- Posséder , c’est surveiller

Emma rentra à la villa au petit matin, le cœur en feu et la peau encore marquée par son absence. Elle n’avait pas dormi. Ni avec lui, ni après lui. Il l’avait embrassée comme un avertissement. Comme une menace douce.

Mais c’était elle qui en voulait plus.

Elle passa les grilles en silence, évita les couloirs, marcha pieds nus jusqu’à sa chambre comme une voleuse de nuit.

Mais dans l’ombre, une silhouette l’attendait déjà.

— Tu t’es crue discrète ?

Elle sursauta. Son père. Assis dans le fauteuil de sa chambre, les coudes sur les genoux, le regard noir.

— Je suis sortie prendre l’air.

— Ne me mens pas, gronda-t-il. Je sais exactement où tu étais. Et avec qui.

Elle ne répondit pas. Il n’avait pas besoin de confirmation. Il le savait. Tout en lui transpirait la colère retenue.

— Tu ne comprends pas, Emma. Alex Moretti n’est pas un flirt. Il n’est pas un homme qu’on désire. C’est un homme qu’on craint. Et tu viens peut-être de donner une arme à l’un de nos alliés les plus instables.

— Tu crois que je suis un pion, c’est ça ? Que je ne sais pas ce que je fais ?

Il s’approcha d’elle, lentement. Il n’était pas violent, mais il était dangereux. Comme tous les hommes de ce monde.

— Tu n’as aucune idée du genre d’homme que tu touches. Ce qu’il fait. Ce qu’il cache.

— Et toi ? Tu crois que je ne le sens pas ? Je sais qu’il est dangereux. C’est pour ça que je ne peux pas le fuir.

Le père secoua la tête, dégoûté.

— Tu n’es plus une enfant, Emma. Mais tu n’es pas encore prête pour le genre de vie qu’un homme comme Alex inflige. Et crois-moi : ce qu’il prend, il ne rend jamais.

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Plus tard — Quartier privé de Milan

Alex fixait les écrans de son bureau. Il ne dormait plus non plus.

Un plan de la villa Valente s’affichait sur l’un d’eux. Une caméra de surveillance trafiquée. Il la voyait entrer, furtive, fatiguée. Elle croyait être discrète. Elle ne l’était pas.

Il n’avait pas besoin de la toucher pour la posséder. Il l’observait déjà comme s’il en avait le droit.

— Elle est jeune, fit remarquer Marco, son bras droit.

— Et toi, tu es trop bavard, répondit Alex sans quitter l’écran des yeux.

— Tu t’attaches.

Alex ricana.

— Je contrôle.

Mais il mentait. À lui-même surtout.

Il avait connu des femmes. Beaucoup. Mais aucune n’avait eu cet effet. Aucune ne l’avait regardé comme un égal. Aucune n’avait réveillé cette obsession. Avec elle, ce n’était pas du désir. C’était du besoin. Brutal. Immédiat. Dérangeant.

Il se leva, attrapa sa veste.

— Où tu vas ?

— Voir ce qu’elle fait quand elle croit que je ne regarde pas.

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Le soir — Bal organisé par les familles

Des lustres, des sourires forcés, des alliances masquées. Emma arriva en robe rouge. Tout le monde la regardait. Mais un seul regard lui brûlait la peau.

Alex était là. Dos contre un mur, verre à la main. Il la fixait comme un prédateur trop patient.

Elle s’approcha de lui sans un mot.

Il la détailla des yeux, lentement, possessivement.

— Tu as mis ça pour moi ?

— Et si je te disais que non ?

Il sourit.

— Je saurais que tu mens.

Elle glissa sa main dans la sienne. Un geste trop intime pour un lieu si public. Il ne la repoussa pas. Mais ses yeux se durcirent.

— Ton père te surveille. Le mien m’espionne. On est cernés.

— Et alors ?

Elle planta ses yeux dans les siens.

— Je préfère être à toi dans l’ombre… que libre sous leurs projecteurs.