Épisode 10

Noah.

Je pris une profonde inspiration, me tenant devant son bureau, avec Jorge restant près de la porte, prêt à intervenir si nécessaire. J'entrai ; il n'était pas assis sur sa chaise habituelle mais se tenait négligemment appuyé contre son bureau. Cette posture lui conférait une élégance et une sévérité qui me troublaient.

Arvan : cette nuit-là, tu as dit... - rien qu'en entendant le début de cette phrase, ma résolution et mon intention de garder cette journée enfouie dans ma mémoire furent balayées. Au contraire, toutes les émotions contre lesquelles je me suis battu pendant des années me submergèrent, ainsi que la colère et la haine que je nourrissais envers cet homme.

"Je ne suis pas intéressé par cette discussion. Si tu n'es pas venu ici pour affaires, au revoir." Je me tournai pour partir.

Arvan : je veux savoir si ce que tu as dit à propos d'être innocent est vrai... Étais-tu celui qui a planté cette drogue ? Réponds-moi ! - Maintenant, il veut écouter ? Même si je répète mon innocence, me croirait-il cette fois ? Et qu'est-ce que j'y gagnerais en l'affirmant maintenant ? Je ne veux pas que cet homme tente de se rapprocher de moi, cette idée me fait peur, surtout l'idée qu'il découvre mes enfants. Non, jamais.

Je préfère son mépris. Son intérêt maintenant me fait plus de mal que son rejet ne l'a jamais fait.

"Oui, c'est moi qui l'ai fait. Je te détestais, et ça n'a pas changé. Tu penses avoir le droit de mépriser les omégas, simplement parce que tu as eu la chance de naître un alpha légèrement plus spécial que les autres. Je ne supporte pas les gens comme toi, mais je concède une chose - tu es plus misérable que les autres. J'espère que tu pourriras en enfer !" - Chaque maudit mot me piquait comme s'il s'incrustait en moi, mais je suis habitué à cette douleur. Maintenant que je sais qu'elle ne me tuera pas, quelle que soit sa force, elle est aussi banale qu'une migraine.

Arvan : Ainsi, c'est ton vrai visage, je suppose. À l'époque, tu suppliais d'être cru !

"Je devais le faire ! Tu étais prêt à me tuer, et je n'avais aucun moyen de te confronter. Maintenant, le terrain est égal. Non, en fait, je suis en meilleure position que toi."

Arvan : Tu penses que parce que tu as le soutien des Montenegro, je ne ferai rien ? - Je sais de quoi il est capable. Je connais le genre de démon auquel je fais face. Mais c'est précisément ce dont j'ai besoin, une raison pour mettre fin à cette malédiction une fois pour toutes et enfin trouver la paix.

"Je me fiche de ce que tu feras ; je rendrai le coup dix fois plus fort." - Son sourire narquois était évident, comme s'il avait entendu la meilleure des blagues, et il y avait aussi beaucoup de colère dans son regard.

Arvan : Jacob est mort ! - La manière dont il se souvenait de cela me faisait vraiment mal, mais je ne suis pas seul.

Arvan : Vas-tu ramper sous les draps avec l'un de ses fils maintenant pour garder ta position ? Comme les Montenegro ont chuté pour être charmés par un... - Avant que je m'en rende compte, j'avais frappé l'homme de toutes mes forces. L'entendre parler ainsi de la seule personne qui nous protégeait, qui offrait son soutien et son amour fraternel, était insupportable. Arvan Daniels est un satané démon.

"Dis ce que tu veux de moi, je me fiche de ce que pense une personne maudite comme toi. Mais en ce qui concerne pa... M. Jacob, je ne le permettrai pas. Son nom est trop grand pour être prononcé par ta bouche misérable. Il était bien plus homme et humain que tu ne le seras jamais."

Un bruit fort retentit - le poing d'Arvan heurta le bureau. Avait-il dévié son coup pour ne pas me frapper ? Jorge entra immédiatement pour voir ce qui s'était passé, et je lui demandai de me sortir d'ici. Je ne pouvais pas partir seul, après avoir été témoin de sa fureur. Le défier, lui, l'alpha dont je porte la marque, est une folie de ma part.

