Tellement lui.

Point de vue d'Alison

Ce n'est pas vrai, je m'étais promise de ne pas craquer et voilà que je flanche. Je devrais et je voudrais lui en vouloir mais impossible. Il a fallu qu'il redevienne le garçonnet de 8-10 ans qui venait me remonter le moral ou même sécher mes larmes quand mes petits camarades de classe me faisaient des misères. Celui dont mon cœur battait la chamade chaque fois qu'il m'adressait la parole. Nous n'avons jamais été amis lui et moi mais pourtant je me souviens qu'il était présent pour moi. Il y a quelque fois où il a pris ma défense sans que je sache pourquoi. Surtout avec le brut de la classe Jérémie. Alors lui, j'étais vraiment heureuse quand je suis rentrée au collège et que j'ai appris qu'il avait déménagé pour Sydney. Après cette révélation sur le fait qu'il se sentait coupable d'avoir ri avec les autres, je ne sais plus quoi dire. Sachant que j'ai bien vu à son regard qu'il était sincère.

- Je... je ne savais pas que tu as toujours été contre le harcèlement scolaire, je lui dis timidement.

- Bah... si.

- Mais pourquoi ?

- Parce qu'un de mes oncles avait été harcelé à l'école et il a fini par se suicider. C'était le frère de ma mère et je ne l'ai pas connu mais je vois que ma mère et mes grands-parents en souffrent toujours, me dit-il avec beaucoup de tristesse dans la voix.

- Je suis désolée. Je ne savais pas.

- Ouais. Tu sais je vais te confier quelque chose.

Il me prend les mains.

- Tu vois ça ? Me dit-il en me montrant mes poignets. Quand j'ai appris ce que tu avais fait après cette humiliation que t'a faite Cédric, ça m'a anéantie. Je me suis dit que si tu parvenais à tes fins tout ça aurait été de ma faute, et que je ne valais pas mieux que ceux qui ont harcelé mon oncle.

Je le regarde sans savoir quoi dire.

- Ce matin quand j'ai entendu le prof t'appeler, j'ai espéré très fort que ce soit bien toi. La fille en surpoids dont tout le monde se moquait.

- Pourquoi ?

- Parce qu'on nous a dit ce que tu avais fait et je pensais te faire mes excuses. Mais au final tu n'es pas revenu à l'école et on a appris que tu avais quitté le pays. Et ça fait 6 ans que je rêve de te revoir pour te faire mes excuses.

Je le regarde étonné. 6 ans que toute cette histoire le hante ? Et bah... si je m'étais attendu à ça.

- Et bien... ça y est, tu as fait tes excuses.

- Oui. Et j'espère que tu pourras me pardonner un jour.

Je me libère et croise les bras comme pour cacher mes bandanas.

- Je... je ne sais pas. C'est trop tôt.

- Bien sûr, je comprends. Mais je veux que tu saches que si tu as besoin de quoi que ce soit, tu peux compter sur moi. Je sais que tu ne veux pas qu'on soit ami mais j'espère que tu changeras d'avis. Et qu'on pourra repartir sur de bonnes bases tous les deux.

Il me regarde et me sourit. C'est dingue si je ne le connaissais pas j'aurais l'impression qu'il me regarde avec tendresse et douceur comme s'il était amoureux de moi. Je me sentirais presque mal à l'aise.

- Oui... heu... je... je n'en sais rien, j'ai besoin d'un peu de temps. J'ai traversé pas mal d'épreuves et renouer des liens avec des gens que j'ai connu à l'époque de mon obésité, c'est encore dur pour moi de me l'imaginer. Je suis revenue ici que depuis vendredi et j'ai besoin de retrouver mes repères, tu comprends ?

- Bien sûr et je ne veux te forcer en rien. Mais si tu as besoin de parler, je suis le président de l'association "tous contre le harcèlement" et je voudrais que tu saches que tu es à l'origine de cette association.

Quoi ? Il est sérieux ?

- Moi ? A l'origine de cette association. Pourquoi ? Je comprends pas.

