Un miroir ma magique - Chapitre 2

Le lendemain, à la première heure, Mei était devant la salle de la seconde A. Dès que ses yeux se posèrent sur un certain blond, arrivant au côté d'un roux, elle se précipita sur eux. Elle ignora le souriant Kirishima et se concentra sur Katsuki. Elle attrapa son avant bras entre ses deux mains, ne le lâchant pas même lorsque le propriétaire faisait tout pour.

— Katsuki ! Il faut absolument que tu viennes essayer mon bébé aussi !!

— HAHH ! Hors de question ! Lâche-moi !!

— Tu dois le faire !

— NON ! Lâche-moi !

— On doit découvrir la vérité derrière mon bébé !

Le rouge était amusé par l'interaction entre ces deux-là, les regardant simplement. La dernière réplique de la jeune fille le fit réagir. C'est vrai qu'il était plutôt curieux de savoir le fin mot de cette histoire. Était-ce Midoriya qui rêvait, inconsciemment, d'être avec le blond et d'abandonner son rêve d'héro pro pour celui d'idole ? Ou était-ce simplement des images venant d'on-ne-sait-où ?

Il décida d'intervenir. Il fut en faveur de la science, au grand bonheur de l'une et au grand malheur de l'autre. Il devait savoir !

Si c'était réellement le désir du vert, il aurait beaucoup de travail avec le colérique.

— Vas-y ! On perd rien d'essayer !

— HAHH ! Qu'est-ce_

Une idée brillante traversa l'esprit de Kirishima. Celle-ci avait de forte chance de fonctionner. Elle allait fonctionner.

— De quoi t'as peur Bro ?

—HAHH ? Peur ? J'ai pas peur !

— Très bien ! Viens au labo ce midi ! Je t'y attendrais !

Avant qu'ils ne puissent rajouter quoi que ce soit, la rose était déjà partie aussi vite que la vitesse de la lumière. Une voix s'éleva avant que l'un ne puisse reprendre la parole.

— C'est vrai ? Tu me le prêtes vraiment, Deku-kun?

— Mmh! Tu me le rendras lorsque tu l'auras fini.

— Oh ! Merci !

Les deux étudiants arrivaient d'un pas lent vers les deux autres qui étaient toujours devant la salle de classe. Uraraka avait un gros livre entre les mains et d'après ce que l'on pouvait voir sur la couverture, il s'agissait d'un roman héroïque sur All Might. C'était sans aucun doute ce que le vert avait prêté à la brune.

Le duo arriva face aux deux garçons qui les observaient. En croisant le regard du blond, Izuku prit une légère teinte rosée. Il ne demanda pas son reste et força l'accès à la pièce, en passant entre les deux qui étaient assez écartés pour le laisser passer. La jeune fille ne comprit pas le comportement de son ami. Elle salua rapidement les deux avant d'aller à la suite de Midoriya. Elle ne pouvait nier qu'elle était assez curieuse et légèrement inquiète.

Et si l'explosif avait fait du mal à son ami d'enfance? Elle avait toute la bonne volonté du monde à croire qu'il ne s'abaisserait pas à un tel niveau et s'il en était réellement capable, il n'aurait jamais été accepté à Yuei, n'est-ce pas ?

Elle comprit rapidement qu'elle n'aurait aucune réponse sur son étrange comportement. Et elle n'en eut pas le temps, car après seulement quelques minutes, la sonnerie retentit. Les cours allaient commencer.

Le cours avait commencé depuis quelque instant déjà. Débutant sur des changements de places. Comme à l'habitude en cette période de l'année, les élèves passèrent chacun leur tour tirer au sort leur nouvelle place.

L'ironie du destin avait décidé de réunir, une fois de plus, les amis d'enfances. Katsuki était à la dernière rangée près de la fenêtre juste à côté d'Izuku. À côté de celui-ci, on retrouvait le surnommé double face. Tandis que devant eux se trouvait Ochako, qui était heureuse d'être plus prêt de ses amis.

