grande transition pour toi, mais tu n'as pas à la traverser seul. Je suis là, et tu as aussi ton père. Vous allez y arriver ensemble.

Théo sourit faiblement, reconnaissant pour la constance de Matthieu dans sa vie.

— Merci, Matthieu. Ta présence m'aide plus que tu ne le penses.

Ils restèrent là, assis ensemble en silence, appréciant simplement le moment de tranquillité dans un monde qui semblait devenir de plus en plus complexe. Pour la première fois depuis longtemps, Théo se sentit en paix, prêt à affronter ce que l'avenir lui réservait.

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