Seul avec lui

Le matin où maman est partie, j’ai eu du mal à respirer.

Elle avait dit qu’elle devait partir plusieurs jours, que c’était pour le travail, mais je sentais que c’était plus compliqué que ça.

Elle ne voulait pas me dire où elle allait, ni quand elle reviendrait.

— Ewan, je dois te laisser avec ton oncle, a-t-elle murmuré en évitant mon regard.

Ses mains tremblaient légèrement.

— Mais… pourquoi ?

— Je n’ai pas le choix, mon chéri, c’est important. Je dois y aller.

J’ai senti mon estomac se nouer.

J’avais peur. Une peur sourde, profonde, que je n’arrivais pas à cacher.

Parce que l’oncle, lui, il ne me fait pas peur comme les autres.

Il me terrifie.

Je me suis recroquevillé dans ses bras, essayant de retenir mes larmes.

— Promets-moi que tu reviendras vite…

Elle a hoché la tête, mais ses yeux trahissaient une inquiétude qu’elle voulait cacher.

Plus tard dans la matinée, j’ai entendu la porte s’ouvrir.

Il est entré, l’air calme, un sourire forcé accroché aux lèvres.

— Salut, gamin.

Sa voix avait ce ton particulier, à la fois doux et menaçant.

Je ne savais pas quoi répondre.

J’avais envie de disparaître, de me cacher, de fuir.

Il a avancé vers moi, lentement.

— Allez, t’inquiète pas, ça va bien se passer.

Mais je savais que c’était un mensonge.

Je me suis réfugié dans ma chambre, j’ai verrouillé la porte, mais il a commencé à taper, doucement d’abord, puis de plus en plus fort.

— Ouvre, gamin, ça sert à rien de faire ça.

Je me suis recroquevillé dans un coin, les larmes coulant sans pouvoir les arrêter.

Je repensais à tout ce qu’il m’avait fait.

Aux fois où je m’étais senti seul, invisible.

À maman qui faisait semblant de ne rien voir.

Le temps s’étirait, chaque minute semblait durer une éternité.

Je savais que maman ne pouvait pas m’aider maintenant.

Dans la cour du collège, j’entendais encore les rires moqueurs, les insultes sourdes.

Je pensais à Léa, à sa gentillesse, à sa façon de me sourire, même quand je n’étais pas au mieux.

Mais je ne pouvais pas lui parler de ça.

Je ne pouvais pas lui dire que j’avais peur de rentrer chez moi.

Chaque bruit derrière moi me faisait sursauter.

Chaque voix grave me paralysait.

La nuit tombait, et avec elle, mon courage s’effilochait.

Je voulais hurler, crier, mais aucun son ne sortait.

Je me suis allongé sur mon lit, le regard fixé au plafond,

Les souvenirs douloureux revenaient, comme des vagues trop fortes.

J’ai pensé aux moments où maman me racontait des histoires, où elle me disait que tout irait bien.

Mais aujourd’hui, tout était cassé.

Je voulais qu’on me voie. Qu’on m’entende.

Mais je restais invisible.

Le silence était mon pire ennemi.

J’entendais son souffle dans la pièce d’à côté, ses pas lents et lourds.

Je savais qu’il attendait que je cède, que je baisse la garde.

Je voulais me battre, mais j’étais fatigué.

Fatigué de me cacher, de mentir, de faire semblant.

Dans un élan de désespoir, j’ai pris mon téléphone.

J’ai hésité à appeler Léa, mais mes doigts tremblaient trop.

Je me suis contenté d’envoyer un message.

Juste un « ça va pas » tout simple.

Je ne savais pas si elle répondrait.

Je ne savais pas si quelqu’un allait m’aider.

Mais au fond, j’espérais.

Que quelqu’un me voit vraiment,

Que quelqu’un entende ce cri silencieux

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