Chapitre deux

où aller. Et surtout, je ne savais pas où j'allais.

Le trajet était long, très long. Entre-temps, la nuit était tombée. Je m'endormis au moins une vingtaine de fois. Puis, je me concentrai sur le conducteur, qui n'avait pas parlé depuis notre départ.

Si je lui demandais combien de temps il nous restait, allait-il me répondre ? Il paraissait grincheux et froid.

Enfin, je nous sentis ralen-tir. Je déglutis en apercevant des hommes au bord de la route. Quand le chauffeur baissa la vitre, mon regard croisa celui de ces grandes silhouettes imposantes._ Laissez-le passer, déclara l'une d'elles.

Putain, où est-ce qu'on est? Il faut que je lui demande...

J'hésitai un long moment.

C'est lorsque je me décidai enfin à lui poser la question que la voiture s'arrêta brus-quement. Le premier, le conducteur, sortit et contourna la voiture afin de m'ouvrir la portière. Il m'extirpa de l'habitacle en me tirant par le bras, qu'il serra si fort qu'il me fit grimacer.

T'inquiète, je ne vais pas m'échapper. Je n'ai nulle part où aller, mon vieux.Le sac à dos sur l'épaule, il appuya sur un bouton au contour lumineux sur le portail et patienta sans m'adresser ni un regard ni une parole.

Autour de nous, il n'y avait rien, hormis la route principale qui s'étalait derrière moi, et le portail en face qui me séparait de ma future maison, protégée par un long mur.

— Elle est là, fit froidement le conducteur en levant la tête vers une caméra de surveillance en haut du mur.

Le portail s'ouvrit automa-tiquement. Il me traîna rapidement tout le long de l'allée, que je crus sans fin. Au loin se dressait une immense mais son contenant plus de baies vitrées que de murs. Mon nouveau possesseur n'a jamais regardé les films d'horreur? Parce que c'est souvent ça qui attire l'œil des psychopathes.

C'était une grande maison, une trop grande maison. À ma gauche, au milieu d'une pelouse parfaitement tondue, se trouvait une immense pis-cine. Beaucoup plus bas, j'aperçus une entrée. Comme celle d'un garage ?

Le conducteur pressa davantage mon bras. J'étais sûre qu'il laisserait les marques de ses doigts sur mon épiderme. Il toqua à laporte d'entrée, et un homme assez vieux nous accueillit, me jaugeant du regard avec une expression neutre.

- Rick est au deuxième étage, avec les autres, déclara le vieil homme sans détourner les yeux.

Rick? Mon nouveau possesseur s'appelait Rick ?

— Tout le monde est là ?

L'homme acquiesça brièvement et s'écarta du pas-sage. Je le gratifiai d'un sourire poli qu'il ne me rendit pas, préférant tourner la tête et faire comme s'il n'avaitrien vu. Mais pourquoi je lui ai souri?

On monta les marches blanches de cette maison sans un mot. Bien que je n'aie pas eu le temps de visiter les différentes pièces, je notai qu'il y avait plusieurs portes. Des chambres ? Mais qui aurait besoin d'autant de chambres chez lui ?Arrivée au deuxième étage,

j'entendis des voix étouffées

provenir du fond du couloir.

Je déglutis, mon cœur battait

la chamade. Angoissée par

toutes ces voix inconnues, je

tressaillis lorsque nous nous

mîmes face à la fameuse

porte d'où émanait ce légerbrouhaha. La porte qui séparait mon avenir incertain de mon cauchemardesque pré-sent.

Après avoir toqué, le chauffeur attendit sagement.

On percevait sans trop de difficultés des pas. Finalement, la porte s'ouvrit sur un homme plus jeune que celui qu'on avait croisé en bas.

Agé probablement d'une cinquantaine d'années, il me fixait de ses yeux bleus alors que ses lèvres fines s'éti-raient. Lui, au moins, il sou-riait.

—T'en as mis du temps ! s'exclama-t-il en lançant un regard au conducteur.- Excuse-moi, la route principale était bouchée, j'ai dû passer par d'autres che-mins.

L'homme hocha la tête et reporta son attention sur moi.

Des chuchotements se firent entendre derrière lui. Il s'éloi-gna de la porte pour nous laisser entrer, la refermant derrière nous.

Lorsque le chauffeur lâcha mon bras, à présent endolori, je grimaçai. Face à moi se tenait un groupe à peine plus âgé que moi. Ils étaient quatre : deux filles et deux garçons. Tous affalés sur des chaises de bureau en cuir, à me toiser du regard, me jogeant sans permission, comme si j'étais une bête de foire.

J'avais horreur de ça.

— C'est sur un refus catégorique que je termine cette réunion, déclara l'un d'eux en se levant de sa chaise.

Cette voix particulièrement rauque appartenait au seul homme blond de la pièce.

Quelques mèches de ses cheveux ébouriffés tombaient sur ses yeux gris. Son regard perçant m'intimidait autant que son corps imposant. Il détourna le regard de mon visage tandis que le quinquagénaire soufflait :

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