- Je te l'ai dit, je m'en suis voulu et j'ai créé cette association pour dénoncer les harcèlements scolaires et quand j'interviens dans les primaires, les collèges et les lycées, je leur raconte ma propre expérience et ton histoire.

- Oh !

Je suis grave étonnée pour le coup.

- Et bien... c'est cool que tu es pris conscience de ton erreur.

- Oui. Alors juste... je vois que tu as changé enfin physiquement et si un jour le cœur t'en dit, peut-être que tu pourrais venir avec moi et raconter ton histoire et comment tu as fini par t'en sortir.

- Oui. Je verrais. J'ai pas trop envie de parler de tout ça pour le moment.

- Je comprends et je respecte.

On se regarde. Pourquoi faut-il qu'il soit tellement... lui ?

- Je... je dois y aller.

- Bien sûr. On se voit demain au lycée ?

- Ouais.

- Cool.

- Bah... bonne soirée.

- Toi aussi.

On se regarde et finalement, je repars en reprenant ma course. Je rentre et vais prendre une bonne douche. L'eau me coule sur le corps. Je ferme les yeux et repense à ma conversation sur la plage avec Joey. Il était tellement... j'ai revu le petit garçon de mon enfance dans son regard et aussi cette détresse de celui qui se sent coupable et qui n'as qu'une envie celle de se faire pardonner sincèrement. Je me sens mal. D'un côté, oui je lui en veux. Enfin, la petite fille de 12 ans amoureuse, qui s'est sentie blessée, lui en veux. De l'autre, la jeune femme que je suis devenue aimerait lui pardonner. Mais il me semble que je ne me sens pas prête à faire ça. Il me faut du temps. Peut-être que je finirais par lui pardonner complètement mais j'ai besoin de plus de preuve de sa repentance.

Le lendemain j'arrive au lycée. La veille au soir, mes parents et Olga m'ont assommé de question sur ma journée. Comment cela s'était passé ? Est-ce que j'avais revu mes harceleurs ? Est-ce que j'avais revu Joey ? Est-ce que je m'étais faite de nouveaux amis ? Sérieusement, on se serait cru au poste de police. J'avais presque l'impression d'avoir commis un délit et qu'on me forçait à avouer mon crime.

- Salut la plus belle ! Me dit Nina en me sautant presque dessus.

- Oh ! Nina. Ça va ?

- Ouais, super et toi ?

- Cool merci...

- Hey ! Faut trop que je te raconte, me dit-elle tout enjouée et un large sourire à en faire pâlir le soleil.

- Quoi ?

- Tu ne devineras jamais, me nargue-t-elle.

Tout en fermant mon casier.

- C'est sûr que si tu continues de jouer aux devinettes comme ça, je ne le saurais jamais.

- Et bien figures toi que j'ai croisé Gaston...

- Gaston ? Je la coupe.

- Oui, le meilleur ami de Joey.

Ok... donc ce doit être le garçon qui traine avec Joey.

- Oh ! Ok... et ?

- Et bah... je l'ai croisé au centre commercial et il est venu me parler.

- Vraiment ?

- Ouais !

- Et tu sais quoi ?

- Quoi ?

- Il m'a proposé qu'on se fasse une soirée restau-ciné tous les 4.

- Tous les 4 ?

- Ouais. Joey, toi, lui et moi, me répond-elle devant mon air effaré.

- Je te demande pardon ?

- Ouais, je sais, moi aussi ça m'a étonné, j'ai même cru qu'il me faisait une blague mais j'ai vite compris qu'il ne plaisantait pas.

J'en reste sans voix. Elle est sérieuse ? Une soirée avec Joey ? Non mais ça ne va pas dans sa tête ou quoi ?

- Non, mais tu n'es pas sérieuse là ? Je l'interroge.

- Bien sûr que si.

- Non... non, c'est hors de question.

- Quoi ? Pourquoi ?

- Je ne peux pas Nina, je t'ai raconté mon histoire hier et tu sais qu'avec Joey...

