Chapitre 18

Dan avait été obligé de prolonger son séjour dans la maison de ses parents, qui était devenu enfin, légalement la sienne. Son avocat lui avait remis des documents concernant ses propriétés, révélant des parts dans des entreprises dont il ignorait même l'existence, comme ses 25 % dans une société de construction renommée du pays.

"Félicitations, jeune Daniel," lui avait dit l'avocat. "J'espère que vous saurez mettre à profit les biens légués par vos parents."

Ensuite, il lui avait remis trois cartes de crédit et des renseignements sur ses comptes en banque ouverts par ses parents, où il recevrait des sommes chaque mois grâce à ses investissements dans les entreprises. "Combien y a-t-il sur ces comptes ?" avait demandé Dan. "Je l'ignore, jeune Daniel. Mais tellement que vous ne pourriez pas tout dépenser en une année," avait répondu l'avocat.

Son séjour de deux semaines dans sa ville natale lui avait fait un bien immense. Il avait pu réfléchir à son avenir, à lui-même, et à sa relation avec Jack.

En réalité, Jack n'avait aucune culpabilité dans cette affaire. Il avait simplement recherché un plan cul avec son ami, qui avait accepté. Ce n'était pas de sa faute si Dan n'avait pas pu garder son cœur sous contrôle et était tombé amoureux de lui.

Maintenant qu'il en était conscient, Dan savait qu'il devait agir. Il était conscient que la prise de conscience seule ne suffirait pas à effacer ses sentiments, mais au moins il savait qu'il devait changer.

"Il est temps que je leur donne de l'espace", pensa-t-il.

Dan se rendit compte qu'il devait respecter leur relation et ne pas s'immiscer dedans. Il décida d'arrêter d'insulter Joy, car elle ne méritait pas son comportement. C'était Jack qui ne méritait pas une fille aussi gentille.

"Ça va, monsieur Daniel ?" demanda le mari de Simone, qui travaillait dans le jardin alors que Dan était assis dehors.

"Tout va bien, monsieur Germain. Ça ira bien", répondit Dan, espérant se convaincre que tout irait bien.

"Des problèmes de cœur ?" demanda l'homme.

"On dirait bien, ça se voit tant que ça ?" sourit Dan.

"Un peu", répondit l'homme. "Il n'y a que l'amour et les études qui peuvent vous causer des ennuis à votre âge."

"C'est vrai", rit doucement Dan, et monsieur Germain lui sourit. À ce moment-là, son téléphone sonna, c'était Jack. Il ne pouvait pas éviter ce problème pour toujours.

"Salut Jack !"

"Hey, comment ça va ? Ça fait deux semaines que j'essaie de te joindre. Qu'est-ce qui se passe ?"

"Rien de spécial. J'avais juste quelques affaires à régler à la maison et..."

"Et c'est pour ça que tu ne répondais pas à mes appels ? Ne me prends pas pour un con Dan."

"D'accord, désolé." Rit-il. "J'avoue que j'étais un peu énervé que tu ne m'aies pas parlé de ta demande en mariage à Joy mais... j'avais vraiment quelques trucs à régler avec mes avocats."

"Quand tu parles de "mes avocats", on dirait un vrai homme d'affaires." Et ils se mirent à rire tous les deux de la blague de Jack. "Quand est-ce que tu rentres Dan, tu me manques. Ou tu veux que je vienne te chercher ?"

"Non merci. Je rentre dans deux jours."

"Deux jours." Répéta Jack.

"Oui, deux jours. Et comment va tout le monde ? Joy et les études ?"

"Tout va bien. Joy a eu un petit rhume récemment et le prof de droit de la société ne cesse de demander de tes nouvelles. Elle dit vouloir te parler de quelque chose."

"Tu as une idée de ce dont elle veut me parler ?"

"Je ne sais pas mec, mais ça avait l'air important."

"D'accord, je la verrai dans deux jours."

"Deux jours, d'accord ? Pas un jour de plus ?"

"Oui, monsieur Jackson." Répondit Dan avant d'entendre les rires de Jack de l'autre côté du fil, puis il raccrocha.

Monsieur Germain continua son travail pendant que Dan rentrait à la maison pour passer en revue les dossiers remis par l'avocat. C'est alors qu'il réalisa la réelle ampleur de sa richesse. Dan était incroyablement riche. Un sentiment de nostalgie l'envahit en pensant à ses parents, qui n'étaient plus là pour partager cette richesse, fruit de leur dur labeur.

