Chapitre 07

- "Euh... je ne sais pas trop, mais je suis d'accord avec Ethan, un poème est une belle idée," balbutiais-je.

Un ricanement distinct attire mon attention vers Bradley, nonchalamment accoudé sur la table, soutenant son visage de sa main :

\- "Tu risques de te faire bloquer si tu choisis cette option. Envoie\-lui simplement une photo de tes abdominaux, si jamais tu en as. Les filles adorent ça."

Mon téléphone vibre dans ma poche au moment opportun, attirant les regards curieux vers moi. Je leur adresse un sourire gêné avant de me lever de ma chaise avec nonchalance , prenant soin de les informer poliment que je vais répondre à cet appel important. Alors que je me mets à déambuler dans la maison à la recherche d'un endroit tranquille pour parler à ma mère sans être perturbé par la musique assourdissante en arrière-plan, mes yeux se posent sur un majestueux escalier s'élevant vers l'infini. Un soupir de soulagement m'échappe alors que je m'élance, montant les marches deux par deux avec une agilité féline.

Une fois arrivé au sommet de l'escalier, je me retrouve face à un couloir mystérieux où deux portes imposantes se font face. Sans hésitation, je pénètre dans celle que je suppose être la chambre de Jordan, me faufilant ensuite dans la salle de bains pour répondre à l'appel tant attendu de ma mère.

"Allo maman?" ma voix résonne doucement dans la pièce.

"Ah, d'accord. Combien de temps prévois-tu de rester là-bas? Deux semaines? Très bien, c'est noté,".

Je raccroche brusquement et me laisse glisser contre la porte de la salle de bain, retenant avec peine mes larmes qui menacent de couler. Les rares moments passés avec ma mère se comptent sur les doigts d'une main. Elle est constamment en voyage, jamais présente lorsque j'ai besoin d'elle. À ce stade de ma vie, l'ignorance de son absence n'est plus aussi simple qu'avant. Malgré mes efforts pour me convaincre du contraire, le vide laissé par son absence se fait de plus en plus pesant. Je me demande parfois si elle m'aime réellement, car son affection se résume souvent à des cadeaux de luxe, témoins de sa réussite en tant que styliste renommée.

Soudainement prise d'une envie pressante, je dézippe mon pantalon et m'assois sur la cuvette des toilettes, laissant ma vessie se vider. Un soupir de soulagement m'échappe une fois terminée, et je remonte mon pantalon, laissant mon esprit divaguer dans les méandres de mes pensées tourmentées.

Alors que je pousse un soupir de lassitude, je m'efforce de me frayer un chemin hors de la salle de bain, émergeant lentement dans la pièce adjacente. Mes pas résonnent faiblement sur le sol carrelé alors que je me prépare à me diriger vers le couloir menant à l'escalier. Soudain, mon ouïe perçoit un bruit subtil, attirant mon attention. Ma tête se tourne instinctivement vers la chambre en face de moi, dont la porte est entrebâillée, laissant échapper des sons indistincts.

Mon cœur s'emballe dans ma poitrine alors que la porte s'ouvre davantage, comme poussée par une force invisible. Figée sur place, je retiens difficilement ma respiration en réalisant avec effroi que les bruits provenant de la pièce sont des gémissements. Hésitant à perturber l'intimité de ces personnes, je m'apprête à faire demi-tour, mais une voix s'élève soudain, glaçant mon sang et figeant mon corps sur place :

- Jordan, plus vite, s’il te plaît.

Je me retourne lentement pour faire face à la porte, mon souffle se coupe brusquement lorsque mes yeux se posent sur Jordan et la mystérieuse fille qui était assise sur ses genoux. La vision qui s'offre à moi est à la fois choquante et captivante. La jeune femme, dont la robe est relevée jusqu'à sa taille, révélant une partie de son corps délicatement courbé sur le lit dans une position suggestive de levrette, est secouée par les violents coups de reins de Jordan. Les gémissements qui s'échappent de sa bouche emplissent la pièce d'une tension palpable.

Un mélange de curiosité malsaine et de culpabilité m'envahit alors que je reste figé sur place, incapable de détourner le regard de cette scène intime et interdite. Mon cœur bat la chamade dans ma poitrine, tandis que mon esprit est assailli par un tourbillon d'émotions contradictoires. Une voix intérieure me murmure que je ne devrais pas être témoin de cet instant privé, pourtant je reste là, immobile, absorbé par ce spectacle troublant.