- Oh ! Aller Ali. Soit sympa. Oublies le passé. Je suis sûr que Joey s'en veut à mort pour cette histoire, m'implore-t-elle en faisant la moue...

Bien sûr que Joey s'en veut mais franchement c'est trop tôt.

- Nina, tu ne peux pas me demander ça. J'ai encore des choses à régler et il est trop tôt.

- Oh ! Vas-y, t'es pas cool...

- Mais pourquoi tu tiens tant que ça à faire une soirée avec eux.

- Bah... ce sont les populaires du lycée, joueur de l'équipe de football américain du lycée. En plus Joey est le capitaine de l'équipe. Et puis...

Elle s'arrête.

- Et puis ? Je lui demande curieuse de ce qu'elle va me répondre.

- Bah... moi, je le kiffe bien Gaston.

Alors là, je suis sur le cul. Je ne m'attendais pas à une telle révélation.

- Attends. T'es sérieuse ? Tu craques pour Gaston ?

- Ouais, je le trouve trop craquant. Sous ses airs de Bad Boy c'est un cœur d'artichaut.

Je la regarde et éclate de rire.

- Quoi ? Pourquoi tu ris ?

- Non pour rien. Jamais j'aurais pensé que la geek intello pourrait craquer pour un quater back .

- Bah... si, tu vois, me fusille-t-elle du regard.

Je reprends mon sérieux.

- Oh ! Ok... euh... désolée...

J'ai juste envie de rire encore et me retiens.

- Et puis tu abuses parce que si tu crois qu'hier je ne me suis pas aperçu que tu fondais à nouveau pour ton coup de cœur d'enfance.

- Quoi ? De quoi tu parles ? Je lui fais genre je sais pas ce que tu racontes.

- Bah... ouais, Joey. Tu fais celle qui n'en a rien à faire, mes tes yeux te trahissent quand ils se posent sur lui.

Ok, je suis grillée. Ce coup-ci, c'est elle qui rit devant ma mine déconfite.

- Aller viens, on va finir par être en retard en cours, me dit-elle toujours en riant.

On va en salle de classe quand on arrive Joey et Gaston sont déjà là. Joey me fait un sourire et un petit signe de la main ce qui ne tombe pas dans l'œil d'une aveugle. On s'installe à notre table avec Nina.

- Hey ! C'était quoi ça ?

- C'était quoi ? Quoi ?

- Ça va, fais pas l'innocente. Le petit sourire de Joey et son petit signe de la main. Il y a un truc que tu ne m'as pas dit ? M'interroge-t-elle curieuse de vouloir tout savoir.

- Heu...

Mais pas le temps de répondre que ça sonne le début du cours et que la professeure d'Espagnol fait irruption en classe.

- Buenos días todo el mundo.

- Buenos días señora, nous répondons tous en cœur.

Le cours débute. Merci mon dieu me voilà un temps de répit même s'il n'est que de courte durée. A la récré  je vais au toilette.

- Tu as vu Joey ?

- Quoi ?

- Quand Nina et la nouvelle sont arrivés son visage c'est illuminé. Il a souri et fait signe de la main à la nouvelle.

- Ouais, ou à Nina.

- T'es dingue. Il ne ferait jamais ça à Nina. Tout le monde sait bien que Gaston en pince pour elle et Joey doit bien le savoir. Non, lui il craque trop pour la nouvelle ça se voit trop.

- Mouais, je sais pas vraiment ce qui lui trouve ?

- Attends, t'es pas sérieuse ? Non mais tu ne l'as pas bien regardé, je crois. Attends, cette meuf elle est juste canon. Tous les mecs du lycée ne parlent que d'elle et bave sur son passage.

- Mouais, enfin tu connais nos deux lascars tout ce qu'ils veulent, c'est les rajouter à leur tableau de chasse. Joey va la sauter et il passera à la suivante comme à chaque fois.

J'hallucine d'entendre ça, sérieux. Joey et Gaston des coureurs de jupons ?

- Ouais, sauf que je sais pas pour Gaston mais Joey je crois qu'il craque complètement pour la nouvelle.