Malgré tout, Dan se promit intérieurement d'utiliser sa richesse de manière responsable et éclairée. "Je dois penser sérieusement à mon avenir." se disait-il. "J'ai été tellement con",

Le jeune homme n'avait jamais été particulièrement intéressé par la gestion financière. Son véritable passion était le droit. Les avocats, les juges, les procureurs qu'il voyait à la télévision et au cinéma éveillaient en lui un sentiment d'admiration. Mais il y avait une motivation plus profonde derrière son choix : aider les enfants qui avaient vécu des expériences similaires aux siennes. Il était véritablement passionné par le droit.

Cependant, son amour pour Jack l'avait poussé à choisir une voie qui ne lui correspondait pas vraiment. Il savait qu'il aurait dû suivre sa véritable passion, car Jack ne l'aimerait jamais en retour. Jack était hétérosexuel, attiré par les femmes et non par les hommes.

"Mais cela ne l'a pas empêché d'avoir des relations intimes avec toi", lui murmura sa conscience. Et cette même conscience lui rappela également qu'il était responsable de ses propres choix

Dan était conscient de ses erreurs et en éprouvait un profond regret. Il s'était promis de se reprendre en main, mais il ne savait pas par où commencer.

Par où commencer ? Comment y parvenir ?

Il décida alors d'appeler son avocat, la seule personne qu'il connaissait qui avait une expérience dans le domaine juridique. Son père aurait pu l'aider également, mais il n'était malheureusement plus de ce monde.

Il avait craint que l'avocat refuse de le rencontrer lorsqu'il avait indiqué que la question n'était pas liée à son travail pour la famille de Dan, mais plutôt d'ordre personnel. Heureusement, l'avocat avait accepté de venir le voir.

"C'est..." Dan se sentait déboussolé une fois que l'avocat était arrivé chez lui. Il ne savait par où commencer, se sentant à la fois effrayé et un peu gêné de dévoiler des sentiments qu'il-même ne comprenait pas totalement.

"N'ayez pas peur, Daniel. Dites-moi ce qui vous préoccupe." L'avocat était un homme bienveillant malgré son apparence un peu austère et hautaine. Il inspirait le respect et la peur, mais se révélait être quelqu'un de compréhensif, aimable et attentionné.

"En fait..." Dan lui narra toute son histoire avec Jackson. Il ne savait pas pourquoi il se sentait si en confiance avec l'homme, ni pourquoi il ressentait le besoin si pressant de se confier à lui. L'avocat écouta en silence, habitué à ce genre de récits en tant qu'avocat et consultant pour les membres de la communauté LGBT. Il avait même créé un centre d'accueil pour eux, avec l'aide de son mari et de quelques personnes.

"Je n'ai jamais réellement aimé la filière gestion. Depuis mon enfance, je rêvais d'être... comme mon père." Un voile de tristesse passa dans les yeux de l'avocat. Après tout, le père de Daniel était un ami proche de longue date. Son meilleur ami pour être exact, mais Dan l'ignorait.

"Tu envisages d'étudier le droit ?"

"Oui." avoua Dan. "Et je ne sais pas par où commencer. J'ai peur que les gens pensent que j'ai échoué en changeant de filière parce que je n'étais pas assez brillant." Et l'avocat sourit.

"Ne t'inquiète pas Daniel. J'ai moi aussi..." Il rit en se remémorant sa jeunesse, bien qu'il n'était pas si vieux que cela, juste dans la quarantaine. "J'ai changé de filière trois fois à l'université. Ne me juge pas, je ne savais pas ce que je voulais faire. J'ai essayé la médecine, j'ai abandonné en deuxième année après m'être évanoui en voyant une opération. Ensuite, j'ai tenté la botanique, mais moi et les plantes, ce n'était pas... enfin, bref, j'ai finalement opté pour le droit à ma troisième tentative et me voilà."

"Vous avez réussi."

"Exactement. Alors Dan, fais ce que tu veux, peu importe ce que les autres pensent. J'ai toujours cru que tu te fichais de l'avis des gens !"

"Je le pensais aussi. Mais apparemment, ce n'est pas le cas."

"Il faut changer Dan. Quand on est comme nous, il faut être fort car il y aura toujours des préjugés et des insultes dirigés contre nous."

"Nous ?"

"Oui, nous. Je suis gay, marié à un homme, et je peux te dire que ce n'a pas été facile." Dan regarda l'avocat, bouche bée. "C'est si incroyable que ça ?" Rit l'avocat. "Ton père était au courant et il m'a beaucoup aidé à l'université. On peut dire que c'était un tête brûlée, mais passons, je vais t'aider." Lui dit l'avocat.

"Merci beaucoup."

"Ne me remercie pas trop vite." Lança l'avocat avec un sourire malicieux.

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