Jess était tellement heureux quand je l’ai appelé « Chéri », je ne m’attendais vraiment pas à sa réaction. Alors je suis vraiment son premier amour et je suis tout excitée de penser à ça, de penser que je suis la seule femme dans sa vie, la seule qui a fait l’amour avec lui. Punaise ! A quoi je pense ? Il faut que j’arrête.
Ensuite, je pense à ce que Jess a dit au sujet de maman. Que faisait-elle là-bas ? Qui était
cette petite fille pour elle ? Est-ce qu’elle la connaissait ? Si oui, alors qui ? Est-elle de notre famille ? J’ai beaucoup de questions à poser mais je ne sais pas qui pourrait y répondre. Seulement maman.
Je suis enfin arrivé à la maison, je suis épuisée. La voiture de Rey est dans le parking, donc ça veut dire qu’elle est déjà arrivée ; mais à ma surprise, elle est dans le salon avec papa et ils sont encore en train de se disputer. A vrai dire, ce n’est pas une surprise.
- Je ne sais plus quoi faire pour t’éduquer comme il faut, Rey. Tu n’es pas comme tes
sœurs.
- Oui, je sais que je ne suis pas comme elles, parce que je suis moi.
- Rey ! Je n’arrive plus à supporter ton comportement.
- Comme tu es sincère avec moi, je vais l’être aussi. Tu n’es pas le seul à en avoir marre
de cette situation, moi aussi j’en ai marre et depuis toujours. Tu ne m’as jamais considérer comme ta fille.
Moi, qui suis dans le coin, ne fais qu’observer jusqu’à ce que je ne puisse plus rester sans
rien faire. Je rassemble tout mon courage et cris.
- Pouvez-vous arrêter de vous disputer ? Moi aussi, ça faisait longtemps que j’en avais
marre de vous voir vous chamailler à chaque fois que je rentre dans cette maison.
Mon père était surpris, il était sous le choc. C’est la première fois que j’ai crié sur lui comme ça. Et maintenant que je l’ai fait…je suis terrifiée.
- Mais soit réaliste, Grey ! Tu vois bien que ton père me déteste.
C’est aussi la première fois que Rey affirme ce qu’elle ressent aussi clairement.
- Rey, monte dans ta chambre. Je dois parler avec papa seul à seul.
Elle est montée sans rien dire. Je dois maintenant parler avec papa.
- Papa, tu sais que je ne t’ai jamais rien demandé depuis l’enfance, j’ai toujours fait ce que tu me demandais de faire…et maintenant, pour la première fois dans ma vie, je vais te demander un service.
- Ne tourne pas autour du pot, Grey, dis ce que tu as à dire, j’ai encore du travail à finir.
Quelle froideur ! Mais après ces mots, j’ai encore plus peur.
- Bien sûr. L’anniversaire de Rey est dans deux semaines. Je lui ai acheté une maison
comme cadeau. J’y ai déjà pensé et vous avez besoin de s’éloigner un peu pour que
tout le monde soit à l’aise.
- Bon, d’accord. Mais j’accepte seulement parce que tu me le demandes, ma fille.
- Merci beaucoup, papa.
Je ne pensais pas qu’il accepterait aussi facilement, j’ai eu la peur de ma vie. J’ai décidé que Rey déménage dès demain matin. Je ne veux pas trop me séparer de ma sœur mais c’est pour son bien, elle a besoin d’un peu d’espace pour se retrouver. J’étais tellement triste de voir Rey partir et Alley aussi. Mon père s’en fichait pas mal, et ma mère aussi, ce que j’ai trouvé bizarre.
Rey est la fille de cette maison, tout comme moi et Alley mais tout le monde se moque de ce qu’elle ressent.
Je me rappelle que ça n’a pas toujours était le cas. Tout le monde était excité quand on a
annoncé que ma mère était enceinte de Rey, et moi aussi j’étais heureuse d’avoir une petite sœur.
Quand Rey avait quatre ans, Alley était déjà née, nos parents avaient une très grosse dispute et maman a voulu quitter la maison avec Rey et déménagé aux Etats-Unis. J’avais seulement dix ans à cette époque donc je ne me rappelle pas très bien de toute l’histoire. Mais ensuite, papa est devenu très violent et Rey a fini par tomber des escaliers, il y a avait beaucoup de sang, partout, j’avais vraiment très peur.
Nos parents sortaient de la maison ensembles pour emmener Rey à l’hôpital mais papa est revenu seul. Quand je lui ai demandé où sont maman et Rey, il me disait qu’il avait laissé un peu d’espace à maman, qu’elles étaient aux Etats-Unis, et elles y sont restées pendant six ans.
