Les fines gouttelettes de pluie coulaient encore sur mes joues lorsque j'appuie sur le bouton de l'ascenseur. Un soupir de plus pour clore cette journée de merde.
Les mots de mon employeur ne me quittaient toujours pas.
Flash back
- Monsieur Ackerman, on m'a signalé de nombreuses plaintes à votre sujet et, je n'ai pas apprécié le commentaire que m'a laissé le client, dit sèchement mon patron.
Son regard neutre me toisait. Dieu seul sait, oh combien je déteste ce genre de regard. Un peu à la limite entre le dédain et la pitié.
- Je ne sais pas ce qu'on pût vous dire sur moi, mais à propos de ce matin, sachez que le client m'a fait des avances qui frôlent le harcèlement sexuel.
- Il ne devait s'agir que de petites taquineries parce que vous lui plaisiez, n'exagèrez pas monsieur Ackerman.
- sauf votre respect j'ai été engagé pour réparer les appareils électroniques et non pour fleurter avec les clients.
- Ce client nous rapporte beaucoup, il est très important. Trop important Ackerman, donc je souhaiterais que vous vous excusiez auprès de lui.
- je suis désolé de vous le dire comme ça, mais je ne travaillerais pas dans un endroit qui traite ses employés ainsi. Je suis quoi, un bout de viande ?
- vous feriez mieux de faire attention à ce que vous dites Ackerman.
- Écoutez monsieur Wilfried, je ne veux pas travailler dans une entreprise qui traite ces employés comme de la merde pour un client.
- Alors donnez-moi votre lettre de démission, demain sur mon bureau.
- Bien, dis-je en me retournant.
- Vous n'essayez même pas de me faire changer d'avis ? Dit-il en posant la même sur mon épaule. Nous pouvons nous arranger monsieur Ackerman.
Je lorgnai quelques secondes en réprimant une grimace de dégoût.
- Je vous prierais de ne plus poser vos sales pattes sur moi.
Qu'est ce qui m'a pris de dire ça ? Kenny m'a toujours dit que ma grand gueule me perdras, et tel l'oracle qu'il était (du moins lorsqu'il est sobre) il venait de prédire mon avenir.
Mais sans me vanter j'ai un physique plutôt avantageux mais c'est plus un handicap qu'autre chose. Déjà je suis de petite taille, 1m60 pour être plus précis. Plutôt mince très souple d'ailleurs. La peau très pâle, un peu comme un cadavre ambulant, des cheveux lisses coupé en undercut et aussi noir que la couleur elle-même. Mes yeux sont une nuance entre le bleu et le gris et j'ai des lèvres minces et particulièrement rose le tout sur un visage féminin. En gros on pourrait facilement me confondre avec une femme sans seins.
Le problème dans tout ça c'est que j'ai une expression froide et sans aucune sympathie. Je ne le fait même pas exprès ; mais ça n'empêche pas les autres de m'approcher de m'apprécier ou de simplement me parler.
Tu es une statue grec magnifique, même si personne ne sait d'où tu viens ni qui tu es, disait Kenny.
Faut le reconnaître, j'attirait tout le monde fille comme garçon. Et j'ai vite compris comment rentabilisé cet atout.
Le froid me pénétrait de toute part. Je sentais ma température montée, ma vue me jouait des tours, et cerise sur le gâteau j'ai une constitution fragile.
Le frigo est vide, je suis au chômage, au bord du rhume ou du suicide peut être qui sait.
Quelle merveilleuse vie tu m'as laissé maman.
L'ouverture des portes de l'ascenseur me fit quitter de force l'obscurité de mes pensées. Situé au 10è étages un appartement qui doit coûter dans les 6000 dollars avec vu sur New York. Je vous arrête tout de suite, je n'ai pas les moyens de me payer un appart pareil, c'est un héritage de ma mère. Et le seul d'ailleurs. Je vis ici avec ma petite sœur Mikasa et mon oncle Kenny. Ce n'est pas l'endroit le plus chaleureux de la terre, où on partage les petits déjeuners ensemble en s'échangeant des sourires. Ici les journées commencent plutôt avec des cris, des clopes et l'alcool. Mais entre nous, on partage quelques choses de précieux dans cette famille. Non ce n'est pas l'amour ou autre niaiseries, c'est les problèmes mentaux.
