Chapitre 4 : Le rêve brisé
L’entrée au collège, pour beaucoup, c’est un nouveau départ. On quitte l’enfance avec l’espoir de grandir, de se découvrir, de tisser des liens. Pour moi, c’était plus que ça. C’était une bouée de sauvetage. J’avais tellement souffert à la maison que je voyais cette nouvelle école comme un monde où je pourrais enfin respirer, être moi, et pourquoi pas… être aimée.
La veille de la rentrée, j’avais préparé mes affaires avec soin. J’avais même souri en silence. J’étais prête à tourner la page, à laisser derrière moi les cris, le mépris, l’indifférence. J’avais décidé de sourire aux autres, de leur tendre la main, d’être gentille. Je me disais que peut-être, si je donnais de la douceur, on m’en donnerait en retour.
Mais la réalité m’a vite rattrapée.
Dès les premiers jours, les regards étaient là. Curieux, étranges, puis moqueurs. Les murmures dans les couloirs. Les rires étouffés derrière les mains.
« T’as vu comment elle est habillée ? »
« C’est qui elle ? Elle fait peur… »
Je ne comprenais pas. J’essayais pourtant d’être gentille. Je proposais mon aide, je prêtais mes stylos, je complimentais leurs dessins, leurs coiffures. Mais chaque tentative de gentillesse se brisait contre un mur invisible.
Je les voyais se former en petits groupes, rire, partager leurs goûters. Et moi, toujours seule. Invisible quand j’espérais être vue, visible seulement quand il s’agissait de se moquer.
Un jour, dans la cour, j’ai surpris un groupe de filles qui riaient en me pointant du doigt.
« On dirait un fantôme. Regarde ses habits ! Et sa tête ! »
J’ai senti mon cœur se contracter. J’aurais voulu disparaître à cet instant.
Mais le pire, ce n’était pas ce qu’ils disaient. C’était ce que ça réveillait en moi. Ce sentiment que j’avais toujours porté, depuis toute petite : je ne suis pas aimée. Et maintenant, même à l’extérieur, là où j’espérais guérir… je n’étais pas acceptée non plus.
Je me suis repliée sur moi-même. Mes sourires sont devenus plus rares. Mes pas, plus silencieux. J’évitais les regards. J’essayais de me fondre dans les murs. Chaque jour, j’entrais au collège comme on entre dans une arène, prête à encaisser les coups invisibles.
Et puis sont venues les pensées sombres. Lentement. D’abord comme des soupirs. Puis comme des cris intérieurs.
« Et si tu n’étais plus là ? Est-ce que quelqu’un remarquerait ton absence ? »
Je me surprenais à imaginer ma disparition. Pas par désir de mourir… mais par fatigue. Fatigue d’exister sans jamais être reconnue. D’aimer sans jamais être aimée. De faire des efforts pour recevoir en retour du vide, ou pire… du rejet.
Je me rappelle d’une nuit, les larmes coulant sans bruit sur mon oreiller. J’avais pensé très fort :
« Si demain je ne me réveille pas, est-ce que quelqu’un pleurera ? »
Et ce silence m’a répondu. Ce silence qui me suivait partout, même dans mes pensées.
Mais malgré tout, il y avait une petite lumière en moi. Une résistance. Un souffle. Peut-être que c’était cette même voix qui me disait, depuis toujours :
« Tiens bon. Un jour, tu verras. »
J’ai commencé à écrire. À mettre mes douleurs sur papier. Mes rêves, mes larmes, mes silences. C’était ma façon de survivre, encore une fois. De donner un sens à ce vide. Parce que même si les autres ne voyaient rien en moi… moi, je savais que je portais un monde à l’intérieur.
Un monde brisé, oui. Mais un monde vivant.
Merci à vous, chers lecteurs, de m’accompagner dans ce voyage intime. Votre présence donne un sens à mes mots.
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