Pedro regardait par la fenêtre de son bureau, impassible. En bas, dans la cour, Fanck discutait avec Marco. Le garçon souriait. Il hochait la tête. Il riait même un peu. Pedro ne pouvait pas entendre ce qu’ils disaient. Il n’avait besoin de rien entendre. Il détestait déjà ça.
Ce sourire n’était pas pour lui.
Il détourna les yeux, prit une gorgée de son café noir devenu froid. Il n’avait pas dormi. Encore une nuit hantée par le visage du garçon, par la douceur de ses gestes, par cette manière inconsciente qu’il avait d’exister dans sa maison comme s’il y avait toujours appartenu.
Pedro détestait les choses qu’il ne contrôlait pas.
Et Fanck… il ne contrôlait rien chez lui.
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Dans la cuisine, Fanck chantonnait doucement en lavant des fruits. La lumière du matin traversait les vitres, dessinant des lignes dorées sur sa peau. Il se sentait presque en paix, malgré le regard des autres domestiques, souvent froids, souvent méfiants.
Pedro entra sans prévenir. Fanck se redressa, surpris.
— Bonjour, dit-il, un peu nerveux.
— T’as l’air bien joyeux, murmura Pedro en s’approchant.
Fanck rougit légèrement.
— Je… je me sens utile, c’est tout.
Pedro le fixa. Trop longtemps. Puis il détourna brusquement le regard, prit une pomme sur la table et la jeta dans l’évier, juste à côté des mains de Fanck. L’eau éclaboussa. Le garçon sursauta.
— Ne pense pas que t’es chez toi ici, lâcha Pedro, voix basse, coupante.
Fanck cligna des yeux, sans comprendre.
— Je… je voulais pas…
— Alors arrête de sourire à tout le monde comme si t’étais spécial.
Pedro sortit de la pièce sans se retourner. Mais son cœur battait vite. Trop vite.
Il avait vu Fanck rire. Et ça l’avait blessé.
Il voulait que ces sourires-là soient pour lui seul. Même s’il ne l’admettait pas.
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Le soir, alors que Fanck montait les marches avec un panier de linge propre, il croisa Santo, l’homme aux yeux jaunes. Celui-ci le bloqua d’une main contre le mur, un rictus malsain sur le visage.
— J’me demande ce que Pedro te trouve, toi. Tu pues encore l’innocence.
Fanck recula, mal à l’aise.
— Laisse-moi passer…
— Ou quoi ? Tu vas pleurer dans les bras du patron ? C’est ça ton arme ?
Avant qu’il n’ait le temps de répondre, une main saisit Santo par le col et le plaqua violemment contre la rampe de l’escalier. Pedro.
— Tu veux que je te casse les deux jambes, Santo ?
Le silence tomba comme un couperet.
Pedro fixait son homme avec une colère glaciale.
— Tu touches encore à lui, et je jure que je te fais enterrer vivant. Est-ce que c’est clair ?
Santo baissa les yeux. Fanck, lui, restait figé, le souffle court.
Pedro ne le regarda même pas. Il tourna les talons et descendit lentement.
Mais Fanck, le cœur battant, le suivit du regard.
Ce n’était pas de la colère.
C’était de la jalousie. Et quelque chose d’encore plus dangereux.
Fanck resta un long moment seul dans le couloir, incapable de bouger. Il posa une main sur sa poitrine, là où son cœur battait comme s’il fuyait un danger invisible.
Il ne comprenait pas encore ce lien. Mais il savait une chose : Pedro n’était pas indifférent. Et ça, c’était dangereux.
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