...DAWSON....
Je me garai et décrochai. Un silence régna sans que ni elle ni moi ne parlions. Je m'armai de courage et articulai du mieux que je pus.
— Allô ?
— Bonjour Dawson.
Sa voix résonna en moi.
— Bonjour, Olivia.
— Si je te contacte, c'est pour Lily. Elle souhaite te voir.
Une chaleur s'empara de mon cœur.
— Ah oui ? Comment va-t-elle ?
— Attends, je te la passe. Lily ? Viens saluer papa !
Durant des minutes qui se sont écoulées comme une éternité, mon impatience s'accrut. Après un grésillement, mon oreille se régala de ce que je venais d'entendre.
— Allô, papa ?
Sans pouvoir me contrôler, un sourire étira mes lèvres. Je parlais enfin à ma fille. Et même si elle ne put le voir, j'étais si heureux de l'écouter.
— Lily ?
— Coucou papa !
— Bonjour mon trésor. Comment tu vas ?
— Bien. Quand est-ce que tu viens ? Tu me manques...
Mon souffle se coupe.
Lily ne comprenait pas pourquoi Olivia et moi ne vivions plus ensemble. Pour elle, c'est moi qui suis parti. Olivia ne lui a donc pas dit ?
— Je...en ce moment papa est très occupé, ma chérie. Mais promis, je viendrai.
— Tu me le promets ?
— Oui.
— Alors, quand pourrait-on se voir ?
— Disons...ce weekend ? Si ta mère est d'accord, bien sûr.
Faites qu'elle soit d'accord.
— Maman ! Papa demande si t'es d'accord pour ce weekend ?
— Elle demande si demain tu es disponible ? elle reprit.
Demain ? C'est vendredi, et je finirai assez tôt.
— Oui, à partir de 16 heures.
— Maman ! Papa a dit qu'il sera disponible à 16 heures.
Je ricanai en l'entendant hurler après sa mère avec cette petite voix. Sa vivacité n'avait pas changé.
— Elle a dit qu'elle est d'accord. Et que tu pourras en profiter pour venir me chercher à l'école.
— Message reçu.
— Maman !
— Quoi ?! beugla Olivia à l'autre bout du fil.
Je rigole à pleine gorge.
— Papa a dit : message reçu ! Papa ?
— Oui, mon ange ?
— C'est vrai que je te l'ai déjà dit mais tu me manques beaucoup.
— Toi aussi, trésor.
— Ah oui ? Un peu ou beaucoup, beaucoup, beaucoup ?
— Beaucoup, beaucoup, beaucoup.
— D'accord. Je dois aller manger. Je t'aime papa !
— Et moi encore plus, mon ange.
— Bisous, et à demain !
— À demain.
Elle raccrocha et je secouai la tête. Sa voix m'a redonné le sourire. Je vois qu'elles allaient toutes les deux bien. C'était l'essentiel. Je rentrai et pris le dîner, impatient pour demain.
...❖❖❖...
...THÉA....
Misère. Être en stage ne sera pas du tout ma tasse de thé ! Hier encore, on nous avait annoncé le lancement des stages. Le bémol c'est que je n'avais nul part où déposer ma lettre.
Encore fallait-il que j'en rédige une...
Tandis que les autres avaient déjà trouvé où faire leur stage, moi j'étais allongée sur mon lit, le visage couvert de sébum. Ma vie ne cessera-t-elle jamais d'être un marathon ? Il faut croire que non !
Je m'empressai de prendre une douche et d'appliquer un masque à l'avocat sur mon visage. La musique joua depuis mon baffe bluetooth et quelques minutes plus tard, me voilà en train de me trémousser sur du Cardi B. J'avais cours aujourd'hui à 11 heures et il n'était que 7 heures et demi. J'avais largement le temps pour me détendre un peu.
Emilio était déjà parti pour l'école et ce soir, j'allais enfin recevoir mon salaire. En dehors des cours, je faisais coiffeuse, et je pus avouer que ça me rapportait pas mal de revenus, nécessaires pour le loyer, les courses et le goûter d'Emilio.
Je disciplinai ma tignasse avec du démêlant qui redessina mes frisottis et après un bon bain, enfilai un baggy en jean et un crop-top blanc. Je déconnectai mon bluetooth, sortis de ma maison, mon dossier en main, et me rendis au parc où Mady m'attendait, sur son laptop.
— Hey !
— Bestie !
Nous nous saluons d'un tchek personnalisé et elle ramena une mèche blonde derrière son oreille.
— Alors, cette lettre ?