Le cours avait réellement commencé une fois tout le monde installé. Mais Bakugo n'y prêtait pas attention. Il repensa à son altercation avec l'inventrice quelque temps plutôt. Rapidement, ses pensées se tournèrent sur ce qui lui était arrivé cette nuit.

Il avait fait un rêve étrange, un rêve qui ne lui ressemblait pas. Ce rêve était mélangé à ses souvenirs. Il était avec Izuku, enfants, se promettant de toujours rester ensemble et d'être le duo numéro 1. Mais l'image avait laissé place à des jeunes adultes, des jeunes héros se volant la première place chaque semaine. Ils étaient inséparables, et étaient beaucoup plus proche, beaucoup trop proche. Ils étaient dans une relation qui paraissait beaucoup trop ambiguë.

Le plus étrange dans tout cela était qu'il n'était pas si dérangé par celui-ci. Il aurait pensé qu'il se sentirait offusqué de cette place qui ne semblait pas vouloir se décider à le choisir, ou encore dégouté de cette étrange proximité. Pour autant, il n'arrivait pas à déterminer ce qu'il ressentait, cela s'apparentait à ce qu'il avait ressenti la veille face aux images du miroir.

Son regard se détourna de ses pages encrés pour se déposer sur celui qui était au centre de toutes ses pensées. Il réfléchissa à tout ce qu'il s'était passé en si peu de temps.

Lorsque Deku remarqua le regard sur lui, ses joues rosirent en croisant le regard ardent de l'autre. Il détourna les yeux et remarqua l'absence de manuel sur la table de l'explosif, ne pouvant s'empêcher de murmurer sa constatation.

— T'as pas de livre..?

Ces mots flottèrent jusqu'aux oreilles du blond, sans mal. La classe était remplie de petit chuchotement, venant de tous les coins. Pour autant, cela ne l'avait pas empêché de discerner ce léger murmur. Il se demanda si c'était une question, mais avant qu'il n'est le temps de pouvoir y répondre, le vert lui tendit son livre. Il était déjà ouvert à la bonne page. Il regarda le bouquin sans lever le petit doigt. Midoriya se pencha plus en avant pour pouvoir déposer le manuel sur la surface du bureau.

— J'ai déjà noté les énoncés, c'est les exercices 45 et 48, ajouta doucement Izuku.

Il le regarda se replacer sur sa chaise, reprendre son crayon et se remettre au travail en essayant de l'ignorer. Il avait prit sa décision. Il voulait savoir.

Il était là, dans cette pièce pendant l'heure du repas. Personne ne savait où il aurait bien pu passer.

Mei fut ravie de le voir arriver comme elle en avait convenu. Il se justifia, il était ici seulement pour être sûr qu'il était le numéro 1. Excuse que l'inventrice n'écouta pas une seconde.

Une fois que les électrodes furent sur son front, elle alluma l'engin. Il prit, comme la dernière fois, quelque temps, affichant trois points blancs. Au bout de quelques minutes, une image commença à apparaître, devenant de plus en plus nette.

...*...

...*    *...

Il faisait nuit. Il devait déjà être tard, sans doute pas loin des minuits tapantes. Katsuki était devant une petite maison. Il avait des clés à la main, qu'il entra dans la serrure. Il rentra et se déchaussa, accrochant son manteau au porte manteaux. Il y avait déjà une paire de chaussures rouges, ainsi qu'une veste verte. Le blond ne semblait pas s'en préoccuper.

Il s'avança doucement jusqu'au salon où la seule source de lumière était une petite lampe, ainsi que la télévision qui diffusait un programme quelconque. Il avança jusqu'au canapé pour y trouver une touffe verte enfouie sous un plaide. La masse en dessous se levait calmement, dans un rythme régulier.

La scène lui arracha un petit soupire vite remplacé par un petit sourire. Il alla s'agenouiller près de la touffe verte. Il la caressa doucement. Encore une fois, l'idole avait souhaité veiller tard dans l'espoir d'être présent au retour de son amant. Mais n'avait pas tenu longtemps.

