Chapitre4: Deuxième porte : *Brûle tes regrets*

Le souffle encore court, Sun Yaeger franchit la seconde porte.

Un changement brutal.

La douce lumière dorée disparut aussitôt, engloutie par une chaleur suffocante.

Devant lui s'étendait un désert de cendres noires, sans ciel, sans horizon, sans vie.

À perte de vue, des montagnes de regrets fumants, entassés comme des cadavres oubliés.

Le sol craquait sous ses pas, chaque mouvement soulevant des volutes de poussière brûlante.

Il avançait seul, le regard fixe, mais au fond de lui, un doute rongeait ses entrailles.

*Pourquoi continuer ?*

Une voix surgit alors, venue du vent rouge et sec :

« Regarde ce que tu as perdu… »

Devant lui, surgissent des visions, mais cette fois, ce ne sont pas des souvenirs neutres.

Ce sont des *regrets*, déformés, exagérés, torturés.

Il revoit ses parents, ces deux visages flous, partis trop tôt.

Il entend l’écho de leurs derniers mots, des promesses qu’il n’a pas su tenir.

Le "je reviendrai vite", jamais accompli.

Puis viennent les amis…

Ceux qu’il a abandonnés pour un travail minable.

Ceux dont il n’a pas pleuré les enterrements, trop fier pour montrer sa peine.

Chaque regret est une brûlure sur sa peau.

Chaque image une lame plantée dans son cœur.

Il tombe à genoux.

Autour de lui, les cendres s’élèvent, tourbillonnant, formant des formes humaines :

Les spectres de ses regrets l'encerclent.

Ils tendent vers lui des mains implorantes, déformées, hurlant des reproches :

« Pourquoi nous as-tu laissés ? »

« Pourquoi as-tu abandonné ton rêve ? »

« Pourquoi as-tu accepté de vivre une vie qui n’était pas la tienne ? »

Sun Yaeger serre les dents.

Sa gorge se serre.

Son cœur saigne.

Et puis, au milieu de ce chaos, il entend une voix différente.

Plus douce.

Plus vraie.

*Lise.*

« Regretter, c'est rester prisonnier. Pardonne-toi, vieux fou... Pardonne-toi et avance. »

Ses mains tremblent.

Il réalise alors la vérité :

*Ces regrets ne demandent pas à être réparés.*

*Ils demandent à être acceptés.*

Il se relève lentement.

Face à lui, une torche est plantée dans le sol.

Simple.

Flamboyante.

Sans hésiter, Sun Yaeger arrache la torche.

Le feu danse dans ses yeux fatigués.

Il marche vers les montagnes de regrets.

Un premier lancer.

Puis un autre.

Et encore un autre.

Le feu dévore les souvenirs, les cris, les mains tendues.

Les regrets hurlent, se tordent, disparaissent dans des gerbes d’étincelles.

Le désert s'illumine d'une lumière rougeoyante, presque divine.

Le feu, ce feu purificateur, ne détruit pas son âme.

Il la libère.

Sun Yaeger pleure.

Pas de tristesse.

Pas de faiblesse.

Il pleure de soulagement.

Pour la première fois depuis des décennies, il se sent léger.

Libre.

Il s'écroule sur le sol, épuisé, le cœur vidé mais vivant.

Alors, dans la chaleur crépitante, une silhouette apparaît.

Le *Gardien*.

Grand. Imposant. Entouré de flammes blanches.

Il s’avance lentement, sa voix grave résonnant comme un tambour dans la poitrine de Sun :

« Tu as accepté ce qui ne pouvait être changé.

Tu as fait la paix avec ce qui était perdu.

Avance, Sun Yaeger. L'épreuve finale t'attend. »

D’un geste, il ouvre devant lui un nouveau chemin, un pont suspendu dans le vide, fait d'étincelles et de lumière.

Sun Yaeger se relève une fois de plus.

Son regard n'est plus celui d'un vieillard fatigué.

C'est celui d'un homme prêt à tout endurer pour mériter sa renaissance.

Il franchit le pont, chaque pas le rapprochant de la promesse silencieuse d'une nouvelle vie.

Le feu derrière lui s’éteint doucement.

***Téléchargez NovelToon pour profiter d'une meilleure expérience de lecture !***