jeu dangereux

La soirée avançait, et l’ambiance au resto était… étrange. Un mélange de piques subtiles, de sourires tendus, et de maladresses assumées. Wibon lançait des regards à Elran. Kalie balançait des vannes comme si elle animait un stand-up. Et moi, j’étais là, entre mon steak-frites et ma guerre intérieure.

— Franchement, Elran, t’as pas changé… toujours aussi chiant avec tes légumes, lança Kalie en lui piquant un haricot.

— T’as toujours pas appris à fermer ta bouche, répondit-il, l’air blasé.

— Oh non, surtout pas. Tu serais triste sans mes blagues pourries. Hein Neyl ? dis-moi que t’es content qu’on habite ensemble maintenant !

Je me suis étranglé avec mon eau.

— Euh… ouais, ouais. C’est sympa.

Wibon, elle, a levé un sourcil. Juste un. Mais assez pour faire trembler l’univers.

— Vous habitez ensemble ? répéta-t-elle doucement.

J’ai senti la sueur dans mon dos.

— En coloc, hein. Pas… ensemble. Juste… pratique.

Kalie, évidemment, en a rajouté.

— Ouais, puis Neyl est tellement bordélique, ça m’oblige à nettoyer tout le temps. Une vraie mère au foyer ce gars.

Elran a éclaté de rire, le premier de la soirée.

— Tu vas en baver, Kalie. Crois-moi.

Pendant quelques secondes, tout le monde a ri. Même Wibon. Et j’ai capté quelque chose. Ce quatuor, aussi bancal soit-il, allait changer nos vies. D’une manière ou d’une autre.

Et si c'était exactement ce dont on avait besoin ?

Après ce dîner étrange, chacun est reparti de son côté. Mais Kalie et moi, sur le trottoir, on savait qu’on ne pouvait pas s’arrêter là. On s’est regardés, comme deux conspirateurs.

— Il nous faut un plan, a soufflé Kalie, son chat perché sur son épaule comme un pirate.

— Un plan pour quoi ? ai-je demandé, encore un peu secoué par la soirée.

— Pour qu’ils se souviennent pourquoi ils nous ont aimés. Qu’on leur manque. Qu’ils réalisent qu’on est irremplaçables.

Elle avait un sourire presque diabolique, mais un éclat d’espoir dans les yeux. Et moi, j’ai senti un frisson : ce jeu allait nous consumer, mais on était déjà trop loin pour reculer.

Le lendemain, on est passés à l’action.

Première étape : s’afficher ensemble. Kalie m’a traîné au café préféré de Wibon et Elran. On a pris des selfies débiles, ri trop fort, fait mine d’être complices. Pas amoureux, non. Juste… inséparables.

Quand Wibon est entrée par hasard (ou pas), elle s’est figée. J’ai vu son regard. Elle oscillait entre amusement et… jalousie ? Peut-être que ça marchait.

Wibon n’avait pas prévu de les voir là.

Elle était juste venue prendre un café, seule, pour respirer un peu. Et elle était tombée sur *eux* : Neyl et Kalie, riant comme deux gamins, aussi proches qu’un vieux couple complice.

Et ça l’avait agacée.

Pas parce qu’elle était jalouse. Enfin… si, peut-être un peu.

Mais surtout parce que c’était Neyl. *Son Neyl*, avec qui elle avait partagé des années, des souvenirs, des blessures.

Elle s’est assise loin, commandé un thé qu’elle ne boirait pas, et a tenté d’ignorer le nœud dans son ventre.

***

Elran, lui, n’avait jamais vu Kalie aussi… lumineuse.

Il avait toujours su qu’elle avait une énergie particulière, un humour bizarre, une façon de dire les choses sans filtre. Mais la voir là, aussi rayonnante avec un autre, ça l’avait piqué.

Un peu.

Il s’était contenté de saluer d’un signe de tête. Froid. Distant.

Mais dans sa tête, il se disait :

Pourquoi ça me dérange ?

***

Kalie, elle, avait tout vu.

Elle avait vu le regard de Wibon se poser sur Neyl, l’éclat blessé dans les yeux d’Elran, et le trouble qu’ils essayaient tous de cacher. Elle a glissé à Neyl, à voix basse :

— C’est pas juste un jeu, tu sais. Ces regards-là… c’est des bombes à retardement.

Neyl a fixé Wibon un instant.

— Et on est en plein dessus

Plus tard ce soir-là, l’appart était calme. Trop calme.

Kalie était affalée sur le canapé, un bol de céréales dans les mains à 23h.

— Tu trouves pas qu’on est en train de devenir les méchants de notre propre film ? demanda-t-elle en mâchonnant pensivement.

— Peut-être, ai-je admis en m’asseyant à côté d’elle.

— C’est flippant comme ce plan commence à me plaire.

Je l’ai regardée. Ses cheveux étaient en bataille, elle portait un vieux t-shirt trop grand, et pourtant… elle dégageait un truc sincère. Vrai.

— On va pas tomber amoureux, hein ? a-t-elle demandé, mi-sérieuse mi-moqueuse.

— Non. T’inquiète. On est des alliés, pas un couple.

— Parfait. Parce que je suis déjà nulle en amour. Si en plus je deviens nulle en trahison...

On a ri. Un vrai rire, cette fois.

Et pendant un instant, dans cette petite bulle de nuit, j’ai compris que même si tout foirait… au moins, on ne serait pas seuls.

Episodes

Télécharger maintenant

Aimez-vous ce travail ? Téléchargez l'application et vos enregistrements de lecture ne seront pas perdus
Télécharger maintenant

Bien-être

Les nouveaux utilisateurs peuvent télécharger l'application pour débloquer 10 chapitres gratuitement.

Recevoir
NovelToon
Ouvrir la porte d'un autre monde
Veuillez télécharger l'application MangaToon pour plus d'opérations!