*Livaï
J'agitai légèrement les glaçons en fixant le fond de mon verre.
Comme si j'allais trouver des réponses à mes questions.
Ça fait un moment que je suis au deuxième niveau. Un bon moment que je recherche ce fameux client. J'ai une certaine renommé, donc ça n'a pas été difficile d'avoir des informations. L'homme en question est ici et nul part. Il a laissé ses hommes de main un peu partout et s'est habillé comme une personne lambda pour berner tout le monde. Le pire c'est qu'il porte un masque ! Autant chercher une aiguille dans une botte de foin.
Je bus une gorgé de mon coktail fait par notre excellent barman Farlan. Lui et moi, nous connaissons depuis très longtemps; bien avant de venir ici. On est d'ailleurs les seuls à se connaître ici. Parce que bien sûr lui aussi porte un masque.
- Dur soirée hein ? Rigola t'il.
- ouais.
- T'es pas interdit de boire ?
- ouais.
On se regarda un instant puis se mit sourire sans raison apparente devant une discussion aussi inutile que forcée.
En même temps c'est toi qui m'a servi.
Malgré tout, j'apprécie sa présence et je ne nie pas qu'il ya eu un peu de fleurte entre nous. Et une petite partie de jambes en l'air aussi. Mais rien de plus. C'est interdit d'avoir des relations amoureuses quand tu fais partie de Paradis.
J'ai cette fâcheuse habitude de banaliser le sexe maintenant, génial.
Mais là j'ai bien besoin de compagnies. À l'approche de mes 30 ans je devrais peut être essayer de... Partir ? Me caser, fonder une famille, un vrai boulot ?
Un rire m'échappa. Comme si c'était possible... Je suis coincé ici, dans un putain de cercle vicieux avec incapacité de m'en aller. Disparaitre signifie abandonner. Et abandonner signifie mourir.
Mourir.
Comme ça. Comme un chien que personne ne connait.
Ce n'est pas si mal après tout. Je ne manquerais à personne, je serais tranquille. Loin des bruits, des musiques, de l'alcool, et des...
- Une vodka s'il vous plaît.
Clients.
J'ouvre les yeux surpris par l'apparition soudaine du client qui venait de s'asseoir à côté de moi.
Et c'est reparti.
J'imagine qu'il va essayer de me faire boire avec lui, discuter de choses sans intérêt avant de satisfaire ces pulsions perverses. À force de travailler ici, j'ai vite compris que les personnes qui viennent ici ne sont pas juste avides de sexe, d'alcool ou de jeux. Certains sont de véritables démons aux envies et plaisirs tous plus dégoûtants les uns que les autres. Je sais de quoi je parle, j'ai déjà lécher le sperme d'un client mélanger à de l'alcool déverser sur le corps d'un collègue.
Je réprime un frisson de dégoût en buvant mon cocktail. C'est dangereux si mon aversion au toucher se développe maintenant. Je dois tenir encore 5 ans ici. Je ne peux pas craquer maintenant.
Erwin me l'a promis.
Je me tournai vers le client en le voyant fixer un point vide sans me lancer un seul regard. Comme si je n'existais pas. Il se contentait de boire son verre en faisant mine de m'ignorer.
J'étais tellement surpris par sa réaction que je me suis mis à le regarder sans pudeur. Comment tu peux me voir, moi, Livaï Ackerman, le démon de Paradis sans me dire quoique ce soit ? Je suis attirant, beau et sexy. On est sensé me désirer, pourquoi pas toi ?
Bien sûr. S'il ne le fait pas, c'est qu'il ne me connais pas. Et la seule personne qui ne me connait pas ici c'est notre très cher nouveau client. Même si c'est le cas, je dois quand même l'attirer. Un tout petit peu.
J'arrivais à percevoir tous ces traits physiques malgré la faible luminosité qu'il y avait pour maintenir cette ambiance si particulière.
Il était bronzé avec une corpulence imposante je dirais même... Excitante. La moitié de ces cheveux était attachée à en une demi queue de cheval. La lumière tamisée m'empêchait de voir la couleur de ses yeux ni d'autres traits de son visage. Mais je me doutais bien qu'il était l'archétype même de ces personnes sortant tout droit d'un conte de fées.
