Rey : L'accueil de la mère de Luna

M’acheter une maison était la meilleure décision que Grey a pu prendre de toute sa vie.

Je n’en peux plus d’habiter sous le même toit que cet homme. Mais, elle n’aurait pas dû acheter une aussi grande maison, je vis seule. Pour une fois, j’ai très bien dormis.

Grey a dit que dans quelques jours, cette maison sera officiellement mienne, elle me

donnera les papiers le jour de mon anniversaire.

Un message ?

Grey : Bien dormis ? A l’aise dans ta nouvelle maison ?

Rey : Ouais, pas mal.

Grey : Au fait, j’ai une nouvelle pour toi.

Rey : Je hais les suspens, dis tout simplement ce que tu as à dire.

C’est qu’elle est énervante.

Grey : La mère de ta copine arrive aujourd’hui. Je passe te prendre et on ira la chercher

ensemble…

Elle a raison. C’est vraiment une excellente nouvelle. Luna serait heureuse de l’apprendre.

Grey : Mais ne le dit pas encore à ta copine, ce sera une surprise pour elle.

Bonne idée. Copine ?

Rey : Elle a un prénom, elle s’appelle Luna.

Grey : OK ! Du calme. Prépare-toi, j’arrive tout de suite.

Au fait, Grey et moi on est sœur mais c’est la première fois qu’on discute par texto. C’est

bizarre. C’est peut-être parce que qu’on vivait sous le même toit.

Quelques minutes après, Grey klaxonne devant chez moi. Hey ! Ça sonne bien : « chez moi ». Quelle idiote. Je descends et entre dans sa voiture. Sur la route pour l’aéroport, ni moi ni Grey a dit un mot. Je suis stressé, je ne sais pour quelle raison. C’est juste la mère de Luna, non pas ma belle-mère. Je dis n’importe quoi.

On attend maintenant sa mère. Je ne vais pas la reconnaître parce que je ne l’ai jamais vu,

et même si c’était le cas, je ne peux pas voir les visages, pour moi tout le monde se ressemble.

Mais à ma plus grande surprise, Grey était plus excitée que moi.

 - La voilà, Rey… C’est elle. Elle est là. Enfin.

Pourquoi en fait-elle tout un drame ? Elle lève son bras pour appeler la dame et elle

s’approche de nous. Alors, Grey était vraiment intéressée par l’offre ? Non, elle mijote quelque chose.

 - Vous êtes surement mademoiselle Grey. Je ne vous remercierai jamais assez pour ce

que vous avez fait pour moi. Merci beaucoup.

 - Ce n’est rien. Croyez-moi, je ne l’ai pas fait pour vous mais pour cette gamine.

Elle dit en me pointant du doigt. Quelle honte !

 - GREY ! Arrête.

Cette fois, la dame est concentrée sur moi. Et je rougis encore plus.

 - Et vous, vous êtes mademoiselle Rey. Plus jolie en personne que dans les magazines.

Ma fille est une de vos plus grands fans. Elle n’arrête pas de parler de vous.

Merde ! C’est gênant ! Je sens le regard de Grey et ma peau se réchauffe.

 - Je n’étais pas au courant ; dit Grey en riant.

 - Vraiment ? Ma fille lisait tous les interviews de mademoiselle Rey et elle découpait ses

photos dans les magazines et les ajoute à sa collection.

Je n’en peux plus. C’est trop gênant. Il faut que je fasse quelque chose pour qu’elle arrête de parler de ça. C’est un sujet sur lequel je ne veux en parler avec personne.

 - On peut y aller ?

 - Oui, bien sûr.

Enfin… On est sur la route pour aller chez Luna et je vois bien l’impatience de sa mère.

J’aurai bien aimé avoir une mère comme elle, mais je n’en ai pas une comme elle. Je ne sais même plus si j’en ai une.

C’était une sacrée surprise pour Luna, elle était vraiment heureuse de voir sa mère qu’elle avait des larmes aux yeux. Cette fille est vraiment canon, pas seulement quand elle est heureuse, mais aussi quand elle pleure, trop belle. Quand je la vois ainsi, je ne peux que sourire, cette fille affecte ma vie et je ne suis pas la seule à le remarquer, Grey aussi.

 - N’arrête surtout pas de sourire comme ça.

Grey me murmure pendant que Luna et sa mère sont en train de se serrer l’une contre

l’autre. J’ai arrêté de sourire quand Grey le remarque.

 - Qui a souris ? Je ne souriais pas.

 - D’accord, ce n’était pas un sourire mais continue de le faire, t’étais trop belle.

 - N’importe quoi.

Elle est folle celle-là. Je ne veux pas l’admettre que je souriais, sourire veut dire être heureux mais je ne le suis pas, depuis quatre ans. Mais depuis que cette fille est apparue dans ma vie, je souris et rougis plus souvent, je m’intéresse à sa vie, chose que je n’ai jamais faite auparavant, c’est étrange. La seule raison que j’ai trouvée jusqu’à maintenant c’est le fait que je puisse la voir, elle seule.

 - Ne trouves-tu pas que Luna est super mignonne.

 - Ouais…

Grey ne lâche pas prise et j’ai répondu inconsciemment. MERDE !

 - NON !

 - Tu disais « oui » à l’instant.

 - Non.

 - Luna, Rey te trouve super mignonne, elle vient de le dire.