On est comme ça chez les Ackerman.
Cette maison ne reflète pas notre situation financière. En vérité nous sommes au plus bas, chacun se nourrit comme il peut. Je faisais de mon mieux jusqu'à maintenant en jonglant entre mon travail de réparation et mon travail de nuit. Les choses risquent de se compliquer.
Elle avait toujours une propreté impeccable dont je suis très fière. C'était un endroit plutôt calme. En général Mikasa reste à l'université jusqu'à 20h et Kenny peut ne même pas rentrer ce qui me laisse le temps de me préparer pour mon autre travail sans que personne ne sache quoique ce soit. C'est pas comme si c'était leurs affaires.
Comme je suis rentré tôt j'en ai profité pour me faire plaisir. Un peu de ménage, un peu de thé, une petite sieste et j'y vais.
Mon programme était bien élaboré avec un temps pour chaque chose mais ma "petite sieste" à pris la moitié de mon temps.
Ma chambre est la seule qui possède sa propre douche. J'ai ce privilège parce que je suis le seul qui ramène de l'argent et ici, on écoute beaucoup la voix de l'argent.
Mes reflets sur le miroir brisé me donnent toujours l'impression d'avoir plusieurs autres moi. Je ne raconterai pas comment est-ce qu'il s'est brisé, tout ce que je peux affirmer c'est que maintenant je peux éviter de voir ce inconnu devant moi.
Ma douche terminée comme à mon habitude, je me prépare pour mon second... Non pour mon vrai boulot.
Ni Mikassa, ni Kenny ne sait ce que je fais la nuit. Pour eux je travaille juste très tard parfois. Alors que je rentre à la maison, me prépare pour mon second travail et ressort ni vu ni connu. Pour les voisins, ce n'est pas vraiment leur problème. Donc je ne me suis jamais retrouvé dans une situation... comme celle-ci.
- où est-ce que tu vas comme ça ? Interrogea Mikassa.
- Au taf, répondis-je simplement.
- Tu ne vient pas de rentrer là ? Cette excuse ne tient pas la route.
- on a un très gros client qui vient ce soir et je fais partie des personnes qui doivent l'accueillir donc... Fallait que je rentre me préparer. Et de toute façon, je ne vois pas en quoi ça te regarde.
Oui je sais que c'est trop tard pour dire ça. Je me suis déjà expliqué ça prouve que je ne suis pas si sûr de moi.
Ah... Tu te ramollis mon vieux Livaï.
- Si tu le dis.
Je suis sauvé ou encore dans le purgatoire ?
- et toi qu'est ce que tu fais là ? T'es sensé être à l'université.
- on nous a libéré plus tôt.
- je vois, je risque de rentrer tard débrouille toi avec Kenny pour trouver de quoi manger s'il rentre.
- d'accord, à plus le nain.
Remercie le ciel d'être ma sœur.
Je soupire de soulagement lorsque je découvre que la pluie a cessé. Ce bon vent et cette odeur de terre mouillé... Un pur délice.
Mes pas me mènent mécaniquement vers l'arrêt de bus que je fréquente maintenant depuis plus de deux ans.
Toujours les mêmes choses. La vieille dame à la deuxième rangée du fond, cet ado concentré dans sa lecture assis à côté d'elle, les gosses du fond qui animent le bus en bruit horrible. Rien à changer depuis la semaine dernière, ni les semaines d'avant. Et cette vision me fit sourire. Les choses qui ne changent pas de place et que je m'habitue à voir, me procure un sentiment de sécurité et de contrôle sur ma vie.
Mon arrêt se fit dans un endroit peu éclairé, un parc laissé à l'abandon. Je me dirige directement vers la voiture noire qui m'attend comme à son habitude.
- tu es en retard aujourd'hui, souria Angie.
- Oui j'ai eu un petit contretemps.
