Chapitre quatre

Cc 👋

Bonne lecture

Deux jours étaient passés depuis l'altercation violente avec mon possesseur, qui n'avait plus pointé le bout de son nez. Les deux plus beaux jours de ma vie. Kiara avait eu pour ordre de rester avec moi jusqu'à son retour.

Mais ma petite dose de vacances fut de courte durée,car d'après elle, il devait revenir aujourd'hui.

- Alors, tu fais du quatre pour les jeans, du S pour les pulls. Je te prendrai des sweat-shirts en M ou L, tout dépendra du modèle. Bien ! s'exclama-t-elle en notant mes mesures. Maintenant, j'ai besoin de connaître ta taille de bonnet pour le soutien-gorge.

— Je ne la connais pas, rétorquai-je en me brossant les dents et en regardant son reflet s'offusquer dans le miroir.

Elle détailla ma poitrine, me mettant mal à l'aise, avantd'écrire de nouvelles notes sur son téléphone.

— T'as une préférence ?

Sur le tissu ou la couleur, peut-être ?

Je secouai négativement la tête, et elle me sourit furtive-ment. J'essayai ses chaussures afin de connaître ma pointure, et par chance, c'était la même.

Kiara sortit de la pièce me disant qu'elle reviendrait demain avec mes achats.

Lorsqu'elle quitta la maison, je me sentis tout à coup très seule. Seule l'eau qui coulait du robinet rompait le silence.Bien que ce sentiment de

solitude ne m'ait jamais

dérangée auparavant, ici, je

me sentais oppressée. Savoir

que j'étais seule et qu'un

individu qui voulait ma mort,

jour et nuit, pouvait débar-

quer à n'importe quel

moment me rendait parano.

Je descendis au salon afin d'allumer la télé. Je décidai de regarder un dessin animé que j'aimais tout particulière-ment, Teen Titans.

Soudain, j'entendis un bruit derrière moi qui me fit sursauter et me retourner rapidement.— Je vois qu'il est déjà passé aux avertissements physiques, nota l'homme en découvrant mon bandage.

Quel con...

C'était le pervers de la dernière fois: Ben, je crois. Je ne savais pas comment il était rentré, mais il était là, dans le salon. Les sourcils froncés, je m'éloignai de lui. Il s'était approché un peu trop près du canapé à mon goût.

— Je ne peux pas te tou-cher, ma jolie. Tu es la petite protégée de Rick, pour l'in-stant, mais je ne te cache pas que j'en ai bien envie, dit-il en se léchant les lèvres.Son regard sur mon corps me retourna l'estomac. J'affichai une mine dégoûtée qui le fit rire aux éclats. Il s'affala sur le canapé en jetant un œil sur le dessin animé que j'avais choisi.

— Tu regardes ça ? se scandalisa-t-il. Qui, de nos jours, regarde encore les Teen Titans ?

J'étais vexée, et la vue de Changelin, mon personnage préféré, n'y changeait rien.

Le pervers sortit son téléphone de sa poche et pianota sur l'écran tactile avant de lever la tête vers moi.— Tu peux t'asseoir, tu sais ? Le canapé est immense, et je ne vais pas te manger...

Je le fixai, hésitante, et décidai de prendre place sur l'autre extrémité du canapé afin de garder une certaine distance.

— Du moins, pas pour l'instant...

Cette phrase me fit me lever d'un bond une seconde fois, sous ses éclats de rire.

— Détends-toi, je rigole, t'aurais vu ta tête ! s'esclaffa-t-il en reprenant son télé-phone, qui sonnait.Le pervers décrocha avec une moue exaspérée. Après quelques minutes de conver-sation, il le posa et se tourna vers moi.

— En attendant le retour de notre cher Ash, parle-moi un peu de toi ! Déjà, je ne connais même pas le timbre de ta voix. Tu es muette ?

Une nouvelle spécialité chez les captives ?