- Quoi ? Comment ça ?

- Bah... ouais tu n'as pas vu comment il la regardait ?

- Non, je n'ai pas fait gaffe.

- Bah... franchement, il la regarde pas comme une chose qui doit finir dans son lit. Non, son regard est doux et bienveillant. Je crois qu'avec elle il aimerait plus que juste la sauter.

- T'es sérieuse ? Tu crois qu'il veut quoi ?

- Bah... c'est clair. Je pense qu'il a envie de se caser avec elle.

J'en reste sans voix. Qu'est-ce que cette fille veut dire ?

- Attends, tu es en train de me dire que tu penses que pour cette fille, Joey pourrait devenir sérieux sexuellement et faire une croix sur toutes les autres filles ?

- C'est ça.

- Non impossible. Joey aime trop se moquer des meufs, il fera pareil avec elle.

- Ben...je suis pas si sûr. Toi, tu dis ça parce que tu pensais que ce serait le grand amour avec lui mais qu'il s'est moqué de toi mais avec elle c'est autre chose...

Je les entends sortir et sort des toilettes. Ces filles sont sérieuses. Alors Joey serait un genre de Casanova.

Le midi on va à la cantine. On s'installe avec Nina et je vois Joey et Gaston arriver. Ils passent près de nous.

- Bon appétit Ali... me dit-il en souriant.

- Euh... Merci toi aussi...

Il me sourit à nouveau et va s'installer à une table plus loin.

- Okkkkkkaaaaayyyyy... tu m'expliques ?

Je regarde Nina.

- T'expliquer quoi ?

- Avec Joey ! Ce matin, il t'adresse son plus beau sourire avec un petit signe de la main et là, il te souhaite bon appétit, alors crache le morceau...

Je la regarde. Mais qu'est ce qui lui prend de parler comme ça ?

- Ok. Hier, je suis allée faire un footing sur la plage. Et en fait, je l'ai croisé.

- Qui ? Joey ?

- Bah... à ton avis ?

- Bah... oui, je suis bête, on parlait de lui.

Je souris.

- Bon et alors ?

- Et bien... il m' a arrêté et il voulait qu'on parle.

- De quoi ?

- De ce qu'il s'est passé il y a 6 ans.

- Tu es sérieuse ? Et il t'a dit quoi ?

- Des trucs trop... je sais pas comment dire. Il m'a fait ses excuses.

- Ah ! Tu vois, je te l'avais dit qu'il n'était pas méchant, me lâche-t-elle ravie d'elle-même.

- Oui c'est vrai. Il m'a dit qu'il ne sait pas ce qu'il lui avait pris de rire, certainement l'hilarité communicative des autres. Mais qu'il s'en est voulu dès qu'il a vu les larmes dans mes yeux.

- C'est tout Joey ça. Je te l'avais pourtant dit. L'association "tous contre le harcèlement" sans le savoir tu en es l'instigatrice.

Ouais, ça je le sais maintenant.

- Tu vas faire quoi alors ?

- Je sais pas. Je lui en veux parce que j'avais des sentiments pour lui mais d'un autre coté j'ai senti toute sa sincérité alors je ne sais pas trop. J'ai besoin de temps je crois.

- Ouais, je te comprends après ce que tu as vécu. Mais avoue, tes sentiments pour lui son rester intact, hein ? Me demande-t-elle avec un air innocent.

Je la regarde. Si elle savait. Moi qui m'étais jurée de ne pas me laisser avoir, je crois que j'ai plongé droit dedans.

- Bah... honnêtement, je ne peux pas dire ce que je ressens vraiment mais une chose est sûr hier il a été tellement... lui.

************************************Bon, désolée mes p'tits pandas roux. Je voulais publier lundi soir mais je n'ai pas pu. J'ai retrouvé un travail et pour ma reprise je suis un peu claquée. Aujourd'hui, je suis de repos alors je profite d'un temps de répit. Je vais quand même tenter de mettre un chapitre régulièrement. Bisous mes p'tits pandas roux adorés.

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