Depuis, Rey et moi n’étions plus jamais aussi proche qu’avant, elle ne se souvenait même pas de moi ; je comprends, elle était trop jeune quand elle a quitté cette maison. Et maman a aussi dit qu’elle avait un traumatisme crânien suite à l’accident.
J’ai la chair de poule en y repensant à cette histoire.
On est maintenant occupé par le déménagement de Rey parce que papa n’a pas voulu aider et maman…elle ne sait même pas que Rey a quitté la maison. Rey a insisté pour que nous soyons les seuls à savoir. C’est une grande maison alors elle va être à l’aise, c’est mon cadeau un peu trop tôt.
- C’est ton cadeau d’anniversaire, tu seras à l’aise ici.
- Merci, Grey, tu n’aurais pas dû. Mais au moins je n’aurai pas à voir ton père tous les
jours.
Elle a bien dit « ton père », comme s’il n’était pas le sien également. Mais je ne lui en veux
pas. Rey est une femme à forte caractère.
- Oui. Tu as raison. Tu as maintenant ta propre maison. Mais tu peux toujours me rendre visite.
- Je viendrai te voir quand j’aurai du temps.
Je suis rentré à la maison après avoir aidé ma sœur dans sa nouvelle maison. Je suis morte de fatigue. Quand j’arrive à la maison, je vois maman en train de boire devant le mini bar. Mais qu’est-ce qu’elle a ? Je dois lui demander ce qu’il ne va pas.
Ah, oui ! Je dois aussi lui parler de la tombe de la sœur de Jess. Est-ce que son ivresse a un rapport avec cette histoire ? Je dois le découvrir.
- Salut, maman.
- Grey ?
Ses yeux sont remplis de larmes. Elle pleure ? Que se passe-t-il ?
- Pourquoi tu bois ? Un problème ?
- Non !
- Mais tu pleures, maman. Pourquoi ?
Elle prend encore une gorgée et a pris une longue pause avant de me répondre. Il y a
surement un problème. J’aimerai lui demander d’arrêter de boire mais comme on dit, on dit toujours la vérité avec l’alcool. Peut-être que ça m’aiderait à découvrir quelque chose.
- L’anniversaire de ta sœur est dans quelques jours.
Et ? Alors ? C’est quoi le problème ?
- Oui… Tu veux aller la voir.
- Je suis déjà allé la voir.
- Quand ça ?
- Hier.
Je ne comprends rien du tout. Je ne sais pas quoi dire.
- Mais…
- Tout est de la faute de ton père ; cria-t-elle subitement. Il m’a forcé à cacher ce qu’il
s’est passé, je ne voulais pas cacher la vérité… J’ai vraiment mal…
- Maman, calme-toi et explique-moi ce qui se passe. Je n’ai rien compris.
- Ton père est un monstre… Il m’a obligé.
Mais de quoi parle-t-elle ? J’étais à deux doigts de comprendre ce qui se passe dans cette maison, mais papa nous a interrompus.
- N’y fait pas attention. Ta mère est ivre et elle dit n’importe quoi. Je vais l’emmener
dans la chambre. Et toi aussi, va dans ta chambre.
ZUUUTTTTT ! Je n’ai rien pu découvrir. Mais en voyant la réaction de mon père, il y a
surement quelque chose. Mais quoi ?
Quand j’y repense, maman est toujours ivre quelques jours avant l’anniversaire de Rey,
l’année dernière, elle était soul le jour même. Comme si cette date lui rappelle quelque chose qu’elle veut oublier. Et c’est peut-être pour ça que Rey ne voulait jamais fêter son anniversaire.
Pendant que je suis perdu dans mes pensées, la sonnerie de mon téléphone m’a fait
redescendre sur terre.
- Oui, j’écoute.
C’est Paola, ma secrétaire et aussi ma confidente.
[Boss, je vous appelle pour l’affaire de madame Barbara Dela Rosa. Tout est prêt, et je lui ai dit de ne rien dire à sa fille.]
- Merci, Paola. Elle arrivera quand ?
[Son vol arrivera demain matin, Boss]
- D’accord. Ajoute ça dans mon agenda. J’irai l’accueillir moi-même.
[Bien sûr, Boss. Je vous souhaite une bonne nuit]
- Vous aussi.
Enfin une bonne nouvelle. Je vais aller chercher madame Dela Rosa moi-même. Ça va être une excellente surprise pour la petite Luna, elle est adorable cette petite, et aussi elle rend ma sœur heureuse.
Il faut que je me repose maintenant. Je suis épuisée.
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