Je fronçai les sourcils en secouant la tête. Il était un peu dérangé, lui aussi, non ?

— C'est quoi, ton petit nom ?— Ella, répondis-je douce-ment, encore debout.

- Ella... répéta le pervers en laissant ses yeux noirs se perdre sur la télé. D'où viens-tu, jolie Ella ?

— De Sydney.

Il haussa les sourcils.

— Tu viens d'Australie ? s'horrifia le pervers. Votre pays me fait franchement flipper, putain ! Les animaux, là-bas, sont possédés ou un truc dans le genre !

Sa crainte des animaux d'Australie m'arracha un sou-rire. Il était vrai que s'y trouvaient les espèces les plus dangereuses du monde, mais ça variait d'un endroit à un autre.

Je me rassis sur le canapé, rassurée de voir qu'il n'avait aucunement l'intention de me « dévorer », comme il le prétendait au début.

— Pas à Sydney, l'infor-mai-je avec un sourire en coin en défendant mon pays natal. Et puis, je n'y ai vécu que les premières années de ma vie, avant d'aller en Flo-ride.

— Je vois qu'on discute bien ici, fit une voix rauquederrière nous, ce qui coupa court à notre vraie discussion.

Je me retournai en même temps que le pervers et tombai sur le psychopathe, qui nous toisait du regard, un sac à dos à la main.— Mec ! Tu savais que

Rick t'avait ramené une captive importée d'Australie !

s'écria-t-il en me pointant du doigt Mon possesseur concentra son attention sur moi en arquant un sourcil, puis la reporta sur le pervers.

— J'ai déposé ce que tu cherchais, chez toi,l’informa mon possesseur, les bras croi-sés.

— T'es en train de me foutre dehors, Scott ?

demanda le pervers d'un ton faussement outré.

- Absolument, Jenkins.

C'étaient leurs noms de famille. Ash Scott. Et Ben Jenkins.

Psychopathe Scott. Et Pervers Jenkins.

Le garçon aux cheveux noirs m'adressa un clin d'œil avant de se lever et de quitter la maison, nous laissant seuls dans le salon. Je déglutis et me crispai lorsque je sentis le corps de mon possesseur s'écrouler sur le canapé, près de moi.

— Tu regardes de la merde, commença-t-il en tirant une cigarette de son paquet afin de la griller.

— Tu peux changer, si tu veux, rétorquai-je doucement en espérant qu'il ne le fasse pas.

Il pouffa.

— Je vais me gêner.

Il termina sa phrase en prenant la télécommande. Il zappa avant de tomber surune série qu'il appréciait. Je sentis son regard perçant sur moi. Ne voulait-il pas se concentrer sur sa série plutôt ? Il aurait pu me laisser regarder la mienne si elle ne l'intéressait pas à ce point.

— Va me faire du café, ordonna-t-il en posant son regard sur la cigarette qu'il allait bientôt terminer.

— Je ne sais pas en faire, déclarai-je, l'air faussement désolé, alors que j'avais envie de le gifler.

— Il y a une putain de machine à café dans la cui-sine. Il suffit de foutre unecapsule à l'intérieur, m'expli-qua-t-il sèchement.

Sans un mot, je me levai pour lui préparer sa boisson en priant pour qu'il s'étouffe avec. Ça avait l'air simple. Je fis ce qu'il me dit. Mais ce con n'avait pas précisé que je devais appuyer sur un bouton pour que ça marche. On aurait pu m'éviter cinq minutes d'attente à regarder l'appareil comme une débile.

J'apportai la tasse au salon, où je la déposai sur la table.

Je pouvais sentir son regard me détailler. Me suivant de près, analysant tous mes gestes. Exactement comme un psychopathe le ferait.- Tu as remis les Teen

Titans, remarquai-je, un sourire satisfait aux lèvres.

Peut-être n'était-il pas si méchant ?