Bakugo continua à jouer avec ses mèches vertes pendant plusieurs secondes. Il finit par abaisser le tissus pour lui permettre de distinguer le visage de l'endormi. En sentant subitement un courant froid sur son visage, Izuku gémit légèrement, gêné dans son sommeil.

— Je suis désolé, commença toujours aussi calmement le numéro 1. N'écoute pas Neil, je regrette sincèrement et si je pouvais, je changerai tout ce que j'ai fait..

— Tu.., bailla Midoriya. Rien fait… Tu voulais juste.. me faire ouvrir les yeux..

— Et y'a d'autre moyen pour ça. Je n'aurais pas dû te rabaisser comme je l'ai fait..

— C'était juste pour me protéger. Quoi que tu dises, toi.. ou Neil, qui devrait pas remettre les vieilles histoires sur le tapis.. Quoi que dise les autres, tu as toujours été mon Hero et tu le resteras..

Izuku se releva légèrement pour venir prendre le nouvel arrivant entre ses bras.

Tout en lui souhaitant un bon retour, il lui embrassa la joue.

— J'aurais dû comprendre pourquoi tu étais si spécial avant, pourquoi je ressentais tout ses sensations étranges.. J'aurais dû comprendre que tu étais ma plus grande force..

Il déposa un baiser sur la clavicule découverte du sans-alter. Ce dernier rigola légèrement avant de demander s'il lui faisait une nouvelle déclaration. Mais avant d'avoir une réponse, ce moment vu arrêté par le grognement du ventre du plus jeune. Celui-ci n'avait toujours pas mangé, attendant l'autre pour cela.

— Katsudon ça te va ?

—Oui !

L'héro pro passa rapidement sa main entre les cheveux en bataille de l'autre, les décoiffant d'autant plus. Ils se lâchèrent pour aller dans la cuisine. Le plus jeune avait embarqué le plaid avec lui.

— Pourquoi t'aime autant ça ?

— "Ça"?

— Le katsudon.

— Oh! Eh bien.. c'est super bon et.. ça me fait penser à Katchan.., avoua-t-il les joues rouges.

— Tch.

Cette réponse ne put enlever le léger sourire qui avait prit place sur son visage. Cela ne l'étonnait pas venant de l'idole. Il avait lui-même fait le lien entre son prénom et le plat, mais l'entendre directement était quelque chose de très gratifiant.

— Comme on mange Katsudon.., débuta Ground Zero.

— Mmh ?

— J'ai l'droit à mon dessert.

— Ton dessert ? Mais.. Tu veux quelque chose ? Je peux aller au konbini !

— J'ai ce qu'il me faut.

En voyant son regard brûlant sur lui, Izuku comprit rapidement de quoi il en retournait. Ses joues furent de nouveau sous l'emprise de rougeurs. Il se cacha, beaucoup trop gêné. Le haut de sa tête dépassait légèrement d'entre l'épaisse couverture. Il hocha doucement la tête.

— Mmh.. Moi aussi.. je veux.., chuchota-t-il, se voulant inaudible.

— Demain. Demain matin, allons nous entraîner ensemble.

— Oui ! Ça fait longtemps depuis la dernière fois !

— Enfin, si tu arrives encore à marcher avec la nuit que je fais te faire passer_

— Katchan !!

Voir son petit ami aussi rouge lui donnait l'envie de sauter le repas pour passer directement au dessert. Il était tellement simple de rendre le sans-alter gêné, il était si adorable dans ses moments-là . Le blond rigola légèrement avant de se retourner vers le plan de travail, fin prêt à afin entamer la préparation de son plat.

...*...

...*    *...

Katsuki ne voulait pas voir plus. Il avait la sensation que cela ne le regardait pas, que cela ne les avait jamais regardé. Dans ce miroir, ils semblaient tellement heureux et en paix, ensembles, lui et Deku.

Avant de partir, il ne put s'empêcher un commentaire, plus pour garder la face qu'autre chose:

— N'importe quoi ! Comme si j'voulais sortir avec lui !

