c'est de l'obsession ?

Je regarde par la fenêtre et je vois la lumière allumée dans la chambre de Camille. Oui, elle a fait une nuit blanche, ça ne m’étonne pas. Après tout, elle ressemble à son père, policier, curieuse de tout.

— Tu as fait une nuit blanche ?

— Quoi ? Moi, non !

— Alors pourquoi la lumière de ta chambre est allumée ?

— J’allais juste aux toilettes, c’est tout.

— Oui, oui, c’est ça… Prends-moi pour une idiote aussi.

— Tu l’es.

— Oui, oui, madame l’enquêtrice.

— J’apprends de toi, Léna.

— Mais reportons cette discussion à plus tard. Regarde les comptes de Maël, ils sont tous là.

Elle avait raison. Tous les comptes de Maël étaient là : Instagram, Snapchat, Twitter, etc.

__OK, maintenant va dormir.

__Faut pas me le dire deux fois, ça.

Puis la lumière de la chambre de Camille s’éteint. Plus de bruit, plus de textos, plus de bavardages. Je regarde mon téléphone, la pièce soudain trop silencieuse.

— Ce que je fais, c’est de l’obsession ou quoi… pour quelqu’un qui ne me connaît même pas, murmurai-je à moi-même, la voix brisée entre ironie et vérité.

Mais c’était trop tard : je m’étais déjà abonnée à ses comptes. J’ai voulu me désabonner, comme pour effacer ma faute, quand soudain… tinn.

Je sursautai. Une notification venait d’apparaître, éclairant mon visage dans l’obscurité. Mon cœur battait trop fort, comme si je venais d’être prise la main dans le sac.

Je regarde mon téléphone. Une notification Instagram apparaît :

"Maël s'est abonné en retour."

À la vue du message, je sursaute.

— Quoi ? Il est réveillé à cette heure… pourquoi ?

Bon… saluons-le d’abord. Je pose mes doigts sur le clavier, comme si c’était lui la cause de tout ça, et j’écris rapidement :

— Salut.

J’appuie sur « envoyer » et fixe le téléphone comme si on venait de m’annoncer ma mort. Mon cœur tambourine dans mes oreilles, comme si c’était une fête. Mes mains tremblent… mais pourquoi ?

Mon téléphone vibre. Une nouvelle notification Instagram. Il m’avait répondu.

— cc

Je me sens… tellement spécial en ce moment. Mais je ne devrais pas m’emballer pour si peu. Ce n’est qu’un simple coucou.

Je fixe l’écran, puis réponds vite, comme si c’était un compte à rebours :

— Ça va ?

Il répond presque immédiatement, comme si c’était une compétition :

— Oui.

Sec, rapide, instantané. Ce n’est pas vraiment un choc, après tout, je me suis abonné à tous ses comptes en même temps… ça doit éveiller quelques soupçons.

— Moi aussi, ça va.

Quelques secondes plus tard, sa réponse tombe, sèche, presque froide :

— Je t’ai pas demandé si ça va ?

Je sens un petit frisson me parcourir, mais je me reprends vite :

— Et alors ? C’est rien, je m’en fous. Moi je vais bien… et toi aussi, non ?

Mon téléphone vibre enfin. Je retiens ma respiration.

— Arrête de jouer au détective, Léna, et dis-moi ce que tu veux.

Je sens un petit frisson remonter le long de ma colonne vertébrale. Ses mots sont secs, tranchants… et pourtant, il y a quelque chose qui me fait rester scotchée à l’écran. Je tape presque machinalement :

— Tu veux savoir la vérité… moi-même, je sais pas.

Un silence tombe. Pas de notification. Mon cœur tambourine dans mes oreilles. Le froid de l’écran entre mes doigts me semble plus intense que jamais. Je sens l’obsession monter en moi, cette tension subtile et électrique qui me cloue là, incapable de détourner les yeux.

Puis il répond, toujours sec, toujours direct :

— Et alors ? Tu cherches quoi au juste ?

Je sens mon souffle se couper. Chaque mot qu’il écrit est un coup de couteau doux mais tranchant, qui m’attire et me fait peur à la fois. Je tape, hésitante, mais mes doigts répondent :

— Je… je sais pas…

Un autre silence. Cette fois, plus long. Mon esprit s’emballe, imaginant ce qu’il pense, ce qu’il ressent. Et ce froid qui s’installe entre nos messages devient presque tangible, un vide glacial que seul le frisson de l’obsession peut remplir.

Puis, d’un coup… ti, ti, ti. C’était mon réveil. Il était 5h50.

Je pose mon téléphone et commence à me préparer, mais une chose reste bloquée dans ma tête :

Qu’est-ce que je ressens pour lui ? De l’amour ? De l’obsession ? De la curiosité ? Ou quoi… ?

Je passe devant le miroir, me fixe sans vraiment me voir. Mes pensées tournent en boucle, chaque image de lui s’incruste dans mon esprit comme une ombre que je ne peux chasser.

Mon cœur s’emballe à l’idée de ses messages, de ses mots secs et tranchants. Pourquoi suis-je à la fois attirée et effrayée par lui ?

Chaque détail devient obsession : la façon dont il écrit, la rapidité de ses réponses, le silence glacial entre deux messages. Je m’habille machinalement, mais rien ne semble réel. L’école, le petit-déjeuner… tout est flou.

Et plus je me le demande, plus l’angoisse et l’excitation se mêlent. C’est comme si quelque chose en moi se réveillait… dangereux et irrésistible à la fois.

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