Chapitre 19

C'est samedi aujourd'hui, et ma mère n'est pas encore rentrée de son voyage. Cette situation me donne la liberté de faire ce que je veux en son absence. Une part de moi ressent de la satisfaction à l'idée qu'elle ne soit pas là. Je sais pertinemment qu'elle n'aurait jamais accepté que je me rende au chalet de la famille de Bradley, surtout en sa compagnie. Même si elle ne le connaît pas personnellement, elle est au courant des soirées qu'il organise en l'absence de ses parents. Ce qui la révolte le plus, ce sont les multiples jeunes filles qu'il invite chez lui et qui finissent dans son lit.

Je me souviens encore du jour où elle m'a confié qu'elle ne serait pas surprise si Bradley attrapait une maladie sexuellement transmissible. Cela montre à quel point elle ne l'apprécie pas.

Je m'applique à ranger méticuleusement mes derniers effets personnels dans mon sac à dos, veillant à ce que chaque objet trouve sa place avant que je ne le jette négligemment sur mon épaule. Dans un mouvement presque automatique, je quitte ma chambre, laissant derrière moi un désordre relatif qui contraste avec la rigueur de mon sac désormais prêt pour l'aventure. Lorsque j'atteins le rez\-de\-chaussée, un tableau singulier s'offre à mes yeux : mes amis sont là, figés dans une attitude d'attente, chacun arborant un sac à dos chargé de leurs effets personnels.

"Enfin, tu as fini", s'exclame Sarah avec un mélange de soulagement et de taquinerie dans la voix. Un léger gloussement m'échappe devant leur mine renfrognée, sachant pertinemment que c'est moi qui les ai invités, mais c'est elles qui se retrouvent à devoir m'attendre.

"Désolé, j'avais complètement oublié ma brosse à dents", je m'excuse, réalisant soudainement mon oubli. Anna, avec son habituelle exagération, roule des yeux et me lance un regard plein de reproches.

"Cette fois, ne te permets plus de prétendre avoir oublié quoi que ce soit, car je te le jure sur notre amitié, tu risques de te prendre une sacrée remontrance", me prévient\-elle d'un ton à la fois sévère et complice , mais empreint d'une complicité indéniable.

Je lui lance un sourire désolé, sachant bien évidemment que sa menace n'est que du bluff. Fidèle à elle\-même, Stacy reste silencieuse, se contentant de les regarder me gronder. Nous finissons par sortir de ma maison. Plusieurs voitures sont garées devant celle de Bradley. Je le vois au volant de sa Ferrari étincelante noire. À ses côtés, Aubrey est assise, une jambe négligemment posée sur ses genoux. J'ai du mal à croire qu'ils sont vraiment amis, car il faut le dire, cette afro\-asiatique est canon. Ses yeux bridés et ses lèvres pulpeuses lui donnent un certain charme, sans parler de son nez tout pointu. Sa peau est dépourvue de toute imperfection. Je le sais parce que je la suis sur Instagram, et que je l'ai même déjà vue en bikini, c'était à la plage.

Mes sourcils se froncent tandis que mon regard se pose une énième fois sur sa jambe nue, posée sur les genoux de Bradley. Je suis une fille, et je suis 100% hétérosexuelle, mais je pourrais bander rien qu’en regardant ses cuisses. D'accord, c’est exagéré, mais je suis jalouse de ses jambes fines, dépourvues de toute imperfection. Je n'ose même pas imaginer ce que Bradley ressent en ce moment.

\- Kimberly ? Tu m’écoutes au moins ?

Je détourne mon regard d'eux et le pose sur Anna, qui me tend mon téléphone que je lui avais demandé d'attraper pour moi. Il est en train de sonner, et le nom sous lequel j’ai enregistré ma mère s’affiche sur l’écran.

\- Allô ? Articulais\-je après m’être saisie du téléphone et avoir décroché, oui je suis à la maison… C’est Pricilla qui est de garde aujourd’hui.

\- D’accord, je t’appelle s’il y a un problème.

Le son de la voix familière de ma mère résonne encore dans ma tête alors que je raccroche. Je me retourne pour faire face à Stacy, curieuse de savoir ce que ma mère voulait.

\- Elle voulait savoir si c’était moi ou Pricilla qui s’occupait de la boutique.

Stacy arque un sourcil, manifestant son intérêt pour la conversation. C'était toujours agréable de partager ces petits moments du quotidien avec elle. Cependant, c'est Sarah qui, avec une pointe d'admiration dans la voix, prit la parole.

\- Ha, je t’envie Kimberly, glisse Sarah avec admiration, tu travailles chaque week\-end dans la boutique de ta mère, vendant ses vêtements de marque et chaque fin du mois tu es rémunérée par un énorme salaire. Tu fréquentes l’une des meilleures écoles de New\-York, tu habites dans un très grand loft et… ton père est à la tête de la plus grande entreprise des États\-Unis, elle n'est pas belle la vie ?

Je roule exagérément des yeux, exprimant ainsi mon exaspération face à la situation. Sarah, loin d'être pauvre, évolue dans un environnement où la stabilité financière de ses parents est indéniable. Malgré cela, elle semble aspirer à davantage, à une grandeur qui m'échappe. Je me demande même pourquoi elle ressent ce besoin insatiable de toujours plus. En contraste, Stacy, en tant que seule boursière parmi nous, est celle qui a réellement le droit de se plaindre de sa situation financière. Son statut précaire contraste fortement avec celui de Sarah, mettant en lumière les inégalités et les différences de perspectives au sein de notre groupe.

\- Allez, venez les filles, on vas bouger, nous informe Ethan, qui est lui aussi dans sa propre voiture, en dehors de l’école et de l'uniforme scolaire qui nous colle à la peau. Il est vêtu d'un pull à capuche noir, niveau jean je ne pourrais pas très bien décrire étant donné qu'il est assis dans sa voiture. Cody, le frère d'Anna, est assis à côté de lui. Il ne reste plus que trois places derrière qui nous attendent, et on est quatre.

\- Tant pis, on va faire avec, mais alors que je me dirige vers la voiture d’Ethan, prête à m’y enfoncer à l’intérieur, Jordan dans sa Mercedes m’arrête :

\- Tu peux monter avec moi, Kimberly.

Je lève la tête dans sa direction, mais aussitôt je ressens un vif foudroiement dans mon dos, j’oblique instinctivement ma tête dans la direction de Bradley qui s’est tendu tout à coup comme un arc. Ses yeux, d'ordinaire emplis de nonchalance et de «je m’en foutisme», sont maintenant empreints d'une lueur sombre et intense, trahissant une jalousie palpable. Son visage, habituellement serein, est maintenant crispé, ses mâchoires serrées révélant une tension contenue.

Nos regards se croisent, et dans ce bref instant, je peux presque sentir la vague de jalousie qui émane de lui. Son regard brûlant semble transpercer mon âme, cherchant à comprendre mes pensées, mes sentiments. Je sens son regard peser sur moi, lourd de suspicion et d'incompréhension.

Pourtant, malgré la tension qui s'est installée entre nous, je détourne finalement le regard, sentant le poids de sa jalousie peser sur mes épaules. Sans un mot, je me dirige vers la voiture de Jordan, cherchant à échapper à cette atmosphère chargée d'émotions. Même s'il m'avait invité à monter dans sa voiture, je n'aurais pas accepté. Non pas par manque d'intérêt, mais parce que je savais que la simple idée de me retrouver derrière lui, pendant qu'il est assis à côté de sa prétendu ami, aurait été insupportable pour moi.

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