— Je vois.. Mon bébé nous permet de voir dans une autre dimension !_

Il n'entendit pas la suite, déjà beaucoup trop loin. Il restait encore quelque temps avant que la cloche ne sonne. Il avait faim, il se dirigea alors vers la cafétéria.

Sur le chemin, il repensa à ce qu'il avait vu. Est-ce que son Izuku a lui voyait ses actes d'intimidations de la même manière ? Il ne lui en voulait pas non plus, il lui avait déjà répété. Mais c'était différent.

Cela pourrait expliquer pourquoi celui-ci n'avait jamais cherché à se venger. Il avait toujours cherché à le surpasser, ce n'était pas ce qu'il avait compris, au début. Il n'avait pas cherché plus loin que le bout de son nez et en avait conclu qu'il s'agissait d'une sorte de revenge ridicule. Tandis qu'en réalité, il s'agissait seulement de sa manière de faire comprendre au blond, au monde entier qu'il n'avait plus besoin d'être protégé.

Ce qu'il ignorait était que c'était aussi sa manière de se montrer digne d'être à ses côtés. C'était le seul moyen qu'il avait trouvé pour que son rival le regarde autrement qu'avec ses regards noirs. C'était le seul moyen pour que son rival le regarde, ne regarde que lui.

En prenant ce point de vue, sa vision sur le vert et sa relation avec celui-ci, lui semblait subitement bien meilleur que ce qu'il pensait. Il se sentit légèrement coupable de n'avoir pas cherché plus loin sur les raisons qui se cachaient derrière les agissements du plus jeune. Il se fit une note mentale, qu'à présent, il chercherait les fondements des actes du vert.

Il réalisa que soudainement le vert avait une grande place dans sa vie. Il avait quelque réticence à l'admettre mais ça avait toujours été le cas.

Avant qu'il ne puisse pousser sa pensée plus loin, il entra dans la cantine qui était encore pleine. Il y avait un grand brouhaha ambiant. Il ne pu faire un pas de plus que la sonnerie retentit. Les cours allaient reprendre et il avait prit beaucoup trop de temps sur le chemin, perdu dans ses pensées.

Il jura en retournant sur ses pas. En sortant de la grande salle, il y avait un distributeur. Malheureusement, le blond n'avait pas d'argent. Il oublia rapidement son idée et continua sa route jusqu'à sa salle. Il ne mangerait pas ce midi et devra attendre la fin des cours. L'idée d'emprunter de l'argent à quelqu'un ne lui traversa aucunement l'esprit. Il n'aimait pas être redevable. Et n'avait besoin de personne ! Il pourrait tenir sans rien dans le ventre, ce n'était pas la première fois.

Katsuki était assit à sa place, au fond de la salle, regardant par la fenêtre. La classe se remplissait petit à petit. Sa contemplation fut vite suspendue. Il vit, dans son champs périphérique, une silhouette près de sa table déposant quelque chose dessus.

En y regardant, il découvrit qu'il s'agissait d'une bouteille d'eau et de trois onigiris venant d'un distributeur, toujours emballés. Il n'avait pas besoin de chercher, il savait pertinemment de qui cela venait. Deku n'était pas très discret à le fixer avec ces grands yeux verts.

Il attrapa le premier petit triangle de riz, l'ouvrit et le mit en bouche.

Pendant qu'il continuait son repas, il repensa à ce qu'il avait vu quelque temps plutôt. Il se demanda si le Katsudon était le plat préférée de Midoriya pour les mêmes raisons. Pendant qu'il finissait son deuxième triangle, il jura. Tout tournait beaucoup trop autour de ce dernier depuis quelque temps. À ce demandait ce qu'il adviendrait s'il n'était pas là.

A cette pensée, un frisson le prit. Étrangement il ne préférait pas y penser.

Mais le cerveau étant une chose capricieuse, adorant nous torturer avec nos plus grandes peurs. Le soir même, il fit, pour la première fois depuis un moment, un cauchemar. Deku avait suivit son conseil ce jour-là et avait sauté.

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