le pacte

La pluie n’avait pas cessé depuis trois jours. Le manoir semblait respirer avec elle, sombre et étouffant. Alayna ne dormait plus. Depuis sa visite dans l’aile interdite, elle sentait quelque chose rôder. Pas un fantôme. Pas une présence. Mais une part d’elle-même… qu’Adrien avait réveillée.

Elle se mit à dessiner frénétiquement. Des visages inconnus. Des ombres. Des chaînes. Et toujours ce regard. Celui du portrait. Celui d’Adrien. Comme s’ils la poursuivaient même hors de ses rêves.

Ce soir-là, Adrien l’attendait encore. Il lui tendit un carnet noir.

— Écris ce que tu ne peux pas dire, Alayna. Tu veux comprendre ce que tu es devenue ? Commence par ça.

Elle ouvrit le carnet. Des pages vierges. Mais sur la première, une phrase y était déjà inscrite, de son écriture à lui :

*"Chaque passion porte en elle sa propre malédiction."*

— Qu’est-ce que tu attends de moi ? demanda-t-elle.

— Que tu restes. Que tu t’abandonnes. À moi. À toi-même. Au vide.

Il s’approcha, la frôla. Pas de baiser. Juste une tension brûlante, insupportable.

— Tu as réveillé quelque chose, Alayna. En moi. Et je ne sais pas si c’est une promesse… ou une fin.

Elle ferma les yeux, tremblante.

— Alors enseigne-moi le feu, murmura-t-elle. Même si je m’y brûle.

Adrien la fixa un long moment, puis recula lentement.

— Dans ce manoir, le feu ne réchauffe pas… il consume.

Et tandis que la porte se refermait derrière lui, Alayna sut une chose : elle venait de signer un pacte. Un pacte silencieux… mais irréversible.

…Alayna recula d’un pas, les doigts toujours crispés sur le médaillon. La voix qu’elle avait entendue n’était pas seulement dans sa tête. Elle résonnait. Elle existait. Comme un souffle glacial qui frôlait sa nuque.

— Tu veux connaître la vérité ? Alors accepte de voir ce que les autres refusent, souffla la voix, grave, presque douce.

Elle tourna brusquement, mais la pièce était vide. Seule, la cheminée s’était rallumée sans qu’elle ne l’ait touchée. Le feu dansait avec violence, projetant sur les murs l’ombre d’une silhouette… celle d’Adrien.

Mais lorsqu’il entra vraiment, quelques secondes plus tard, vêtu d’un manteau détrempé, elle comprit que ce qu’elle avait vu… n’était pas lui.

— Tu es pâle, remarqua-t-il en s’approchant. Tu as vu quelque chose ?

Elle hocha la tête, incapable de parler.

Il s’agenouilla devant elle, lui prenant le médaillon.

— Ce n’est pas juste un bijou. C’est un rappel. Ce manoir… ce que tu es… Tout est lié. Tu veux partir ?

Elle ouvrit la bouche, mais aucun son n’en sortit.

— Parce que si tu restes, murmura-t-il, je te montrerai ce que signifie vraiment désirer quelqu’un. Et ce que cela coûte.

Ses mots la brûlaient plus que le feu. Et pourtant… elle hocha la tête.

Alors il l’embrassa.

Pas tendrement. Pas doucement. Un baiser cruel, affamé, presque douloureux… mais terriblement réel. Et c’est là qu’elle comprit : elle avait franchi un seuil dont on ne revient pas.

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Comments

Kei Kurono

Kei Kurono

Quel roman captivant, je suis accro !

2025-07-31

2

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