 - Quoi ? Ah bon !

Tu me le paieras cher ma sœur, je te le jure.

Un instant, Luna rougissait encore plus et elleest encore plus jolie que jamais. Je dois faire quelque chose.

 - J’ai un truc à faire avec mes amis, je dois y aller.

 - Et comment vas-tu y aller ? Conduis ma voiture.

 - Non, je prendrai un taxi.

 - Non, prends ma voiture. Ce n’est pas convenable. Ou bien appelles tes amis pour qu’ils viennent te chercher.

 - D’accord, je les appellerai.

Je croyais que ce serait suffisant mais non…

 - Appelles-les maintenant.

Je sors mon téléphone et me décide d’appeler Key. Elle viendra sans y penser deux fois.

Une heure après, Key est arrivé avec sa voiture.

 - Salut, Honey. On y va ?

Mais soudainement, Grey est sorti et a entendu Key m’appeler « Honey ». Les autres ne comprendront pas la situation.

 - Salut. Key, c’est ça ?

 - Oui. Vous êtes la sœur de Hon…de Rey ? Enchantée.

La gentille lesbienne a essayé d’arranger la situation mais je vois que Grey est encore

confuse. Elle pense surement que je sors avec elle. Mais je ne vais pas m’expliquer parce que je n’ai pas à me justifier à qui que soit.

 - De même… Quelle est la relation entre toi et Rey ?

Key me regarde avant de répondre à la question de Grey.

 - Hum ! On est seulement amie. Pourquoi ?

 - Alors pourquoi l’appelles-tu « Honey » ?

Key éclate de rire en me regardant et puis redeviens sérieuse quand elle a vu que Grey ne riait pas. Je ne comprends pas ce qui arrive à Grey, franchement. Mais je laisse Key gérer.

 - Je ne vais pas vous mentir, j’éprouve de l’amour pour votre sœur, mais ce n’est pas

réciproque. Mais avant de tomber amoureuse d’elle, j’étais d’abord amie avec elle, donc l’amitié passe avant tout. Je la respecte beaucoup. Elle n’aime pas que les mecs

de l’université lui courent après alors elle préfère leur faire croire qu’on est un couple.

C’est tout.

Grey est encore plus confuse après cette longue explication. Key assure grave, elle arrive toujours à faire taire les gens. Et oui, elle avait raison, je voulais faire croire aux gens que je sortais avec Key tout en étant claire avec elle que ses sentiments pour moi n’étaient pas réciproques.

Key est grave amoureuse de moi et moi je l’adore mais pas dans ce sens-là, c’est la meilleure amie qu’on puisse avoir.

 - Hum ! Je ne le savais pas.

 - Et comment pouvez-vous savoir ? Mais ne vous inquiétez pas trop, je prendrai soin

d’elle.

 - Je ne suis pas un enfant. Je n’ai pas besoin qu’on prenne soin de moi.

Je dis clairement en entrant dans la voiture.

 - Ne sois pas si grincheuse, Honey. On y va.

Key continue à m’appeler « Honey » devant ma sœur comme si rien ne s’était passé. C’est pour cette raison que j’adore cette meuf. Même en sachant qu’elle est amoureuse de moi, je ne veux rien changer car elle est toujours là quand j’en ai besoin. Elle sait ce qui m’arrive sans même que je dise quelque chose, elle lit dans mes pensées et je n’ai rien contre ça.

 - Où sont les autres ?

 - Ils sont déjà sur place. On n’a pas prévu de sortir mais pourquoi nous avoir appelés

soudainement pour boire un coup ?

 - J’ai besoin de boire.

Non. La vérité c’est que je voulais m’échapper de cette situation avec la belle Luna de tout

à l’heure. Mais bon sang ! Qu’est-ce qui m’arrive ? J’ai carrément besoin de boire.

Arrivé sur place, c’est un endroit que seul nous quatre connaissons. A chaque fois que l’un d’entre nous avait des problèmes, on vient tous ici pour lui remonter le moral ; c’est souvent moi. Et même cette fois. Bien sûr, je ne leur explique pas ce qu’il se passe et ils savent que je n’aime pas raconter mes problèmes. Ils restent juste à mes côtés et boivent avec moi surement parce qu’ils savent que je ne supporte pas trop l’alcool.

Après quelques verres, je me sens déjà mal, je n’arrive déjà plus à me tenir sur mes deux pieds, mais jusqu’ici tout va bien. Je sens mes problèmes s’envoler petit à petit et c’est à ce moment que mes potes découvrent ce qui m’arrive. C’est toujours comme ça, je raconte tout une fois soule. Au début, je me demandais toujours comment sont-ils au courant mais après j’ai découvert que c’est à cause de l’alcool.

Alors, pourquoi je continue à boire ? Je dis souvent que je ne veux pas qu’ils sachent mes problèmes parce que je ne veux pas qu’ils aient pitié de moi ; mais peut-être qu’au fond, je veux tout partager avec eux pour me libérer un peu de ces peines. Ça m’aide beaucoup, même s’ils ne peuvent rien faire pour moi. Leur présence à mes côtés est d’un tel réconfort que je ne veux pas que cela cesse.

Je continue à boire, encore et encore jusqu’à ce que je sois complètement soule et hors

de moi. Qui suis-je ?

 - Il faut que t’arrête de boire, Honey.

Ce sont les derniers mots dont je me souviens.

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