— Il n'y avait rien d'inté-ressant. Ne crois pas que je l'ai fait en pensant à toi, répliqua-t-il d'une voix tran-chante, avant de changer de chaîne pour la énième fois.

Quel homme aimable.

Le reste de la soirée se passa de la même manière : nous étions restés assis côte à côte face à des émissions ennuyantes, sans échanger un mot. Ça nous arrangeait tous les deux.

Je me surpris à le scruter, justifiant mon acte par l'ennui qui m'animait. La peau de son avant-bras était recouverte d'encre. Je n'arrivais pas à détailler entièrement ses tatouages à cause de leur nombre, mais j'aperçus une rose prisonnière de ronces, un œil larmoyant ainsi qu'une boussole brisée, au niveau de son coude. Un serpent remontait également le long de son bras, mais la manche de son pull blanc m'empêchait de distinguer autre chose que sa queue.— Tu vas arrêter de me mater ? me réprimanda-t-il froidement, ce qui me fit sur-sauter.

Je détournai rapidement le regard, les joues rouges de honte. Il souffla d'agacement avant de prendre son télé-phone, qui vibrait. L'appel ne dura pas très longtemps.

Lorsqu'il prit fin, mon possesseur se retourna vers moi, les sourcils froncés et les traits durs.

— Tu as du travail pour demain, déclara-t-il.

Je me glaçai sur place en entendant le terme de «travail »Le calvaire allait-il recommencer ? Je ne me sentais pas prête à revivre tout ce que j'avais subi auprès de John. Je fermai les yeux, essayant de calmer ma respiration qui commençait déjà à s'affoler.

La boule au ventre, j'ac-quiesçai nerveusement.

— Tu seras avec Sabrina.

Vous infiltrerez une réception caritative qui aura lieu demain soir, dans la demeure de James Wood. Tu te chargeras de l'occuper pendant que Sabrina fera sa partie du plan.

Ma mâchoire menaçait de se décrocher. Puis, je me rappelais les explications de Kiara sur les captives. Je n'allais plus me donner à des hommes répugnants contre de l'argent.

Alors que j'étais à deux doigts de lui sauter dans les bras, une question me laissait perplexe :

- Comment ça, « l'occuper » ? demandai-je en redoutant sa réponse.

— Ça, c'est ton travail, captive. Utilise ton cerveau, je ne sais pas, débrouille-toi.

Tout ce qu'il faut, c'est que Sabrina ait assez de temps pour accomplir sa mission.J'acquiesçai en silence,

même si je ne comprenais pas

quelle était la mission de

Sabrina. Que devait-elle

faire ? De mon côté, allais-je

être à la hauteur ? Je n'étais

pas une personne intéres-

sante, ça allait être compliqué

de le garder à mes côtés le

temps d'une soirée.

— Personne ne sait que tu

es une nouvelle captive du

réseau, alors tu n'auras pas

besoin d'une transformation

extrême. Kiara se chargera de

te ramener une robe que tu

porteras pour l'occasion.

Ça te tuerait de dire que je suis TA captive, espèce de psychopathe ?_ D'accord.

Je me tournai vers lui. Nos regards se croisèrent, et de façon synchronisée, nous détournâmes les yeux.

— Je... je peux te poser une question ?

- Non, me dit-il en tirant une nouvelle cigarette de son paquet, qu'il lança négligemment sur la table basse.

— Pourquoi tu ne veux pas mettre de rideaux chez toi ? demandai-je quand même.

Il m'ignora, occupé à pianoter sur son téléphone ou à considérer l'écran géant. Jeme levai du canapé avec un soupir pour me diriger vers ma chambre.

Allongée sur mon lit, je fixais le plafond en laissant mes pensées prendre le des-sus. Cet homme était violent avec moi, méchant, mépri-sant. Je ne comprenais pas comment lui et Kiara pouvaient être amis. Kiara était gentille alors que lui... Un putain de psychopathe sadique, lunatique, colérique et égocentrique sur les bords.