Alors que mes yeux restent rivés sur eux, absorbés par la scène qui se déroule sous mes yeux, une main se pose soudainement sur mon épaule. Un frisson d'appréhension parcourt mon échine, mon cœur battant la chamade dans ma poitrine. Lentement, je me retourne, redoutant de découvrir le visage de la personne qui m'a surprise dans cet instant de voyeurisme involontaire.

- "J-je…" balbutiais-je, sentant mon cœur battre la chamade alors que je me retrouve face à lui.

- "Ça t’excite de regarder les gens baiser ?" lâche-t-il d'un ton nonchalant, arquant un sourcil, son regard perçant me transperçant de part en part. Sa stature imposante et son assurance naturelle me donne l'impression d'être insignifiante à ses yeux, comme un vulgaire insecte qu'il peut écraser d'un simple geste.

- "Je ne vois pas de quoi tu parles !" m'empressai-je de répondre, tentant de dissimuler mon trouble en m'éloignant de la porte entrouverte pour échapper au spectacle de Jordan et sa copine. Cependant, les pas lents et pesants de Bradley résonnent derrière moi, soulignant sa présence imposante.

- "Tu n'as pas répondu à ma question. Est-ce que ça t'excite de regarder les gens baiser ?" répète-t-il, son ton désinvolte accentuant mon malaise croissant.

- "Je ne vois pas de quoi tu parles," articulai-je avec peine, mes mots se perdant dans ma gorge nouée. Je sent sa présence peser sur moi, comme si le diable en personne me poursuit à travers les méandres de mes pensées, me poussant à fuir comme si ma vie en dépend.

Un rire rauque perce le silence du couloir alors que je n'entends plus ses pas derrière moi. La curiosité me pousse à tourner la tête dans sa direction, et comme je l'imaginais, il s'est arrêté, a fourré ses mains dans ses poches avec désinvolture, puis a recommencé à s'avancer vers moi de manière flegmatique :

- C'est marrant, tu ne ressembles pas à une fille perverse.

Je rougis furieusement, dansant nerveusement d'un pied à l'autre :

- Je ne le suis pas.

- Alors c'est ton truc le voyeurisme ?

- Non... je ne les épiais pas... la porte était... ouverte.

Un rire moqueur lui échappe :

- Et tu crois que je vais gober ça ?

- Peu importe, je n'ai pas de compte à te rendre.

Je m'apprête à lui tourner le dos, mais il m'arrête en articulant sereinement :

- Jordan sait que tu baves sur lui ?

Je ne lui réponds pas , me contentant de garder un visage impassible mais il continue toujours sur le même ton persifleurs :

- Tu as des photo de lui dans ton ordinateur que lui même ignore l’existence…

"- Et puis, putain, je te jure que si tu lui dis, je porte plainte pour piratage informatique.

- Et moi pour harcèlement. Je suis sûr que ça intéresserait les flics de savoir que tu stalkes les gens. C’est à se demander si tu n'as pas une photo nue de lui.

- Ah, ta gueule !", meuglais-je, énervée.

Bradley glousse, son regard moqueur se pose sur moi alors qu'il s'humecte lentement les lèvres, laissant planer un suspense taquin dans l'air chargé d'électricité.

- Ça fait combien de temps que tu es amoureuse de lui?" lance-t-il, un sourire narquois aux lèvres, cherchant à percer le mystère qui entoure mes sentiments.

- D-deux ans," répondis-je du tac au tac, ma voix légèrement tremblante trahissant une émotion contenue depuis trop longtemps. Et là, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Bradley éclate de rire, un rire moqueur qui résonne dans la pièce, secouant son corps de spasmes incontrôlables. Puis, soudain, son expression se fait plus sérieuse, son regard plongeant dans le mien avec une intensité troublante.

- Merde, t'as quel âge, 15 ans?" lance-t-il, mêlant moquerie et incrédulité, avant d'être interrompu par un soupire agacé de ma part , qui réplique avec une pointe d’énervement: "Vas te faire foutre!"

- Mais plus sérieusement, tu es mignonne et tout, mais..." Il s'interrompt, me dévisageant d'un air critique, son regard balayant mon apparence de haut en bas avec une franchise désarmante .

"Mais je ne pense pas que Jordan serait intéressé par une fille qui porte encore une culotte Hello Kitty," lâche-t-il finalement, pointant du doigt un détail embarrassant que je n'avait pas remarqué. Instinctivement, je baisse les yeux sur mon pantalon, réalisant avec horreur que j’ai oublié de refermer ma fermeture éclair. Mon visage s'empourpre instantanément, trahissant mon embarras dans un éclat de rouge vif qui contraste avec la gravité de la situation.

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