Et, comme prévu, bien avant que je quitte son bureau, je perdis conscience.

Arvan.

Je contrôlai ma colère autant que possible. Même avec le soutien des Montenegro, ne devrait-il pas connaître sa place ? Il ose s'opposer à moi, sans se rendre compte qu'il n'est rien d'autre qu'un oméga.

Pourtant, je retiens toute ma colère et le désir de le soumettre complètement, mais j'ai atteint ma limite lorsque je l'ai entendu défendre un autre homme avec tant de ferveur. Il a même osé me frapper à cause de lui. Personne n'a jamais osé essayer de me frapper, et lui a osé.

Mon poing finit par détruire la table, même avec toute ma rage à la surface, j'essaie de ne pas être totalement brutal envers lui de nouveau, mais pourquoi ? Il vient de montrer qu'il est moins digne que je ne le pensais, pourquoi ne puis-je pas le traiter comme il le mérite ?

Son tuteur est arrivé, et j’ai vu la peur et la panique dans ses yeux, ce qui m’a fait me sentir coupable même s'il n'a rien dit. Je déteste ce que cet oméga me fait. Il n'y a plus rien entre nous, alors pourquoi ne puis-je pas juste être moi-même ?

Ce bêta le retient, l’aidant, et je veux le frapper à mort pour avoir autant d'audace. Je serre les poings pour éviter de me comporter comme un fou.

Mon contrôle de moi-même a disparu quand je l'ai vu perdre connaissance - c'était de ma faute.

"Noah !" - Qu'est-ce que je fais ? Je viens de le sortir des bras de son tuteur, et c'est moi qui le transporte jusqu'à l'infirmerie.

Il est si léger ! Sa respiration est laborieuse, ses yeux sont ouverts, mais il est depuis longtemps inconscient, tout ça à cause de ma colère, mes phéromones l'ont trop affecté.

Je l'ai posé sur le brancard, et comme on pouvait s'y attendre en cas de besoin, il n'y a personne dans cet endroit maudit. Pourquoi les payent-ils ces gens ?

J'ai retiré ma main de son visage et arrêté d'émettre mes phéromones alors que l'intervenant arrivait.

"Monsieur, veuillez vous éloigner de M. Noah." Je pensais lui avoir été clair à ce type plus tôt.

"Et si je refuse ?" - Il semble chercher ses mots pour répondre, et honnêtement, je souhaitais depuis longtemps qu'il me donne une raison.

Noah : Joe... Zoe... - Il revient à lui. Qui sont-ils ? Il répète sans cesse ces noms.

"Monsieur, ça va ?" Ce type veut vraiment me défier ?

Noah : Jorge, où suis-je ?

Jorge : À l'infirmerie. Vous avez perdu connaissance, monsieur.

Noah : Oui, je me souviens. Merci de m'avoir ramené...

Jorge : Ce n'est pas moi qui vous ai ramené ici, monsieur. - Et comme s'il avait vu le diable, Noah recula de peur en remarquant ma présence.

Noah : Jorge, s'il te plaît, fais-moi sortir d'ici.

Jorge : Oui, monsieur. - Il n'était pas encore tout à fait stable sur ses pieds, mais en se redressant, ses cheveux se sont déplacés et j'ai pu l'apercevoir.

Maudites soient mes pulsions, j'ai bougé pour soulever ses cheveux afin de confirmer ce que je croyais avoir vu. Comme prévu, il s'est retourné et a repoussé ma main violemment.

Noah : Ne me touche plus, plus jamais de ta vie maudite.

"Cette marque... Est-il possible que tu aies toujours..."

Noah : Ce n'est pas tes affaires. Ça n'a rien à voir avec toi. Reste loin de moi.

Ce n'est pas possible. C'est absurde de penser qu'il a eu ma marque et peut me rejeter ainsi. Est-ce la marque d'un autre alpha ? Mais si c'est le cas, pourquoi n'ai-je rien ressenti et pourquoi me sens-je encore lié à lui ? Je devrais enquêter davantage sur cela ; il y a beaucoup de choses que je ne sais pas, et cette situation me tue.

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