Le lendemain matin, le soleil de Sicile n’apportait aucune paix. Emma fixait son reflet dans le miroir, brossant ses cheveux avec lenteur, comme pour se donner un rythme. Comme si elle pouvait oublier la veille.
Mais les yeux qu’elle avait croisés, elle ne les oublierait pas. Pas de sitôt.
Elle avait joué avec le feu. Et le feu l’avait regardée en retour.
Une voix frappa à la porte.
— Emma, descend. Ton père veut te voir.
— J’arrive, grogna-t-elle, agacée.
Elle enfila une robe plus sage — bleu nuit, col montant, aucun bijou. Elle ne voulait pas qu’on lise sur elle ce qu’elle sentait brûler à l’intérieur.
Dans le salon, son père discutait avec deux hommes de confiance. La tension était palpable. Il se tourna vers elle, le visage dur.
— Tu as parlé avec Alex Moretti hier soir.
Ce n’était pas une question. C’était une déclaration.
— Oui.
— Trop longtemps.
— Il m’a parlé. J’ai répondu. C’est tout.
— Ne joue pas à ça avec moi, Emma. Ce n’est pas un homme pour toi. Et ce n’est pas un homme à provoquer.
Elle soutint son regard, calmement.
— Je ne suis pas une marchandise, papa.
Il tapa du poing sur la table.
— Tu es ma fille. Et dans ce monde, ça veut dire quelque chose. Alex Moretti n’est pas un prétendant. Il est un allié, un poison, et un danger. Tu restes loin de lui. C’est clair ?
Elle ne répondit pas. Mais au fond d’elle, une idée s’était déjà enfoncée comme une lame :
s’il est aussi dangereux que tu le dis… alors pourquoi est-ce que je n’arrive pas à l’oublier ?
⸻
De l’autre côté de la ville
Alex était assis dans son bureau, à l’arrière d’un restaurant qu’il utilisait comme couverture. Ses hommes parlaient, négociaient, plaisantaient même.
Mais lui, il ne disait rien.
Il pensait à elle.
À ses yeux, à sa façon de le défier. À cette voix calme, insolente, qui résonnait encore dans sa tête. Il n’avait pas l’habitude qu’on le trouble. Encore moins à ce point-là.
Un de ses lieutenants entra sans frapper.
— Valente a dit quelque chose. Il ne veut pas que tu t’approches de sa fille.
— Et pourquoi me dirait-il ça ? lança Alex, les yeux plissés.
— Parce qu’il t’a vu la regarder. Et il connaît les hommes comme toi.
Alex esquissa un rictus.
— Il croit que je joue ? Il ne comprend pas. Ce n’est pas un jeu.
— Alors c’est quoi ? demanda le lieutenant, prudent.
Un silence.
— C’est une erreur, souffla Alex.
Il savait que c’était vrai.
Mais certaines erreurs, on les fait quand même.
⸻
Retour à la villa Valente — Minuit
Emma ne dormait pas. Elle ne dormait plus depuis qu’il avait prononcé son prénom.
Elle sortit en douce, enjamba le petit muret du jardin, traversa la ruelle déserte. Une adrénaline douce la guidait. Elle ne savait pas ce qu’elle faisait. Elle savait juste où elle allait.
Elle envoya un message à un numéro qu’elle n’aurait jamais dû avoir.
Je suis dehors. Dis-moi que je fais une connerie.
La réponse arriva en quelques secondes :
Tu fais une connerie.
Mais je viens.
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