AU TRAVAIL !

Partie 1 :

« Um… Ummmm… »

Shiro laissa s’échapper un faible gémissement et il étira lentement son dos. Ses yeux recevaient la lumière de l’aube provenant de la fenêtre et ses oreilles percevaient le pépiement des oiseaux.

« Um… C’est déjà le matin hum » marmonna-t-il encore somnolent.

Il bailla en clignant des yeux et se tourna vers l’autre côté du lit.

… Et.

« Ah… ? Qu’est-ce que c’est… ? »

Il avait la sensation que sa joue avait touché quelque chose de mou. Shiro leva un peu ses paupières. En vue de retrouver son identité, il chercha lentement autour de lui. Lorsqu’il s’exécuta, dans la direction au-dessus de sa tête…

« Um… »

« Qu’est-ce-que… » Une voix délicate se fit entendre.

« … » Shiro arrêta son souffle pendant un moment et rassembla ses pensées. Il jeta un œil aux alentours. En face de ses yeux se trouvait un vêtement en laine fine et au plafond, il pouvait voir une lampe qui était différente de celle de sa chambre. Ce n’était pas la chambre de Shiro. A en juger par l’intérieur, elle ressemblait plus à la chambre d’hôte de l’appartement où il allait rarement.

« Ce qui signifie… »

Il tourna lentement, très lentement, sa tête pour regarder au-dessus de lui.

« …Mu ? »

Là, comme il s’y attendait, se trouvait la très belle Inami.

Elle s’était probablement réveillée quelques secondes auparavant. Car, à l’instant où il leva son regard, leurs yeux se rencontrèrent.

« … » (Silence)

« … » (Silence)

Après quelques secondes.

« Hiiiiiii_____ »

« Quo… ? »

Shiro et Inami s’écrièrent en même temps, et rapidement, ils se levèrent de leur position comme si un gong venait de sonner le début d’une compétition, ils se séparèrent chacun de leur côté et prirent de la distance ; l’un du côté de la tête du lit et l’autre du côté des pieds du lit.

« Quo-Qu’est-ce que vous faites, Shiro-dono ? Pourquoi êtes-vous dans mon lit… ?! » D’un air gêné.

« J-Je ne sais pas ! Qu-Qu’est-ce que je fais ici... ?! »En se grattant la tête

« C’est à moi de vous poser cette question ! »

« Tu as raison ! Désolé » dit-il confus en sortant de la chambre d’Inami.

Dehors, il repensa à ce qu’il c’était passé la veille. Il se souvint alors qu’il l’avait raconté  son histoire et qu’elle l’avait prise dans ses bras. Il ne se souvint plus des détails de l’histoire qu’il avait évoqué, mais il avait en mémoire les mots qu’Inami avait employés pour le consoler.

« Je suis là à présent et je ne vous quitterais jamais »

Il fit un petit sourire moqueur et triste à la fois, puis murmura : « Peu importe qui tu es, tu n’arriveras jamais à tenir cette promesse »

DANS UN CAFE DE KYOTO

« Ouf !! » S’essouffla Shiro transpirant à grande goutte.

(J’ai presque failli oublier que je devais travailler aujourd’hui) pensa-t-il.

« Hé, Shiro ! T’étais passé où hier ? J’ai galéré ici toute seule » reprocha une rouquine d’un ton autoritaire. C’était la collègue de Shiro, cheveux courts, yeux grenadine, c’était une jeune fille au caractère bien trempé qui avait l’air d’avoir le même âge que Shiro.

« Désolé, Misaki. Mais hier, j’ai passé un appel au patron pour avoir un jour de congé »

« Bon…Alors mets-toi au boulot » exigea-t-elle.

« Mais…Shiro ! »Interpella Inami en arrêtant le pan de son T-shirt.

« Um ? » (Elle aussi, je l’avais oublié)

« Um ? » Fit  Misaki.

Elle regarda ensuite avec plus d’attention autour de Shiro. C’est là qu’elle vit Inami derrière lui, mais elle n’y prêta pas trop attention et se remit au travail.

« Qu’est-ce qu’il y a Inami ? » Chuchota-t-il.

« Que dois-je faire, Shiro-dono ? »

« Pour l’instant, assieds-toi là et réfléchit à un boulot que tu pourrais faire à temps partiel »en lui montrant une chaise juste à côté.

« C’est compris ! »

« Bon, au travail ! »se dit-il d’un pas décidé.

Tout au long du service de Shiro, Inami l’observait. Son air sérieux habituel laissait place à un air chaleureux lorsqu’il parlait aux clients, cette rapidité et cette efficacité dans son service confortaient un peu Inami sur le fait qu’il était bel et bien son maître.