— Lève-toi ! ordonna une voix rauque, ce qui me fit sursauter pour la centième fois.Quand on parlait du loup...

Je n'avais même pas remarqué son entrée dans la pièce.

Une trousse en main, il appuya sur l'interrupteur. La lumière me fit plisser les yeux une seconde.

Je lui lançai un regard rempli d'incompréhension lorsqu'il me tira vers lui. Assis à l'extrémité du lit, il enleva mon bandage. Par réflexe, je retirai ma main de la sienne, mais il la retint en me fusillant du regard.

— Arrête de bouger.

Il déroula le tissu, me faisant grimacer. J'étouffai un gémissement de douleur faceà la force de sa poigne. Son sourire en coin était purement sadique, il savait pertinemment qu'il me faisait mal. Et c'était exactement ce qu'il voulait.

Il passa lentement son pouce sur la brûlure au creux de ma paume, un geste qui paraissait doux, mais pas lorsqu'il venait de lui. Puis, tout à coup, il appuya dessus.

Je me tortillai de douleur.

Tout en me contemplant, un rictus diabolique collé aux lèvres, il déposa une noisette de crème apaisante sur ma peau. Il étala le produit et le laissa pénétrer quelques instants avant d'enrouler a un nouveau bandage autour de ma paume.

— Le bandage est trop ser-ré, l'informai-je en le regardant quitter la pièce après avoir terminé son œuvre.

—Tu n'as qu'à le défaire toute seule, je ne suis pas ton infirmier, rétorqua sèchement le psychopathe.

— On aurait pu éviter ça si tu n'avais pas eu la brillante idée de me brûler.

C'était la réponse de trop.

Il tourna la tête et laissa tomber la trousse au sol avant de s'approcher dangereusement de moi, prêt à me sauter dessus.

— Répète ? grogna-t-il à quelques centimètres de mon visage.

Son corps imposant et ses traits fermés m'intimidaient, mais je ne devais pas le lui montrer.

Je devais lutter.

— J'ai dit qu'on aurait pu éviter ça si tu n'avais pas eu la brillante idée de me brûler, chuchotai-je en soutenant son regard assassin.

Je ne voulais plus commettre la même erreurqu'avec John: en d'autres termes, me faire marcher dessus comme une merde. Je voulais lui tenir tête, malgré son air menaçant.

Il serra ma mâchoire sans me quitter des yeux, visiblement très en colère. Ses dents grinçaient presque. Je commençais à regretter mon élan de courage.

Je ne savais pas jusqu'où il pouvait aller pour me voir me soumettre.

— Si, demain, il n'y avait pas cette putain de mission, je t'aurais arrangé ce visage monstrueux avec lequel tu te trimballes, captive.Le psychopathe empoigna mes cheveux pour faire basculer ma tête en arrière. Puis, il emprisonna ma mâchoire entre ses doigts une nouvelle fois et serra tellement fort que j'eus peur qu'il la brise.

— Ne te permets plus de me reprocher quoi que ce soit, captive, dit-il, le ton agressif. Tu n'es rien pour le faire.

Il enleva sa main de mon visage pour la presser contre ma brûlure, me laissant gémir de douleur. Il me lâcha finale-ment, l'air mauvais. En quittant la pièce, il claqua la porte, au point qu'elle faillit sauter hors de ses gonds. Jeposai ma main sur ma mâchoire en soufflant bruyamment, excédée par cette violence injustifiée.

Il fallait que ça s'arrête.

J'effaçai mes larmes d'un revers de main et reniflai une dernière fois. Je ne devais pas céder à ses caprices.

À présent, deux choix s'offraient à moi : lui tenir tête, au risque de me faire casser la gueule, ou me taire et me faire casser la gueule quand même.

Dans les deux cas, il n'était pas près de cesser de me faire du mal. Alors, autant continuer à m'opposer à lui.

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