...10 juin 1977 – *****19h45*****...
Un petit restaurant discret de Knightsbridge, Londres.
•Frederick :• (tire la chaise pour Diana) Vous êtes en retard, mais je vous pardonne. Vous êtes rayonnante ce soir.
•Diana :• (s’assied, un peu nerveuse) Je me suis perdue en venant… et j’ai changé trois fois de tenue.
•Frederick :• Vous auriez pu venir en bottes de pluie, je vous aurais trouvé superbe quand même.
•Diana :• C’est ce genre de phrases qui fait que je me méfie des gentlemen charmants.
•Frederick :• Alors il faudra que je vous prouve que je suis autre chose qu’un gentleman.
•Diana :• (sourit) Voilà qui commence bien mal.
•[Le serveur dépose deux menus. Ils ouvrent.]•
•Frederick :• J’espère que ce lieu vous plaît. Discret, mais raffiné.
•Diana :• J’apprécie. Il n’y a pas une seule Lady Pembroke à l’horizon.
•Frederick :• (grimace) Elle n’est pas mauvaise, vous savez. Juste… obsédée par l’image.
•Diana :• Et vous, Frederick ? L’image vous importe-t-elle autant qu’à elle ?
•Frederick :• Plus jeune, oui. Maintenant, je suis fatigué de tout ça. Je veux quelque chose de vrai.
•[Ils commandent. Diana observe l’ambiance feutrée.]•
•Diana :• Vous savez ce qui est étrange ? Être ici, à parler comme deux personnes normales.
•Frederick :• Parce qu’on ne l’est pas ?
•Diana :• Parce que personne n’attend de nous d’être « normaux ». On attend de moi que je sois parfaite. Gracieuse. Inoffensive.
•Frederick :• Et moi, que je sois l’héritier discipliné, toujours d’accord avec le monde. Mais parfois j’ai envie de tout brûler.
•Diana :• Je ne suis pas aussi dramatique, mais j’ai envie de m’enfuir parfois. Vivre à Paris, dans un studio minuscule et vendre des fleurs.
•Frederick :• (la regarde tendrement) Et moi, je viendrais acheter un bouquet chaque matin, sans jamais oser vous parler.
•[Le serveur apporte les plats. Moment de silence confortable.]•
•Diana :• Vous avez toujours voulu une vie comme celle-ci ?
•Frederick :• Non. J’ai toujours voulu… un piano, un petit salon, et une femme avec qui je pourrais rire au petit déjeuner.
•Diana :• (sourit doucement) Vous êtes un romantique, Frederick Pembroke.
•Frederick :• Et vous, Diana Spencer, êtes bien plus rebelle que vous ne le laissez paraître.
•Diana :• On m’a souvent dit que j’étais trop douce. Trop « fille de bonne famille ». Je commence à croire que c’est un masque pratique.
•Frederick :• Et qu’est-ce qu’il y a derrière le masque ?
•Diana :• (long silence) Une voix que je n’ai pas encore appris à élever.
•[Dehors, la pluie commence à tomber.]•
•Frederick :• On dirait que Londres veut nous garder encore un peu ici.
•Diana :• J’espère qu’elle n’attend pas qu’on lui raconte des secrets, elle serait déçue.
•Frederick :• Et si je vous demandais un secret ? Un vrai.
•Diana :• (hésite) Je rêve souvent que je suis seule. Mais dans mes rêves, la solitude est douce. Pas comme dans la vraie vie.
•Frederick :• (pensif) Moi, je rêve que j’échoue toujours à attraper ce que je veux. Comme si tout m’échappait à la seconde où je tendais la main.
•Diana :• Peut-être que vous tendez la main trop tôt.
•[Ils finissent le repas. Ils refusent le dessert.]•
•Frederick :• Je vous raccompagne ? Il pleut toujours.
•Diana :• Si vous promettez de ne pas glisser sur le trottoir, oui.
•Frederick :• (lui tend son manteau) Je promets d’essayer.
•[Dans la voiture de Frederick, en route vers Spencer House.]•
•Diana :• Je redoute l’instant où je franchirai la grille. Tout redeviendra… surveillé.
•Frederick :• Vous pouvez m’écrire. Ou m’appeler. Ou juste... fermer les yeux et repenser à ce dîner.
•Diana :• Je pourrais aussi m’enfuir avec vous. Vendre des fleurs à Paris, souvenez-vous.
•Frederick :• Ne me tentez pas, Lady Spencer.
•Diana :• Je vous tente ?
•Frederick :• Vous me hantez déjà.
•[Arrivés devant Spencer House.]•
•Frederick :• Merci pour ce moment. Merci d’avoir été… vous.
•Diana :• Merci d’avoir été quelqu’un d’autre que ce que j’attendais.
•Frederick :• Je vous embrasserais bien, mais j’ai peur que les buissons soient remplis de domestiques.
•Diana :• Vous n’avez pas peur de moi ?
•Frederick :• (sourit) Si. Mais j’ai toujours aimé les choses effrayantes.
•Diana :• Alors bonne nuit, Frederick.
•Frederick :• Bonne nuit, Diana.
•[Diana entre, referme doucement la porte derrière elle. Madame Crawley l’attend dans le hall.]•
•Madame Crawley :• Alors, mademoiselle… Était-ce un dîner digne d’un roman ?
•Diana :• Non, Crawley. C’était mieux. C’était… réel.
[FIN DU CHAPITRE 04]
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