Inutile de lui donner des explications. Elle n'a pas besoin de savoir ce qui s'est passé. On n'est pas assez proche pour ça, mais il n'empêche qu'elle est très sympathique. Tout le temps souriante et excitée. Ce n'est pas qu'elle est heureuse de sa vie ou quoique ce soit, elle est juste folle. Et ça je l'ai très vite compris. Mais sa présence n'est pas désagréable pour autant. Si on n'oublie toutes les fois où elle a frôlé mon espace personnel.
- ah lili je dois te prévenir, on a un client important ce soir, tu vas devoir tout donner.
Combien y avait il de chances que le mensonge que j'ai sorti à Mikassa soit véridique ?
- Et ce n'est pas n'importe qui...
- Tu connais son identité ?
- Bien sûr que non, tu sais très bien que c'est impossible, rigola t'elle. Je me disais juste ça à cause de toute l'agitation qu'il y avait à Paradis.
- je vois.
- regarde sous ton siège, ton masque y est. Erwin a pensé que tu voudrais le porter dès ton arrivée.
Il me connais si bien.
- tu te sens d'attaque pour ce soir ?
Je m'exécutai et le trouvai délicatement envelopper dans un tissu en soie. Je l'effleure doucement dans un demi sourire. Il est complètement noir avec une rose d'un bleue frappant allant de la gauche vers la droit. Il ne fermait que la moitié de mon visage et ne laissait entrevoir que mes yeux et toute ma mâchoire. Et que dire de ce magnifique ruban élastique noir avec des broderies dorées qui m'aidait à l'attacher à ma nuque
Il était juste parfait. Sublime. Unique. Personne d'autres que moi ne possède un masque égal à celui là, tout simplement parce que personne ne m'arrive à la cheville. Personne ne pouvait prétendre être de mon niveau, je me vante parce j'ai travaillé dur pour en arriver là. Pas plus que certains mais ça c'est pas mon problème.
De tout Paradis, j'étais le seul à le posséder. Le seul qui portait un masque comme celui là et de toute façon je suis le seul à pouvoir le porter, vu qu'il a été fait pour moi.
- on est arrivé ! s'écrit Angie.
- Merci, bon à plus.
- à plus tard Lili !
Je refermai la portière exaspérer. J'accrochai mon masque en regardant un instant le haut bâtiment où était inscrit en grand sous le feu des projecteurs : PARADIS
Ah Paradis !
Cet endroit est tout sauf le Paradis décrit dans la bible. Au contraire, on n'y retrouve tous les vices de la société.
À première vue, Paradis semble être un simple casino qui plumait les plus offrants et rendait accro les plus faibles. Mais ça ce n'est que pour brouiller les pistes. Dans le sous-sol à au moins un deux kilomètres sous terre, il existe un autre monde. Le vrai Paradis. Il s'agit en réalité de la représentation même de la luxure de tout un pays.
Un autre établissement à trois étages spécifiques.
Le premier étage sont pour les hétéros et surtout pour les hommes et femmes qui ont une richesse moyennement élevée.
Le second étage appartient aux bisexuels, nous sommes également un cran au dessus en terme d'argent et de pouvoir.
Et enfin le dernier étage exclusivement réservé aux homosexuels. Bien sûr vous deviez comprendre qu'elle concerne les hommes et femmes infiniment plus riches.
Voulez vous savoir pourquoi plus on descend plus la richesse augmente ?
Eh bien, c'est parce que plus on est riche plus on a des désirs dépassant les codes et les mœurs. Des puissants et influents s'adonnent à des plaisirs fous puis reportent leurs cravates et sourient en public.
C'est ça la vraie nature de paradis, faire ressortir le côté sombre des hommes et des femmes d'une manière de façon délicieuse. L'être humain adore l'hypocrisie, le semblant, crier non et faire du oui. C'est ça l'être humain, et ce qu'à vite compris cet homme, Erwin Smith, le fondateur de Paradis.
Ici, tout le monde est soumis à un ensemble de règles de confidentialité très strictes dont la plus importante de toute, est la loi du silence. Tu ne vois rien, tu n'entends rien et tu ne dis rien. Cela s'applique au client tout comme au personnel. Pour éviter qu'il nous arrive des malheurs. Comme celui qui m'est arrivé.
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