Le beau et charmant prince.
Mais les conte de fées ne sont pas la réalité. Dans la réalité les princes sont des chiens qui s'amusent avec leurs os avant de les jeter.
- J'apprécierais que vous posiez vos yeux ailleurs, je ne me souviens pas vous avoir donner l'autorisation de me reluquer, dit-il sans un regard sur moi.
Quoi ?
- Je vous demande pardon ?
- posez vos yeux ailleurs, répondit-il toujours avec son ton catégorique.
Ah. Encore un monsieur je-suis-le-roi-du-monde.
- Vous avez l'habitude de donné des ordres à tout le monde ? Questionnait-je.
- J'ai surtout l'habitude qu'on m'obéisse.
Oh, intéressant.
- Et, qu'est-ce que vous faites à ceux qui ne vous obéisse pas ? Dis-je avec malice.
Cette fois, son regard se posa sur moi pour la première fois. On dirait que j'ai eu son attention maintenant.
- Je vous aurais bien dit d'aller chercher vous-même, mais jamais personne n'a eu l'audace de me désobéir.
- Hum, vous m'avez l'air tellement sur de vous. Mais je préfère éviter de croire en quelq'un au cerveau ravagé par l'alcool.
Il entrouvrit la bouche sans me lâcher du regard. D'ailleurs parlons-en de son regard. Il donne juste envie de se déshabiller et de le laisser ce qu'il veut.
Mon alerte rouge n'arrête pas de sonner.
- Vous êtes insolent, souria t'il.
- Et vous arrogant.
Nos échanges de regard commençait à alourdir l'ambiance autour de nous. De la rendre plus propice à... Baiser.
Il reporta son attention à son verre qu'il ne tarda pas à vider. Un regard vers Farlan lui suffit pour donner l'ordre de resservir.
Il... Il dégage quelque chose d'inexplicable. Un sentiment de soumission, comme si tout ce qui l'entoure n'est là que pour le servir.
Époustouflant.
- Vous n'êtes pas sensé travailler ?
- Que voulez vous dire par travailler ?
- Voir des clients ? Les divertir ?
- Je suis entrain de vous divertir, non ?
Il esquissa un sourire en prenant une gorgé du verre que Farlan venait d'apporter. Il me déposa également un verre en me souriant faiblement. Je lui répondis de la même manière, puis revînt sur ma brebi.
- alors vous...
Je m'interrompis en suivant son regard qui se faisait un peu trop insistant sur Farlan. Beaucoup trop insistant.
- Vous vous connaissez tous ici ? Demande t'il avec une froideur que je n'avais pas senti jusque là.
- N-non, pourquoi ?
- Simple curiosité.
Dangereux.
- Vous êtes nouveau ici ?
- J'ai entendu dire que vous cherchiez quelqu'un. Est-ce votre manière de mener l'enquête ?
Ouch.
Il ria légèrement puis descendit de son tabouret en murmurant un << Pathétique >> avant de me tourner le dos.
Moi ? Pathétique ?
Mon sang fit un tour qui me donna des vertiges. Moi vraiment ? La personne la plus convoité de Paradis ?
Pathétique ?
- Vous vous foutez de moi j'espère ? Dis-je avec une colère palpables.
- Vous avez affirmé que vous êtiez entrain de me divertir tout à l'heure. Je suis bien dans le regret de vous avouer que ce n'était pas le cas. Vous ne m'intéressez aucunement.
Quoi ?
C'est à moi qu'on vient de dire ça ? Je clignai des yeux plusieurs fois pour assimiler tout ce que je venais de t'entendre. Donc un client vient de me rembarrer ? Moi ?
En une seconde, je ne sentis pas ma main saisir le verre et renverser l'alcool sur lui. Le liquide coulant sur ces vêtements devant son air interloqué me provoqua des décharges électriques. Par réflexe il s'était retourné pour m'arrêter mais c'était trop tard. Son mouvement brusque détacha ses cheveux attachés qui tombèrent doucement sur ces épaules.
- Vous...
