Même banc. Même heure. Même moi, un peu plus nerveuse.
Et pour une fois, je suis arrivée avant lui, pas parce que je voulais mais cours ont fini tôt donc me voilà, j’ai rien d'autres à faire, mes copines sont en train de bosser dur en ce moment, on ne fera qu’une fête ou une sortie vendredi prochain, et je le vois, Il arrive en courant, sac sur l’épaule, les écouteurs dans les oreilles, toujours ce petit sourire en coin comme s’il savait quelque chose que je ne savais pas.
— Waouh, c’est moi ou t’es venue avant l’heure ?
— Je déteste qu’on me dise que je suis tout le temps en retard alors me voici.
— C’est ça ouais. Me dit-il en tapant mes épaules. Il s’assoit à côté de moi.
— Ce ne sont pas des fraises cette fois, dit-il. Mais j’ai pris un latte à la vanille pour toi. J’ai retenu que t’aimais ça.
Je le fixe une seconde.
— T’as vraiment retenu ça ?
— Je retiens les trucs importants.
Ok. Stop. Mon cœur a légèrement fait un salto arrière.
On trinque comme deux gamins. Son café est trop sucré, le mien est parfait. Il me raconte qu’il a raté une passe hier pendant son entraînement parce qu’un de ses potes a crié mon prénom au mauvais moment. On rigole ensemble
— Il paraît que t’es dans le comité d’orga de l’école ?
— Ouais. Je suis celle qui fait les affiches, court partout, et mange les pizzas pendant les réunions.
— Wow, la présidente de l’ombre.
— Exactement. Mais c’est aussi moi qui choisis la playlist des soirées, donc fais gaffe à ce que tu dis.
— Note à moi-même : ne jamais t’énerver la veille d’un match.
Il parle avec les mains, je fronce les sourcils exprès quand il dit un truc faux. Il essaie de me piquer sur mes goûts littéraires. Je le clash sur ses fautes de syntaxe.
Ça coule, comme si on se connaissait depuis longtemps. Et pourtant, c’est encore flou, incertain. Mais agréable. Vraiment agréable.
Il me demande ce que je lis en ce moment. Je lui parle de Wuthering Heights, du bordel romantique entre Heathcliff et Catherine.
— Tu crois en ça, toi ? me demande-t-il. L’amour obsessionnel, genre "je ne peux pas vivre sans toi" ?
— Je crois en l’intensité. Pas en dépendance.
— Donc tu crois qu’on peut aimer à fond, mais choisir de partir quand c’est toxique ?
— Ouais. Parce que s’aimer soi-même doit toujours passer avant tout.
Il me regarde. Vraiment. Longtemps. Trop longtemps.
Je détourne les yeux.
On reste en silence quelques secondes. Pas un silence gênant. Un de ceux qui font du bien.
— T’as envie de marcher un peu ? je propose, pour casser le moment trop intense.
Il accepte. On longe les terrains, on coupe vers la cafétéria, puis on retourne vers les jardins de la fac. Il me parle de son enfance, de sa sœur qui le taquinait toujours quand il avait des crushs. Je lui parle de mon père absent, de ma mère qui m’a élevée toute seule, de ce que ça fait de chercher l’amour quand t’as grandi dans un vide.
— Peut-être que c’est pour ça qu’on se retrouve là, toi et moi, dit-il dit. Parce qu’on sait ce que ça fait d’avoir manqué quelque chose.
Je souris sans répondre.
Le soleil commence à descendre. Une lumière dorée enveloppe le campus. On revient au banc. On s’assoit.
Et là, sans prévenir, il dit :
— Tu sais, j’aime bien ce qu’il se passe entre nous.
Je me tourne vers lui. J’essaie de ne pas paniquer.
— Moi aussi. Même si je ne sais pas ce que c’est.
— C’est pas grave. Peut-être qu’on n’a pas besoin de le définir tout de suite.
Il me regarde. Vraiment. Encore.
Et cette fois, c’est différent. Son regard ne fuit pas. Le mien non plus.
Il s’approche un peu. Juste un peu. Il ne me touche pas. Pas encore.
— Je peux ?
Je hoche la tête. Un peu trop vite, un peu trop nerveusement.
Et là… il m’embrasse.
Pas un baiser pressé ou maladroit. Un baiser doux. Sûr. Lent.
Comme s’il me disait, sans parler : je te vois. Je suis là. Et j’ai envie de rester.
Quand il recule, je n’arrive pas à ouvrir les yeux tout de suite. Je reste figée. Mon cœur bat trop vite, mais ce n’est pas de la peur. C’est… une évidence.
— T’étais pas obligée de ramener ton gloss le plus sucré, il murmure en rigolant.
Je frappe doucement son épaule, il rit.
On reste là, côte à côte, le soleil couchant dans le dos. Ni tout à fait en couple. Ni tout à fait amis. Quelque chose de flou, mais de réel. Une connexion. Peut-être pas un grand amour. Pas encore. Mais une promesse de quelque chose. Quelque chose de doux.
Quelque chose d’un peu magique.
***Téléchargez NovelToon pour profiter d'une meilleure expérience de lecture !***
26 épisodes mis à jour
Comments