Chapitre 12

Promesse tenue, échéance respectée. Comme prévu, Joy est arrivée en ville deux semaines plus tard. Dan n'en était pas content. En réalité, il était furieux.

Il avait surnommé Joy de manière peu flatteuse, en l'appelant "la pétasse", "la pute", "la censu", "la vipère", ...mais bien sûr, il gardait ses pensées pour lui.

"Descends. On va être en retard !"

Comme vous le savez tous, Dan, Jack et Joy étudiaient dans la même université. Ils étaient dans la même année et fréquentaient les mêmes cours.

Et Joy, que Dan surnommait "la pétasse", passait toutes ses nuits chez eux. Elle dormait avec son petit ami.

Pendant les deux semaines où elle était absente, Dan avait partagé la chambre et le lit de Jack, mais depuis le retour de Joy, Jack n'avait d'yeux que pour elle.

La paroi de leur chambre étant mince, Dan pouvait entendre les ébats de Joy de l'autre côté. Ses cris et gémissements exagérés étaient incessants. On aurait dit une vache. Dan se disait qu'il savait comment exciter Jack mieux qu'elle.

Pendant les quelques jours où Joy était en collocation chez eux, Dan ne pouvait se fier qu'à son fidèle écouteur. Sans lui, il aurait été pris au piège à écouter les soupirs et halètements du couple.

Si seulement il aurait pu n'entendre que les gémissements de Jack... cela aurait été une douce musique à ses oreilles.

"Je viens. Je viens."

"Pourquoi tu passes autant de temps aux toilettes?" demanda Joy, d'un ton amical comme s'ils étaient amis. "Hmnn," plaisanta-t-elle. "Dis-moi!" Elle insista, lui donnant un coup d'épaule. Jack savait ce qu'elle insinuait et se mit à rire.

"Haha. Très drôle. Allons-y maintenant."

"Tu viens avec nous?"

"Pourquoi m'avoir attendu si..."

"Elle veut juste faire la conversation. Tu n'as pas à être si rude," dit Jack. "Il vient avec nous, chérie, il doit réparer sa moto." Dan se sentit mal en entendant le mot "chérie" sortir de la bouche de son ami.

"Oh. D'accord," répondit sa chérie.

"Tu aurais pu simplement lui dire ça, Dan," fit remarquer Jack. "Pas besoin d'être désagréable."

"Ouais, ouais," répondit-il en roulant des yeux, prenant place à l'arrière de la voiture. Avant, il s'asseyait à l'avant avec Jack, mais depuis l'arrivée de la "pétasse", tout avait changé.

Les trois jeunes étaient en première année de gestion. Leur premier cours était avec M. Martin, un professeur de renom.

L'amphithéâtre était plein à craquer. Il n'y avait presque plus de place, sauf au fond de la salle, où Jack et Joy trouvèrent deux sièges. Dan s'installa devant eux, en compagnie d'un groupe de garçons peu recommandables.

"Est-ce que je peux m'asseoir ?", demanda Dan.

"Bien sûr," répondit l'un des garçons, tatoué jusqu'au cou. "Les places ne sont à personne." Dan s'installa, sortit ses livres et ses stylos.

Le cours s'était déroulé parfaitement, à l'exception du fait que Jack et Dan n'étaient pas assis ensemble. Cette "pétasse" avait tout gâché, encore une fois.

En ressentant de la colère et de l'irritation, Dan quitta l'amphithéâtre sans attendre, le cours terminé. Une fois dehors, il se rendit compte qu'ils n'avaient plus de cours de l'après-midi, alors il décida de rentrer chez lui. Pourtant, en chemin, il changea d'avis.

Il ne voulait pas être témoin une fois de plus de l'amour passionné entre son meilleur ami et sa petite amie. Il prit alors la décision de "visiter" la ville, en laissant ses pieds le guider. Ils le conduisirent finalement à un fast-food où, comme par malchance, il y avait une longue file d'attente. Néanmoins, n'ayant rien de mieux à faire, il patienta.

Vingt bonnes minutes s'écoulèrent déjà depuis qu'il était arrivé.

Il n'avait pas vraiment faim, mais il voulait simplement occuper son temps. Il avait enduré toute cette attente pour en arriver là, autant en profiter. Il espérait que la nourriture serait délicieuse, sinon il n'aurait pas supporté toute cette attente pour quelque chose de banal.

"Quelle est votre commande, monsieur ?" Enfin, c'était son tour.