Le tintement de la cloche qui était au-dessus de la porte du café se fit entendre, annonçant l’entrée d’un client. Mais étonnamment, il ne s’agissait pas d’un client, mais du patron du café. C’était un vieux monsieur qui portait des lunettes et un uniforme de serveur, bien qu’il en n’était pas un.

Presque immédiatement après son entrée dans le café, il regarda Inami assez étrangement, puis lui fit un sourire chaleureux avant de partir dans son bureau.

Soudainement, Inami eu l’intuition bizarre comme quoi ce vieil homme ne serait tout à fait ordinaire, car l’énergie spirituelle qu’il dégageait était supérieur à la moyenne comme s’il était le fruit de durs entrainements. En réaction à son intuition, elle se décida sur le boulot dont avait parlé Shiro et alla le retrouver pour lui en faire part.

Au même moment, Shiro se trouvait dans l’arrière-boutique, il chargeait des produits sur un petit chariot et les emmenait dans la cuisine.

« Shiro » cria Inami tout en descendant précipitamment la pente de l’arrière-boutique.

« Fais att-- »

« Aïe, aïe, aïe » en se tordant de douleur.

Elle avait glissé et avait atterri sur son derrière, rien de grave, mais elle était justement par hasard en train de faire face à Shiro avec ses jambes écartées comme la lettre M, révélant ainsi  une partie intime de son corps qu’il n’aurait pas dû voir. Il se mit à rougir inconsciemment et détourna involontairement son regard. Cependant, Inami n’avait pas l’air de s’en préoccupé, car tout de suite après elle se releva et tapota sa jupe.

Shiro marcha précipitamment vers elle en arborant un air inquiet.

« Dé—désolé, j’avais fait tomber des œufs. Est-ce que ça va ? »

« Ça va, mais il y a plus important »

Soudain, elle prit un air sérieux et lui dit : « Je me suis décidé, Shiro-dono je souhaiterais travailler ici »

La déclaration d’Inami surpris énormément Shiro, au point où il garda le silence un moment avant de répondre accidentellement.

Il avait analysé minutieusement les choix qui s’offraient à lui :

-Accepter et voir sa popularité (qui n’était pas si grande) atteindre le point de non-retour parce qu’il vivait avec une fille du même âge que lui et qui en plus n’était pas sa sœur.

-Refuser et faire en sorte de retrouver une vie normale.

Le choix était déjà tout fait. Mais Inami le regarda, l’air déterminé et intensifia son regard. Quel était ce pouvoir qui l’avait désarmé et l’avait fait accepter une demande aussi folle et insensée ?

« Merci beaucoup, Shiro-dono ! » d’un air ravi.

« Alors…allons voir le patron »il le dit avec une pointe d’hésitation.

‘Toc’ ‘toc’

« Entrez ! »

Shiro frappa à la porte du bureau du patron et presque immédiatement il entendit une voix de derrière celle-ci qui lui disait d’entrer, elle semblait appartenir à un homme âgé.

Sans se faire prier, il ouvrit la porte et entra, étant suivi de près par Inami.

Le patron qui était en train d’arroser le bonsaï placé au rebord de la fenêtre, se retourna et fit face à Shiro.

« Eh, bien ! Shiro. Qu’est-ce-qui t’amènes ? » Demanda-t-il avec un sourire insouciant. Puis il jeta un œil sur la fille placée derrière Shiro, il ressentait une aura plutôt inhabituelle.

« Heu…Hamon-sama, je voudrais vous présenter quelqu’un qui souhaiterait travailler dans le café »

Il le dit en se grattant la joue, comme pour exprimer l’inconfort qu’il ressentait avec ses propres paroles.

« Voilà une bien heureuse nouvelle que tu m’apportes là, Shiro »

Sur ces mots,  s’assieds confortablement sur son fauteuil, s’appuya sur le bureau et croisa ses doigts en le regardant d’un air curieux.

« Et où est cette personne ? » reprit-il ironiquement.

« C’est…moi » répondit une voix intimidée venant de derrière Shiro. Et de là aussi, sortie une jeune fille aux cheveux azurs à qui apparemment semblait appartenir la voix.

Sur le coup, l’immense énergie spirituelle qu’il ressentit chez cette fille l’intrigua et il voulut en savoir plus.

Alors, il se racla la gorge puis s’adressa à Shiro

« Shiro, veux-tu bien nous laisser discuter un moment ? »

C’était une question rhétorique, car Shiro hocha un « oui » de la tête sans hésitation.