— Ne m'en parle pas. Je n'ai même pas écrit ne serait-ce qu'une seule syllabe.
Je m'installe sur le banc, dépitée. Mady croisa des jambes. Ses yeux gris m'étudièrent un instant et elle secoua la tête.
— Tu n'es pas dans les temps, Théa, tu le sais ?
— Oui, mais que faire ? Je n'ai aucune idée de l'endroit où je me verrai bien faire un stage !
— Ce n'est pas si étonnant. Tu es beaucoup trop compliquée.
— Traduction, darling ? arquai-je du sourcil.
— Bon, faisons simple. Où pourrais-tu te voir travailler plus tard ?
— Aucune idée.
— Essaye, imagine si tu veux.
Main au menton, je me poussai à la réflexion. Il est vrai qu'en soi, le métier de psychologue était assez vaste. Mais dans quel secteur pourrai-je bien travailler ?
— Partout. Sauf en clinique. Les médecins ont tellement de secrets effrayants que j'hésite à y travailler.
— Comment peux-tu le savoir ? Tu n'as jamais exercé en clinique.
— Pas faux. Mais d'après les rumeurs, les plus gros sociopathes ressortent de là-bas. Opérer ou encore surmonter la mort d'un patient doit être difficile à digérer mentalement.
— Oui. Moi-même serait bientôt mise à l'épreuve...
— Comment ça ?
— La semaine prochaine, je serai évaluée en pleine transplantation du cœur.
— Mais c'est génial !
— Oui, bien que je prie que le stresse n'ait pas raison de moi...
— Tu n'as qu'à demander à Kirk ! N'est-il pas chirurgien ? Il doit s'y connaître dans ce genre de choses.
— C'est ce que je compte faire. Bref, revenons à ton cas. De ce que moi je sache, tu n'aimes pas ce qui est fade. Tu es plutôt joviale bien que parfois ton sale caractère refait surface. Tu détestes la pistache et tu adores la vanille. Tu peux discuter pendant des heures, sans pour autant connaître la personne à qui tu t'adresses...
— Waouh. Pour viser juste, tu l'as fait !
— Et surtout, tu adores les enfants.
Comme si sa phrase m'avait éclairée, j'entrouvris mes lèvres, une idée en train de me passer par la tête.
— Justement, les enfants ! C'est pour ça que je t'aime Mady, t'es la meilleure !
— Qu'ai-je dit ?
— S'il y a bien des êtres avec lesquels la connexion est rapide, ce sont les enfants ! En plus il est vrai que dans leurs établissements il y a des bureaux spécialisés en psychologie. Je pourrais par exemple selectionner quelques-uns d'entre eux où déposer ma lettre et le tour est joué ?
— Pas bête, l'idée ! me soutint Mady d'un sourire.
— Oui, mais la véritable question est de savoir s'ils accepteront que j'y fasse un stage...
— Chaque chose en son temps, girl. Pour le moment, rédige déjà ta lettre et cherche des écoles à proximité. Pour la suite, l'avenir nous le dira.
— Tu as raison.
— Comme toujours ! Alors, on la rédige, cette lettre ?
...❖❖❖...
...DAWSON....
— Passez une bonne soirée, Monsieur Jones.
— Merci, de même Ambroise.
Je sortis de l'hôpital et jetai un coup d'œil à ma montre. Dans trois minutes, il sera 16 heures. Je démarrai et me rendis devant l'école de Lily. Au préalable, j'ai pensé à lui acheter quelques pâtisseries, comme elle les aime.
Je pénétrai l'enceinte et saluai sa maîtresse qui m'accueilla d'un large sourire.
— Liliana ! Papa est venu te chercher.
Lily bondit de sa chaise, récupéra son sac et salua ses camarades de classe sans oublier la maîtresse avant de sauter dans mes bras.
— Papa !
— Coucou mon ange.
Je me redressai avec elle dans mes bras et me dirigeai vers la voiture.
— Comment a été ta journée ?
— Bien ! Et la tienne ?
— Épuisante. Mais je ne suis plus fatigué, ma petite fille chérie est avec moi.
Je lui couvris de papouilles alors qu'elle riait de vive voix.
— Papa, arrête ! Ça chatouille...
— Mais tu m'as tellement manqué, mon bébé d'amour.
J'ouvris la portière et lui fit asseoir, avant de lui passer la ceinture de sécurité. Elle vit le carton de pâtisseries et gigota d'excitation. Je pris place à mon tour et roula avec légèreté jusqu'à la maison.
Désolé Kirk, mais je n'irai pas à la salle.
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