"Un cheeseburger, des frites et un soda, à emporter."

"Évidemment. Ça arrive monsieur."

Il prit sa commande, remercia les serveurs et s'en alla.

Il trouva un banc sous les ombres d'un arbre, avec vue sur le lac. Il s'assit et dégusta son repas.

C'était délicieux. Vraiment délicieux. Le meilleur cheeseburger qu'il ait jamais goûté. Et ce soda... divin. "C'est pour ça que les gens font la queue pour manger là-bas !" pensa-t-il. "C'est vraiment addictif."

Alors qu'il savourait son cheeseburger avec ses frites succulents, il entendit les cris d'une femme en pleine dispute avec ce qui devait être son petit ami.

"Tu as couché avec elle !" l'entendait-on crier. "Ne le nie pas, je t'ai vu rentrer avec elle dans un hôtel. L'HÔTEL où tu m'as amené il n'y a même pas une semaine de ça." OSa voix se brisa à ces mots, elle pleurait.

"Arrête de faire un scandale près de mon lieu de travail", répondit l'homme calmement et en public . "Je ne le nie pas. J'ai couché avec elle et, pour ta gouverne, ce n'était pas la première fois."

La femme, le visage en furie, gifla l'homme qui demeura silencieux.

Daniel, curieux comme il était, décida de s'approcher pour observer la scène qui se déroulait, de plus près. Non pas dans le but d'intervenir, bien sûr, mais simplement pour assister à la stupide dispute entre ces deux individus. Bien que l'endroit soit relativement désert, il pouvait clairement voir les expressions sur le visage de la femme - de la honte, du regret et de la peur.

L'homme se tenait dos à lui, mais Daniel pouvait distinguer sa posture détendue, les mains dans les poches. Il retira une main pour passer nerveusement dans ses cheveux avant de prendre la parole.

"Écoute Nicole," commença-t-il, le ton ferme. "Entre nous, c'est juste du sexe. Rien de plus. Nous ne sommes pas en couple. Tu n'as pas à me demander des comptes ou à être jalouse."

"Mais..." essaya-t-elle de dire.

"Il n'y a pas de mais. Tu devrais le savoir. C'est pour cela que je t'ai choisi."

"Je suis désolée. Je..."

"Ce n'est pas la peine de t'excuser. C'est moi qui ai mal agi en ayant des relations sexuelles avec..."

"Ne dis pas ça," le supplia-t-elle. "Et ne me quitte pas. Je promets de ne plus être envahissante et de ne pas être jalouse. C'est juste que..."

"Il y a eu la dernière fois et on en est là aujourd'hui. Je ne veux plus de..." commença l'homme avant d'être interrompu par la femme.

"Je t'en prie, ne fais pas ça."

"Si," reprit-il, mais elle s'était déjà enfuie en larmes, la main sur la bouche pour étouffer ses sanglots.

"Wow, quel enfoiré !" pensa Daniel.

"Tu as aimé le spectacle ?" lui lança l'homme en se retournant vers lui.

Dan avait déjà croisé l'homme quelque part mais n'arrivait pas à se souvenir de l'endroit. Avant de...

"Toi !" s'exclamèrent-ils en même temps.

"Le petit-fils du vieux." pensa Daniel avant de dire à voix haute. "C'était digne d'une série télé !" L'homme le dévisagea.

Daniel retourna s'asseoir et l'homme le suivit, s'asseyant sur le banc à une certaine distance. Il observa le jeune homme dévorer son cheeseburger avant d'allumer sa cigarette et de commencer à fumer, semblant se soucier peu du fait que cela puisse déranger Daniel, non-fumeur ou potentiellement asthmatique.

Daniel le fixa sans rien dire. La cigarette ne le dérangeait pas, il en fumait lui-même parfois en cachette avec Jack.

"Comment tu t'appelles ?" demanda l'homme, son regard porté sur le lac.

"Pourquoi devrais-je te le dire ?" répliqua Daniel.

"Tu étudies dans cette université ?" demanda l'homme en pointant du doigt le grand bâtiment universitaire au loin.

"En quoi est-ce que ça te regarde ?" rétorqua Daniel.

"Tu es toujours comme ça ?" continua l'homme.

"Comme quoi ?" demanda Daniel.

"Répondant à une question par une autre question." remarqua l'homme.

"Ça dépend," répondit Daniel avant de se lever et de quitter l'homme, l'insultant à voix basse. Parce qu'il était vraiment un grand "salaud".

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