LA LUNE DE SANG {seraphine}

Les semaines après mon bain s’étaient écoulées paisiblement. Grâce à Séraphine et à Sylva, je m’étais peu à peu intégrée à l’académie. Les journées paraissaient moins lourdes, les cours devenaient supportables, presque intéressants parfois, surtout quand Sylvain m’expliquait les particularités de chaque loup dans notre classe. Quant aux récréations, elles étaient devenues de vrais moments de détente. Je riais plus, je parlais plus, et même si certains élèves continuaient à me regarder avec curiosité, personne ne parlait plus de mon odeur.

Sylva , toujours rayonnante, m’introduisait à de nouveaux groupes. Elle avait ce don de détendre les ambiances, de dissiper les malaises. À ses côtés, je me sentais un peu plus normale, un peu plus "louve", même si je ne l’étais pas.

Mais au fond de moi, quelque chose me disait que ce calme ne durerait pas...

Mais après quelques semaines, tout changea. Séraphine avait disparu. On ne la voyait plus dans les couloirs, ni dans la cour, ni même à la bibliothèque qu’elle adorait. C’était comme si elle s’était volatilisée. Une absence lourde, pesante, presque inquiétante.

Un jour, pendant la pause, je me suis tournée vers Sylva.

— Sylva… as-tu vu Séraphine ? C’est ton amie, non ?

elle baissa les yeux, visiblement troublé.

— Non… je ne l’ai pas vue depuis un moment. Et je ne vois plus son frère non plus. Peut-être qu’ils ont déménagé...

— Non ! — l’ai-je coupé aussitôt. — Séraphine ne ferait jamais une chose pareille. Elle ne partirait pas sans prévenir. Pas comme ça… pas sans me dire au revoir.

Un silence étrange s’installa entre nous. Quelque chose clochait. Et je le sentais dans mes tripes.

Après notre petite discussion, la cloche retentit, annonçant la fin des cours. Je savais que c'était le moment de rentrer. Ma mère m'attendait déjà devant l'académie, garée dans sa nouvelle voiture. Elle avait prévu qu’on fasse une virée shopping, pour acheter quelques affaires ménagères et de quoi remplir le garde-manger.

Tout se passait normalement, jusqu’à ce que nous arrivions sur la place du marché. Là, une foule s’était formée autour de l’estrade centrale, celle habituellement réservée aux annonces officielles. Mais cette fois, ce n’était pas une déclaration ou une loi qu’on présentait… c’était deux corps.

Suspendus, exposés, comme un avertissement.

Mon cœur se serra sans même savoir pourquoi, et je sentis l’air devenir plus lourd. Ma mère ralentit le pas, le regard fixe. Une tension glaciale s’empara de moi.

Ma mère vis des corps et arêta un homme pour ce renseigner

L’homme se tourna vers nous, l’air fatigué, résigné, comme s’il avait déjà raconté cette histoire cent fois.

— La première fille, dit-il en pointant le premier corps, c’était une louve. Elle a passé la nuit avec le prince. Et selon la nouvelle loi... toute louve qui partage la couche royale doit mourir au lever du jour.

Il marqua une pause, puis désigna le deuxième corps.

— Celle-là, c’est une humaine... une vampire. On ne sait pas pourquoi la loi l’a concernée aussi. Elle a été choisie par la nouvelle loterie royale.

J’ai senti ma gorge se nouer. Mon esprit refusait de croire que Seraphine, ma Seraphine, souriante et vive, puisse être là, sans vie, exposée ainsi. Je n’ai pas pu détourner les yeux.

— La loi a changé, poursuivit l’homme en baissant la voix. Elle ne cible plus seulement les loups. Elle s’applique à tous ceux qui vivent ici. Personne n’est à l’abri. C’est le prince... il n’est plus le même.

Ma mère me prit la main, ses doigts glacés de peur. Sans dire un mot de plus, elle m’entraîna loin de la foule, le cœur lourd, l’esprit secoué.

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