Partie 2 :

Shiro était dans la salle des employés, il buvait une boisson énergisante, il arborait un air pensif.

« Déjà fatigué ? »

La voix de Misaki se fit entendre en face de lui, mais il semblait qu’il n’avait pas entendu. Alors elle se rapprocha de lui avec les sourcils froncés, lorsqu’elle fut à proximité, elle lui fit une pichenette sur le front et dit en même temps : « Eh ! Hiroshi Shiro, je te parle » d’un ton agacé.

« …Oi… »Il émit ce petit bruit en ayant un geste convulsif aux épaules, puis il frotta son front.

« Te revoilà enfin »dit Misaki en soupirant, puis en s’asseyant sur la chaise en face de lui.

« Désolé, Misaki. Je pensais à quelque chose »

En effet, il pensait à quelque chose, quelque chose de très important même. C’est vrai d’un côté que le café avait besoin de plus de personnel, mais d’un autre côté… C’est ça qui le bloquait justement, cette proposition, le patron ne pouvait pas la refuser. Alors plutôt qu’à chercher un moyen d’éviter ça, il pensait à changer de boulot.

C’est alors que la principale raison de son inquiétude entra, s’avança jusqu’à Shiro, à l’endroit même où Misaki était quelque seconde.

« Shiro-dono, nous à présent collègue ! »

En disant cela, Inami eut le visage illuminé et fit un sourire ravi. Cela fut une surprise pour Misaki et une mauvaise nouvelle pour Shiro, bien qu’il s’y attendait.

Partie 3 :

Revenons 10 minutes en arrière.

« Ne reste pas debout, allez assieds-toi » invita gentiment Kaguya Hamon, le patron du café.

« Hm ! »répondit Inami en hochant la tête.

« Bon, laissons les formalités, tu veux ? Tu as quelque chose de différent des autres personnes. Ton énergie spirituelle est différente, qui es-tu ? »

Surprise par son approche directe, Inami fut quelque peu anxieuse et quelques gouttes de sueur s’écoulèrent sur son visage. Elle avala sa salive puis répondit avec un air tout aussi direct que le sien.

« Jouons franc-jeu, c’est vrai que mon énergie spirituelle est différente, mais la vôtre en est tout autant. Je suis une gem, c’est comme un être humain avec une pierre précieuse à la place du cœur. Mais vous, vous semblez être humain »

Hamon se tint le menton suite à la révélation d’Inami, il semblait que quelque chose lui revenait en mémoire.

« Je me suis entrainé dur pour avoir une telle énergie spirituelle, jeune fille. Désolé, mais je ne peux rien te dire sur la raison de cet entrainement pour le moment »

Avec son air habituel, il dit ces mots et rajouta : « C’est d’accord, je t’embauche » d’un ton ravi qui laissa présager plein de mystères quant à l’objectif de cet action.

Partie 4 :

Quelques minutes après l’annonce plutôt brutale d’Inami, elle suivait les instructions de Misaki relatif aux règles du café. Shiro, lui, était dans le bureau de Mr. Hamon, où il y avait été appelé par sa collègue quelques minutes plus tôt. L’air sérieux qu’affichait Hamon ne présageait rien de bon quant à la conversation.

« J’ai entendu dire que tu connaissais la nouvelle venue, Shiro-kun »

‘Entendu dire’ n’était pas le terme qu’il devait employer à cet instant-là lorsqu’il l’avait vu débarquer avec une jolie étrangère, l’air anxieux. Peu importe, à cette interrogation, Shiro racla sa gorge avant de répondre « Hm » en hochant la tête en signe d’approbation.

Sans grande surprise, Hamon acquiesça aussi d’un hochement de la tête. Puis le regardant droit dans les yeux, presqu’en l’intimidant.

« Et où vient-elle ? Qui est-elle pour toi ? » Questionna-t-il.

C’était impossible pour Shiro de répondre honnêtement à ces questions, qu’il  redoutait tant. C’est pourquoi il avait  longtemps réfléchi aux réponses qu’il donnerait si elles venaient un jour à être posées.

Alors, empli d’un courage vacillant, il dit les quelques mots qu’il avait trouvé juste durant ses réflexions.

« C’est juste une connaissance qui cherchait du travail » avec un sourire niais.

Il ne pouvait pas lui dire que c’était une cousine ou une amie car tout le monde savait qu’il était orphelin et puis il n’était pas franchement populaire au lycée. L’idée d’une petite-amie ou d’une sœur retrouvée ne l’avait pas effleurée l’esprit.

FIN DU CHAPITRE

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