Les jours s’enchaînaient, et Justin s’enfonçait peu à peu dans le monde de Carlos. Pas à pas, avec prudence, mais sans jamais reculer. Il avait changé de rythme. De peau.
Ce soir-là, une réunion importante avait lieu dans un appartement luxueux du XVIe. Carlos avait décidé d’emmener Justin.
— « Tu ouvres ta gueule que si on te parle. Tu souris pas trop. Tu observes. Tu retiens. »
— « Compris. »
— « Et reste proche de moi. »
Justin hocha la tête.
À l’intérieur, des hommes en costume. Des verres de whisky. De la tension dans l’air. *Meghan*, bras droit d’un autre clan, était là aussi. Robe rouge sang. Elle jaugea Justin en silence.
— « Carlos, tu recrutes dans les lycées maintenant ? » lança-t-elle.
— « Je recrute là où y’a de la matière. Et lui, il en a. »
— « Hm… » Meghan s’approcha de Justin.
— « Et toi, t’as quoi ? À part une gueule d’ange ? »
Justin répondit froidement :
— « J’ai des yeux. Et j’ai déjà vu vos hommes planquer des armes sous leur veste. Pas très discret. »
Un silence. Puis Meghan éclata de rire.
— « Je l’aime bien. »
Carlos sourit discrètement.
— « Moi aussi. »
***
Pendant ce temps, *Valentin* s'énervait contre Edwine devant le bar où elle bossait.
— « T’es au courant que Justin traîne avec Carlos ? »
— « Je sais. Et je suis inquiète. »
— « Inquiète ? Mec, il joue avec le feu, et toi t’es là à croiser les doigts ? »
Edwine baissa les yeux.
— « Tu veux faire quoi ? Le tirer de là ? Il t’écoutera pas. Il a changé. »
— « Moi aussi. »
***
De retour à l’entrepôt, Rachel s'approcha de Justin.
— « T’es à l’aise dans cette merde ? »
— « Plus que dans ma vie d’avant. »
— « T’as peur de quoi ? »
— « De moi-même. »
Rachel fixa Justin longuement.
— « Alors t’es prêt. »
Carlos les observait de loin. Il n’avait jamais voulu s’attacher. Il ne voulait pas l’admettre… mais Justin n’était pas qu’un pion.
***
Le soir même, un deal tourna mal à Belleville. Valentin et Bob y étaient. Fusillade. Course-poursuite. Et un blessé grave du côté de Carlos.
Quand il arriva sur les lieux, Carlos vit *Bob* couvert de sang.
— « C’est qui ? »
— « Le gang des Serbes. Ils veulent le quartier. Ils savent pour toi et Justin. »
Carlos serra les dents.
Justin arriva à ce moment-là.
— « C’est de ma faute ? »
— « Non, répondit Carlos. C’est de la mienne. J’ai laissé les failles ouvertes. »
Justin avança, posa sa main sur l’épaule de Carlos.
— « Alors on les referme ensemble. »
Carlos le regarda longtemps.
— « Ensemble. »
Mais dans l’ombre, quelqu’un les observait. Quelqu’un qui n’aimait pas du tout cette nouvelle alliance…
Les jours suivants furent un mélange d'entraînements, de silence et de tension croissante. Justin suivait Carlos partout, dans les ruelles sombres, les entrepôts remplis de cartons mystérieux, les rendez-vous avec des hommes qui ne souriaient jamais. Il apprenait à se taire, à regarder, à écouter. À survivre.
Carlos, lui, le testait. Il ne disait rien, mais observait chaque réaction, chaque tic nerveux, chaque regard de Justin. Il n’était plus juste ce garçon paumé. Il devenait quelque chose d’autre. D’instinctif. De dangereux.
***
Un soir, ils étaient dans un garage désaffecté du côté de Saint-Ouen. Bob était là, aussi Rachel. Carlos avait amené Justin pour une première « mission ». Un simple échange.
— « T’as compris ce que t’as à faire ? »
— « Je récupère la valise, je la vérifie pas, je dis pas un mot. »
— « Bien. »
Mais à l’intérieur, rien ne se passa comme prévu. L’homme en face d’eux était nerveux. Trop nerveux. Et Justin le vit. La main sous la table. L’arme.
— « C’est un piège ! » cria-t-il.
Un coup de feu. Puis un autre. Carlos tira le premier. Rachel plaqua Justin au sol. Bob riposta dans l’ombre. Et en moins de trente secondes, le garage fut rempli de fumée, de cris, d’éclats de métal et de sang.
Quand tout se calma, Justin avait les mains tremblantes. Un mort gémissait encore près de la porte.
Carlos s’approcha.
— « C’est fini. Tu t’en es bien sorti. »
— « J’ai failli crever… »
— « Bienvenue dans la vraie vie. »
***
Quelques jours plus tard, Meghan, toujours aussi provocante, croisa Justin dans un club.
— « Alors, petit soldat, tu tiens le coup ? »
— « Tu crois que c’est un jeu, hein ? »
— « Tout est un jeu. Faut juste savoir quelles cartes tu veux jouer. »
Elle lui glissa un billet avec une adresse.
— « Si un jour tu veux vraiment comprendre ce monde, viens ici. Mais sans Carlos. »
Justin la fixa, méfiant.
— « Pourquoi tu fais ça ? »
— « Parce que t’es pas un pion. T’es peut-être un roi. Ou un joker. »
***
Carlos, pendant ce temps, s’était isolé. Trop d’ennemis, trop de failles. Il revoyait sans cesse Justin en train de le couvrir. De risquer sa peau.
— *Pourquoi je m’inquiète autant pour lui ?*
Il ne voulait pas aimer. Il ne devait pas aimer. Mais c’était trop tard.
***
Et dans l’ombre… Valentin, Edwine et un mystérieux professeur suivaient tout. Car ce n’était plus juste une guerre de gangs.
C’était devenu *une guerre de sentiments, de loyauté… et de survie.*
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