Je ne le laissai pas le temps de parler et me rapprocha de lui en lui saisissant le col. Il me surplombait de sa taille et semblait clairement en position de force à côté de moi. Heureusement, personne ne faisait attention à nous.
- Maintenant vous me trouvez toujours aussi ennuyeux ?
Nos regards s'accrochèrent dans une bataille invisible qui commençait dangereusement à m'épuiser.
- Non, plus maintenant.
Je le lâchai en faisant mine de me nettoyer avec une expression de dégoût. Comment une personne normale puisse autant mentir, je sais que je plais à beaucoup de monde. Il ne sera pas l'exception.
- Comment allez vous faire pour ma chemise ? Elle coûte sûrement plus cher que ce que vous pouvez gagner ici en une semaine.
- Savez vous au moins combien je peux rapporter en une semaine ?
- C'est moi qui paye la plupart des personnes qui dilapident leur argent ici.
- Si vous le dites, dis-je en lui tournant le dos. Maintenant excusez moi, je dois aller trouver mes fidèles clients.
Il me saisis le bras de force en le serrant contre mon dos tout en me coinçant contre le hublot. Je poussais un léger gémissement de surprise et de douleur.
- Où croyez vous allez comme ça ?
Il me le chuchota à l'oreille avant de la lécher.
- Ah~
Tout chez lui me provoquait des frissons enivrantes. Et le pire dans tout ça, c'est que c'est pas sensé se passer comme ça. Je suis l'employé et lui le client. Je suis le séducteur, le loup et lui la brebis qui doit succomber à mes charmes. Mais j'ai la vague impression que c'est lui, le putain de loup.
- Lâcher moi.
- J'aurais bien voulu le faire, mais puisque vous ne comptez pas me rembourser ma chemise, nous allons prendre une autre solution.
- Nous ?
- Ah vous avez raison. VOUS allez prendre une autre solution.
Sa voix grave et l'intonation qu'il commençait à prendre me faisait frémir.
Il fait très chaud tout à coup.
- N'est-ce pas ? Dit-il en me lèchant l'oreille.
J'ai craqué.
Je me retournai avec une vitesse et une force qui auraient d'ailleurs pû me servir à me libérer, pour lui faire face. Nos lèvres se sont trouvées dans un baiser qui n’avait rien de tendre. C’était une explosion brute, une urgence que rien ne pouvait contenir. Je sentais du feu, ardant, brûlant, incandescent. Le besoin presque violent d'être plus proche, comme si chaque seconde passée sans cet échange m'aurait causé une succession de regrets.
Coucher sur ce lit, mon cœur tambourinait, non pas d’hésitation, mais d’une rage contenue qui se libérait enfin. Je voulais tout, tout de suite. Pas de douceur, pas de retenue, peau contre peau, dans des souffles coupés et des mains cherchant à s’approprier chaque parcelle de nos corps.
La peur, elle était là. Aussi inexplicable que banale à côté du brasier qui nous consumait. Elle se mêla à la tension électrique, à ce désir sauvage qui me poussait à m’abandonner, à perdre le contrôle.
Quand nos corps se sont rejoints, ce n’était pas un frôlement délicat, c'était un chaos, un mélange d’agressivité et de passion brute, comme si on cherchait à se marquer l’autre, à s’imprimer dans nos chairs, ou dans nos cœurs.
- Putain...
Ce juron me força à le regarder. Le voir. L'observer, peu importe. Je n'ai jamais regardé personne pendant l'acte, aucun client jamais. Et ce qui me forçait encore plus à me tourner vers lui c'était...
- Mon nom est Eren Jaeger.
Qu'il venait de retirer son masque.
- Ne l'oublie pas, jamais.
Dans un baisé sur les lèvres, il se remit en mouvement. Je ressentais chaque mouvement avec une intensité presque douloureuse, chaque soupir, chaque râle — un témoignage de plus que ce moment comptait, qu’il allait me marquer pour toujours.
Il était à la fois déchaîné et vulnérable, emporté par cette vague sauvage qui dévastait tout sur son passage, mais qui, paradoxalement, me procurait un sentiment rare : celui d’être vivant, dans toute la brutalité et la vérité de... Eren Jeager.
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