Chapitre 4 - Frôler le gouffre de l'envie

Le reste de la nuit se déroula dans une agitation maîtrisée. Ordres donnés, dossiers transmis, silence imposé.

Mais Nakan… n'était plus vraiment là.

Le contact de Kael le hantait encore. Cette main brûlante sur son torse, ce souffle contre son oreille. Comme une promesse. Comme une menace. Il en sentait presque l’empreinte dans sa chair. Une part de lui hurlait de rejeter ça, de le repousser, de se rappeler qui il était.

Mais une autre… une autre s’éveillait à peine. Et elle n’avait pas peur.

Quand l’aube grignota les nuages de ses teintes pâles, Nakan n’était pas rentré. Il n’avait pas dormi. Il marchait dans les couloirs privés de l’aile Est, seul, en silence, comme si chaque pas l’éloignait de la retenue.

Jusqu’à cette porte.

Celle qu’il n’ouvrait jamais.

Celle de Kael.

Il resta là un long moment. Poing serré, cœur battant, rage et désir entremêlés dans un poison lent.

Puis il frappa. Une fois.

Pas de réponse.

Il ouvrit.

Kael était là. Torse nu, appuyé contre le bord de sa bibliothèque. Une coupe de vin à la main. Pas surpris. Pas inquiet. Comme s’il attendait.

— Je me disais bien que tu viendrais, murmura-t-il, sans bouger.

Nakan referma la porte derrière lui. Il n’y avait pas de bruit. Juste leurs souffles.

— Tu as franchi une limite. Encore.

— C’est toi qui es venu, Nakan.

Kael s’approcha lentement. Son regard brillait dans la pénombre, liquide, tranchant. Il ne souriait pas. Plus maintenant.

— Qu’est-ce que tu veux ? souffla Nakan.

Kael s’arrêta à quelques centimètres. Trop près. Trop intense.

— Je veux te voir perdre le contrôle.

Il leva une main, et l’effleura du bout des doigts. Le col de sa chemise, le creux de son cou.

— Tu crois que tu tiens ce monde debout par ta discipline. Mais ce monde… il n’a jamais eu besoin de ton calme.

Un silence.

— Il a besoin de ce que tu caches.

Kael se pencha, tout près, et murmura contre sa bouche :

— De ta noirceur.

Et cette fois, c’est Nakan qui bougea.

Il l’attrapa par le col, le plaqua violemment contre l’étagère. La coupe tomba, se brisa dans un éclat de verre et de liquide rouge. Le vin coulait comme du sang sur le bois sombre.

Kael rit. Doucement. Presque satisfait.

— Voilà, grogna-t-il, les crocs à demi-sortis. Tu y es presque.

Nakan avait le souffle court. Il tenait toujours Kael, leurs visages si proches qu’ils auraient pu se mordre.

— Tu crois que tu contrôles tout, reprit Kael, mais c’est faux. Ton sang me parle. Il bat contre ma main. Tu veux me haïr, Nakan. Mais ce n’est pas ce que je sens. Ce n’est pas ce que tu es, quand tu fermes les yeux.

Nakan frissonna. Une ligne s’effaçait. Une barrière cédait.

Et dans un souffle rauque, entre colère et fièvre :

— Ferme-la.

Puis leurs bouches se percutèrent.

Un baiser brutal. Profond. Douloureux. Rien de tendre. Rien d’innocent.

Les murs tremblaient sous le poids de ce qu’ils retenaient depuis trop longtemps.

Ils se heurtaient plus qu’ils ne s’embrassaient.

Leurs bouches se cherchaient avec fièvre, avec violence. Pas pour s’aimer. Pour se marquer. Se défier. Se brûler.

Kael était plaqué contre la bibliothèque, mais c’était lui qui souriait, ses mains dans les plis de la chemise de Nakan, tirant, griffant, arrachant jusqu’à ce qu’elle cède. Le tissu glissa sur les épaules du chef, découvrant une peau qu’il n’aurait jamais dû approcher. Une peau pâle, tendue, marquée de muscles et de tension.

— Putain… soupira Kael, sa langue traînant jusqu’au creux de sa gorge.

Nakan ferma les yeux, juste une seconde. Une seconde de trop.

Kael en profita pour inverser la position. Il le plaqua contre le bois, ses mains sur ses hanches, le bassin contre le sien.

— Tu vois ? souffla-t-il. Tu t’abandonnes déjà.

— Ferme-la, grogna Nakan, en l’attrapant à la nuque pour l’écraser à nouveau contre ses lèvres.

Cette fois, le baiser fut plus profond. Plus lent. Chargé d’un feu qui n’était plus de la rage, mais du besoin pur. Kael gémit doucement contre lui, frottant son corps au sien. Il se colla à lui, peau contre peau, le torse dur contre le sien, les hanches qui cherchaient un rythme.

Les mains de Nakan descendirent, saisissant ses cuisses, le soulevant d’un mouvement brusque. Kael rit contre sa bouche, un son rauque, affamé.

— J’ai attendu ça si longtemps, murmura-t-il.

Il s’enroula autour de lui, jambes serrées contre sa taille, le sexe dur frottant contre celui de Nakan, à travers les derniers tissus. Leurs souffles s’entremêlaient, lourds, précipités, haletants. Kael s’arqua contre lui, la tête renversée, la bouche entrouverte.

— Fais-le, Nakan. Prends-moi. Maintenant.

Et Nakan céda.

Il le porta jusqu’au bureau, le coucha brutalement dessus, renversant tout sur leur passage. Les papiers volèrent, les livres tombèrent. Rien n’existait plus que leurs corps.

Ses mains tremblaient un peu quand il écarta les jambes de Kael. Pas de peur. D’envie trop contenue. Kael, lui, ne tremblait pas. Il l’attendait, déjà tendu, déjà offert. Il n’avait rien d’un soumis, pourtant. Il se donnait avec puissance, avec arrogance.

— Regarde-moi quand tu le fais.

Et Nakan le regarda.

Il le pénétra lentement, d’un coup profond. Le souffle de Kael se coupa dans sa gorge, remplacé par un gémissement rauque. Ses doigts agrippèrent les bords du bureau, son dos se cambra sous l’assaut.

Nakan bougeait en lui, fort, régulier, précis. Chaque coup faisait craquer le bois, faisait haleter Kael, faisait trembler leur contrôle.

Kael le tirait vers lui, le griffait, l’embrassait entre deux râles.

— Encore… Vas-y… plus fort…

Leurs corps s’écrasaient l’un contre l’autre, collés de sueur et de désir. Rien n’existait plus que cette chaleur, ce feu, cette pulsation entre leurs reins.

Nakan accéléra.

Kael cria. Un cri étouffé contre son épaule, de plaisir brut, de tension relâchée.

Et dans un dernier coup de rein, Nakan se laissa aller.

Tout en Kael.

Tout contre lui.

Le souffle coupé, le front collé à sa nuque.

Ils restèrent ainsi, un instant hors du temps, le monde suspendu autour d’eux.

Puis Kael glissa ses doigts dans ses cheveux et murmura :

— Tu vois, chef… Ce n’est que le début.

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