III

La bagarre entre Simon et le garçon blond tournait au chaos total. Des poings s’abattaient, des coups de pied volaient, les deux s’empoignaient comme des lutteurs de foire mais avec le luxe du campus en arrière-plan, ce qui rendait la scène encore plus irréelle. Chaque cri, chaque “ OH ! ” lancé par les élèves donnait l’impression d’assister à un combat de boxe retransmis en direct.

Très vite, la rumeur s’était répondue comme une traînée de poudre. Les élèves installés dans les classes aux étages s’étaient déjà massés contre les fenêtres, cognant sur les vitres, hurlant des encouragement ou des acclamations. D’autres avaient carrément laissé tomber les cahiers et professeurs pour courir dans le hall, puis dans la cour…

En quelques minutes, Saint-rose ressemblait moins à une école privée prestigieuse qu’à une arène de gladiateurs. Les professeurs essayaient bien de contenir les élèves dans leurs classes, mais personnes ne résistait à l’attrait d’un tel spectacle.

Puis… une silhouette apparut.

Le claquement distinct de talons aiguilles sur le sol pavé, suivi du bruissement d’un tissu d’une élégance irréprochable. Une aura glacial balaya la cour.

Mme Count Clara, la directrice, faisait son entrée.

Ses cheveux blancs, d’un éclat presque argenté, étaient rassemblés en un chignon parfait, tenu par une épingle en nacre. Sa taille, frêle mais droit comme un sabre, se glissait dans une veste sur mesure couleur ivoire, fermée par un bouton doré. Autour de son cou scintillait une rangée de perles rares, aussi précieuses que son regard etait tranchant. Ses lèvres maquillées d’un rouge profond étaient scellées dans une ligne stricte, et chacun de ses pas résonnaient comme un avertissement.

À ses côtés, Leon, son éternel secrétaire, avançait à l’unisson. Ancien élève de l’école, il n’avait jamais perdu son air impeccable. Vingt ans à peine, mais déjà le port altier d’un duc. Costume anthracite parfaitement ajusté, chemise immaculée, cravate bleu nuit, chaussures vernies dans lesquelles on pouvait presque se refléter. Son carnet de cuir noir reposait dans sa main gauche, son stylo plume dans la droite, prêt à noter chaque ordre de sa supérieure. Sa posture, ses gestes, jusqu’à la manière dont il levait le menton… tout copiait la directrice, comme si elle l’avait façonné elle-même.

Et là comme si quelqu’un avait appuyé sur un bouton magique, le chaos cessa. Un silence de cathédrale tomba sur la cour. Les élèves, qui deux secondes plus tôt criaient comme des fous, se figèrent, le souffle suspendu. Même Simon et le blond, encore collés l’un à l’autre, poing levés, s’immobilisèrent un instant.

— Oh non… [ chuchota Elyas toujours serrant le sac du blond contre lui. sa voix tremblait un peu ] Rien que sa présence m’effraie…

Il tenta un sourire pour se donner une contenance mais déglutit discrètement.

Matteo, à ses côtés, ouvrit grand les yeux.

— *C’est… c’est elle ? La fameuse Count ?!

— Ouais… le cauchemar de Saint-rose en personne. Et crois moi, même un tigre affamé a moins de présence qu’elle.

— On dirait qu’elle peut te renvoyer juste en clignant des yeux…

— Tu dis ça comme une blague, mais je suis sûr qu’elle peut… *

Tout deux se figèrent lorsque Mme Count ouvrit la bouche. Une seule phrase, claire, posée, mais d’une fermeté écrasante :

— Tous en classe.

Pas un mot de plus. Et pourtant, comme des automates, les élèves s’exécutèrent. Ceux qui s’agglutinaient aux fenêtres disparurent derrière les rideaux. Ceux massés dans la cour tournèrent les talons sans protester. Même les retardataires, Elyas compris, n’osèrent qu’un bref regard avant de s’éclipser.

Elyas, avant de se retourner, laissa glisser un regard derrière lui. Le blond, couvert de sang, essoufflé, se redressait lentement. Sa chemise déchirée laissait voir davantage sa peau sculptée. Il semblait encore prêt à bondir, les yeux enflammés. Elyas soupira intérieurement.

“ Les pauvres… franchement, je n’aimerais pas être à leur place. Surtout pas face à elle ”

Puis il emboîta le pas aux autres, aux côtés de Matteo. Leurs silhouette disparurent dans la foule qui s’engouffrait dans le hall luxueux de l’école.

Il ne demeurait plus que Simon, le blond, la directrice et Leon.

Mme Count avança d’un pas lent mais implacable, comme un juge qui s’apprête à prononcer une sentence capitale. Ses yeux se posèrent sur les deux garçons dans leur état pitoyable : nez en sang, joues tuméfiées, vêtements arrachés.

— Une honte. Une infamie. Dans cet établissement ?!

Sa voix n’avait pas besoin de crier ; son ton ciselé était plus tranchant qu’une gifle.

Simon tenta :

— Madame la directrice, c’est lui qui…

— Silence.

Son mot claqua net, comme un fouet. Simon ravala le reste, livide.

Leon, qui observait avec ses yeux froids, ajouta calmement :

— À dix-sept ans, messieurs, on devrait avoir dépassé les jeux de barbares. Vous n’êtes pas dans une cage de combat, mais dans un sanctuaire du

savoir. Et regardez-vous : deux caricatures ensanglantées.

Le blond détourna le regard, mâchoire serrée, totalement indifférent à leur sermon. Simon, lui fulminait, mais n’osa pas couper à nouveau.

Mme Count reprit, implacable :

__ *Simon, **demain, vos parents seront convoqués. Et vous travaillerez à la cantine pendant un mois. Si vous vous présentez sans eux… considérez vos études terminées ici. *

Simon ouvrit la bouche, scandalisé :

— Mais c’est… injuste !

*— La justice n’a pas besoin de votre avis, monsieur Delacroix, trancha-t-elle en plantant son regard dans le sien. *

Elle se tourna ensuite vers le blond, son expression impénétrable :

— Vous. Un mois de cantine également. Vos parents ne seront pas convoqués… pour cette fois. Estimez-vous heureux d’être un nouveau élève dans cet établissement.

Simon éclata :

— Quoi ?! Mais il a commencé ! Vous ne pouvez pas…

— Suffit.

Un seul mot et la colère de Simon s’écrasa contre un mur invisible.

La directrice fit un léger signe de tête à Leon, et déjà il notait la punition dans son carnet, l’air d’un notaire qui scelle un contrat.

Enfin, Mme Count tourna les talons, son pas droit et assuré, ses perles scintillant sous le soleil.

— Vous pouvez disposer.

Simon cracha au sol, un mélange de salive et de sang, juste devant les chaussures du blond, avant de s’éloigner en le fusillant du regard. Le blond, impassible, lui rendit un regard d’une intensité glacial, prêt à tout sauf à la reddition.

Et derrière eux, Mme Count et Leon quittaient la scène, leurs silhouettes presque royales s’éloignant comme dans un défilé.

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