l'éveil des blessures

Le lendemain, Alayna se réveilla en sursaut. Le souvenir de la nuit passée hantait encore l’air autour d’elle. Les mots d’Adrien tournaient en boucle dans son esprit : *« Tu es brisée… et tu veux que je te recolle. »* Elle détestait à quel point cela sonnait vrai.

Elle descendit les escaliers du manoir, pieds nus, frissonnante. Le silence était pesant, presque étouffant. Dans le grand salon, Adrien était là. Debout devant l’immense baie vitrée, une main dans la poche, l’autre tenant un livre qu’il ne lisait pas vraiment.

— Tu as mal dormi, dit-il sans se retourner.

Elle s’arrêta. Il savait. Il voyait toujours à travers elle.

— Tu m’as laissée seule, murmura-t-elle. Après ce que tu m’as dit.

Il se retourna enfin. Ses yeux étaient différents ce matin-là. Moins glacés. Plus… douloureux.

— Je ne suis pas ton sauveur, Alayna. Je ne suis même pas sûr d’être ton mal.

Elle le fixa, désemparée.

— Alors pourquoi tu m’empêches de partir ?

Un silence. Puis il s’approcha, doucement. Trop doucement.

— Parce que je veux te briser à ma manière… Et qu’une part de toi le veut aussi.

Le cœur d’Alayna battait trop vite. Était-ce de la peur… ou du désir ?

Alayna aurait dû fuir. Tout chez Adrien hurlait le danger. Il était le genre d’homme qu’on ne regarde pas trop longtemps, de peur d’y laisser son âme. Mais elle était déjà enchaînée. Pas par des liens visibles… par son regard, sa voix, cette autorité glaciale et magnétique qu’il imposait sans élever le ton.

Il s’approcha encore. Alayna sentit son souffle contre sa joue.

— Tu veux comprendre ? Alors tu dois obéir.

Elle tressaillit.

— Obéir à quoi ?

Il leva une main, effleura sa gorge du bout des doigts, sans jamais vraiment la toucher.

— À tes propres ténèbres. Celles que tu caches. Celles que tu veux que je réveille.

Elle le fixa, perdue.

— Et si j’ai peur ?

Il sourit, cette fois sans masque.

— Alors c’est que tu es prête.

Il attrapa doucement son menton, força son regard à rester dans le sien.

— À partir de maintenant, tu es à moi. Jusqu’à ce que tu n’en puisses plus. Ou que tu n’en veuilles plus. Mais il n’y aura pas d’échappatoire.

Le silence qui suivit n’était plus vide. Il était lourd, chargé d’un pacte silencieux. Et quand il laissa glisser une clé dans sa main — une clé dorée, ancienne, probablement celle de l’aile Est interdite — elle comprit que quelque chose de bien plus grand venait de commencer.

La clé semblait brûler sa paume, comme si elle scellait une dette invisible.

Quand leurs regards se croisèrent dans le miroir fendu du couloir, elle vit autre chose dans ses yeux — quelque chose d’inhumain.

Et pourtant, elle ne recula pas… car une partie d’elle avait toujours attendu ce vertige-là.

une espèce de joie et de peur tout était flou dans sa tête.

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