Chapitre 2
Le vent soufflait doucement sur les plaines dorées, caressant les hautes herbes comme un murmure oublié des dieux. Allongée sur le sol froid et humide, Xianü ouvrit lentement les yeux. Un frisson la parcourut. Ce froid mordant, cette sensation d’inconfort… jamais elle ne l’avait ressentie auparavant. Son corps ne baignait plus dans la lumière céleste, il était maintenant soumis aux caprices du monde mortel.
Elle tenta de se relever, mais une douleur fulgurante lui vrilla les membres. Ses muscles étaient lourds, ankylosés, comme si son propre corps lui était étranger. Sa respiration était irrégulière, rauque. Chaque inspiration semblait un combat contre l’air épais et pesant qui s’engouffrait dans ses poumons. Elle posa une main tremblante sur le sol, sentant pour la première fois la texture brute de la terre sous ses doigts. C’était étrange. Jamais, dans le royaume céleste, elle n’avait eu à éprouver la rudesse du monde physique.
Le choc de sa chute l’avait laissée désorientée. Elle ferma un instant les yeux, cherchant à rassembler ses pensées. Son dernier souvenir était le regard sévère de l’Empereur du Ciel, son jugement résonnant dans les airs sacrés du Tribunal céleste. Elle se rappelait la sensation de son essence divine s’effilochant, s’effaçant dans l’immensité du vide, et puis… la chute. Une chute sans fin, un vertige inhumain, avant que la terre ne l’accueille sans douceur.
Elle serra les poings, réalisant l’ampleur de sa punition.
Elle n’était plus une déesse.
Un bruissement attira son attention. À quelques mètres, un homme se tenait dans un champ, agenouillé près d’un sillon fraîchement creusé. Il portait des vêtements simples, en lin grossier, et ses mains étaient noircies par la terre. Son visage, bien que marqué par la fatigue, dégageait une force tranquille, une résilience que Xianü ne comprenait pas encore.
Il ne semblait pas l’avoir remarquée. Elle l’observa un instant, fascinée par sa manière de travailler la terre avec patience et détermination. Chaque geste était précis, mesuré, comme une danse silencieuse entre l’homme et la nature.
Xianü tenta de bouger, mais son corps, trop faible, ne répondit pas immédiatement. Elle poussa un gémissement involontaire en essayant de s’asseoir. Ce son, bien que faible, attira l’attention de l’homme. Il redressa la tête, les sourcils froncés, scrutant l’herbe haute où elle était dissimulée.
Le regard de Xianü croisa le sien.
Un instant suspendu dans le temps.
Les yeux de l’homme étaient sombres, profonds, empreints d’une sagesse silencieuse. Il resta figé, comme s’il hésitait entre la prudence et la curiosité. Puis, lentement, il se redressa et s’approcha.
— Qui êtes-vous ? demanda-t-il d’une voix grave.
Xianü ouvrit la bouche, mais aucun son n’en sortit. Une panique sourde l’envahit. Avait-elle perdu sa voix ? Non… elle comprit rapidement qu’elle ne connaissait pas cette langue. Dans le royaume céleste, la communication se faisait par l’essence même de l’âme. Ici, dans ce monde, elle était muette.
L’homme la scruta, puis, après un instant d’hésitation, il tendit une main vers elle.
— Vous êtes blessée ?
Xianü cligna des yeux. Elle ne comprenait pas ses mots, mais le ton de sa voix n’était pas menaçant. Il semblait… préoccupé. Pourtant, elle ne bougea pas. Une partie d’elle refusait d’accepter cette aide. Elle était une immortelle déchue, pas une créature fragile nécessitant la pitié d’un mortel.
Mais son corps, lui, ne partageait pas cette fierté. Une douleur vive parcourut ses jambes lorsqu’elle tenta de se relever seule, et malgré elle, elle bascula légèrement en avant.
L’homme la rattrapa.
La chaleur de ses mains contre sa peau la fit frissonner. C’était une sensation nouvelle, presque intrusive. Jamais auparavant elle n’avait ressenti le contact direct d’un autre être. Dans le royaume céleste, les corps étaient faits de lumière et d’énergie pure. Ici, elle pouvait sentir la rugosité de sa peau, la force de ses doigts calleux, la chaleur qui émanait de lui.
Il la remit sur pied avec précaution, sans la brusquer. Xianü, encore sous le choc, se laissa faire.
— Vous venez de la forêt ? demanda-t-il en jetant un regard derrière elle.
Elle ne répondit pas. Comment aurait-elle pu ?
L’homme la fixa un instant, avant de soupirer.
— Vous êtes perdue, n’est-ce pas ?
Il ne s’attendait visiblement pas à une réponse, mais il sembla prendre une décision. Il passa un bras sous son épaule pour la soutenir et l’aida à marcher jusqu’à une petite maison en bois à quelques pas du champ.
Xianü était trop faible pour protester.
Elle ne savait pas encore que cet homme, ce simple mortel, allait changer son destin bien plus que les dieux eux-mêmes.
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