Chapitre 2 – Pourquoi est-ce que c’est moi ?

Le vent soufflait doucement sur la clairière. Le sol encore humide témoignait de leur réussite.

Anayo et Cloud venaient de réussir la première épreuve imposée par Trisha et Light. Mais une nouvelle étape les attendait déjà.

— Très bien, déclara Trisha avec un grand sourire. Nous allons maintenant aborder l’étape finale de votre entraînement.

Anayo se redressa, les yeux brillants d’impatience.

— Nous t’écoutons, Trisha.

— Pour cette prochaine étape… ajouta Trisha en croisant les bras, …ce ne sera pas moi qui vous l’enseignerai. Votre professeur sera… Cloud.

Un grand silence.

— Quoi !?, s’exclama Anayo, les yeux ronds.

— Moi !?, s’étonna Cloud, tout aussi surpris.

Trisha hocha la tête avec calme.

— Oui, oui.

Cloud et Anayo se regardèrent, complètement perdus.

— Mais pourquoi ?, demandèrent-ils en chœur.

Trisha garda le sourire.

— La raison est très simple...

À cet instant, Land, un esprit sage et discret qui accompagnait souvent Trisha, fit un pas en avant.

— Aujourd’hui, vous devez apprendre à tracer un cercle magique... mais invisible.

Anayo cligna des yeux, déconcertée.

— Un cercle magique !?

Land acquiesça, avec son calme habituel.

— Exactement. C’est une forme de magie que j’ai enseignée à Trisha, il y a bien longtemps.

Anayo fronça les sourcils.

— Mais alors… pourquoi n’est-ce pas toi ou Trisha qui me l’enseigne ?

Land posa une main sur la tête de Cloud, comme s’il voulait lui transmettre du courage.

— Parce que seul Cloud connaît la manière de dessiner son cercle magique. Ce pouvoir est unique à chacun. C’est un art que l’on doit réveiller soi-même.

Cloud secoua la tête.

— Mais... je ne sais pas comment faire. Je ne m’en souviens pas du tout.

Land lui sourit doucement.

— Tu t’en souviens. Peut-être pas avec ta tête, mais avec ton cœur. C’est en toi depuis toujours. Je suis certain que tu peux y arriver.

Trisha s’approcha à son tour.

— Je sais que cela vous semble difficile… mais sans cet effort, vous ne pourrez jamais vaincre Spirit, ni dépasser votre niveau actuel.

Elle se retourna, puis, avec Light et Land, commença à s’éloigner.

— Nous vous laissons maintenant.

Anayo tendit la main, paniquée.

— Attendez ! Vous ne pouvez pas nous donner un petit conseil ?

Trisha fit mine de réfléchir. Puis Light répondit simplement :

— Essaie la méditation.

Anayo et Cloud clignèrent des yeux.

— La méditation !? Pourquoi ?

Light haussa les épaules.

— Vous verrez bien.

Et ils disparurent parmi les arbres, laissant les deux amis seuls.

En marchant dans les bois, Trisha jeta un regard inquiet par-dessus son épaule.

— J’espère qu’ils vont s’en sortir…

Land, toujours optimiste, lui répondit :

— Pourquoi douter ? Je suis certain qu’ils réussiront.

— Ils sont face à un mur, ajouta Light d’une voix posée. Mais je sais qu’ils trouveront le moyen de le franchir.

Anayo et Cloud s’assirent en tailleur, au centre de la clairière. Ils fermaient les yeux, respiraient lentement… puis rouvraient les yeux dix secondes plus tard, distraits.

— Pfff…, souffla Cloud. C’est trop long.

Les jours passèrent. Puis les semaines.

Toujours aucun cercle magique.

Toujours aucune révélation.

Un soir, épuisée et frustrée, Cloud s’allongea dans l’herbe, les bras en croix.

— J’en ai assez. Ça ne fonctionne pas.

Anayo ouvrit un œil.

— Ne nous décourageons pas. On va y arriver, j’en suis sûre.

— Mais c’est si long... murmura Cloud. Et en plus, ces cercles doivent être tracés à la main, guidés par notre imagination… et par le lien qui nous unit.

Anayo tourna lentement la tête vers elle.

— Comment… tu sais ça ?

Cloud haussa les épaules.

— Je ne sais pas. Je le sais, c’est tout.

Un silence. Puis, soudain, Anayo se redressa d’un bond.

— C’est incroyable ! Tu t’en souviens !

Cloud se redressa à son tour, étonnée.

— Hein ?

— Tu te souviens de la méthode ! Tu vois, je te l’avais dit !

Dans les buissons, à l’abri des regards, Trisha observait en silence. Un sourire radieux éclaira son visage.

— Ils ont enfin compris.

Anayo et Cloud se mirent debout. Le vent soufflait doucement dans la plaine. Leurs yeux se croisèrent, et dans un même mouvement, ils tendirent leurs mains vers le sol.

Le cercle invisible n’était pas tracé à l’encre, ni à la craie. Il était imaginé, ressenti, guidé par leur lien.

Et pour la première fois…

Ils le virent.

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