Chapitre3: Première porte :*Affronte ton passé *

Un frisson glacé parcourt l’échine de Sun Yaeger au moment où la lourde porte dorée se referme derrière lui.

Un vent froid, chargé d’une odeur de poussière et de souvenirs oubliés, s’insinue dans la pièce obscure.

Devant lui, l’espace est vide.

Pas un bruit. Pas une lumière.

Juste un silence lourd, comme si le monde entier retenait son souffle.

Il avance, ses pas résonnant sur le sol de pierre, échos lointains d'une vie désormais envolée.

Chaque pas semble peser une tonne, comme si une main invisible tirait sur ses épaules fatiguées.

Soudain, des voix s'élèvent.

Faibles au début, puis plus fortes, plus claires.

Des rires d’enfants... des pleurs d'adultes... des cris étouffés...

Un spectacle surgit devant lui, flottant dans l’obscurité :

*Son passé.*

Plus droit.

Plus fort.

Un sourire naît sur ses lèvres

pas un sourire de façade, non.

Un vrai sourire.

Celui d'un homme qui s'est pardonné.

Il marche vers la porte.

Et alors qu’il l’ouvre, une voix grave et ancienne, celle du Gardien, résonne dans la salle :

« Tu as affronté ton passé sans fuir, sans haïr, sans renier. Tu es prêt pour la suite, Sun Yaeger. »

Dans son cœur, une flamme vacillante renaît.

Petite.

Fragile.

Mais bien réelle.

La flamme d'un homme prêt à se battre pour sa seconde chance.

Dis-moi .

Il se voit, jeune, plein d'ambitions et de rêves brillants.

Il voit ce gamin naïf, ce gosse qui croyait pouvoir changer le monde avec deux mots et un sourire.

Mais très vite, l'image s'assombrit.

Le jeune Sun Yaeger échoue.

Il baisse la tête sous les moqueries.

Il abandonne des projets.

Il trahit ses propres rêves pour survivre, pour "s'adapter", pour "faire comme tout le monde".

Les scènes se succèdent sans pitié.

Il revoit l'amour qu’il n’a jamais osé avouer.

Les amis qu’il a laissé tomber, trop occupé à courir après un avenir vide de sens.

Les promesses murmurées sous la pluie, jamais tenues.

Chaque image est comme un coup de poignard dans son cœur.

Sun Yaeger serre les poings.

Son souffle devient court.

Il voudrait détourner les yeux, hurler, fuir ce passé qui l’écrase.

Mais il reste là.

Droit.

Immobile.

Le miroir vivant continue de le tourmenter.

Il voit les soirs d'ivresse où il noyait ses regrets dans l’alcool bon marché.

Les nuits sans sommeil, fixant le plafond fissuré, se demandant où il avait merdé.

Il voit la solitude, cette vieille compagne silencieuse, l’enserrer peu à peu dans une étreinte glacée.

Le vieux Sun Yaeger savait qu'il n'avait jamais commis de crimes horribles.

Il n'était ni un monstre, ni un traître.

Non.

Son crime était plus subtil, plus cruel :

*Il avait laissé sa vie lui échapper.*

*Il avait abandonné ses rêves, un à un, jusqu’à ne devenir qu’une ombre.*

Ses yeux s’embuent.

Il ressent tout : la honte, la colère, le regret.

Un tsunami d'émotions qui menace de l'engloutir.

Et puis… au milieu de ce chaos… une voix résonne.

C’est Lise.

Douce, lointaine, mais claire comme une étoile au milieu d’une nuit d’encre.

« Tu n'es pas ce que ton passé dit de toi… Tu es ce que tu choisis d'être aujourd'hui. »

Ses jambes tremblent, son cœur bat la chamade.

Sun Yaeger comprend.

Ce n’est pas son passé qu’il doit combattre.

Ce n’est pas ses erreurs qu’il doit fuir.

C’est la *culpabilité*, cette chaîne invisible, qu’il doit briser.

Il tombe à genoux.

Ses larmes, trop longtemps retenues, coulent librement sur ses joues ridées.

« Oui... J'ai failli. Oui, j'ai raté des choses. Oui, j'ai perdu. »

« Mais aujourd'hui... Aujourd'hui, je choisis de vivre. De vraiment vivre. »

Dans un éclair de lumière, le spectre du passé se fissure.

Les images se désagrègent comme du sable emporté par le vent.

La salle, jusque-là grise et oppressante, s’illumine d'une douce lumière dorée.

Devant lui, une petite porte apparaît.

Simple.

Sans prétention.

Il se relève lentement.

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