Jeu de popularité

La sonnerie du lycée venait tout juste de retentir quand Chrysander Brown entra dans la salle, sac sur l’épaule, sourire assuré. Les élèves se retournèrent presque tous à son passage, attirés par son aura et son visage délicat aux traits fins.Même les professeurs esquissaient un léger sourire, charmés par son côté angélique, cette facilité à imposer le respect sans jamais élever la voix.

« Chrysander, le délégué toujours à l’heure, » lança un camarade de classe, amusé.

« Juste à temps pour vous sauver du chaos », répondit-il avec un clin d’œil, prenant place à son bureau au premier rang.

Être délégué avait ses avantages. Il était écouté, respecté, et faisait partie du BDE. Les responsabilités lui plaisaient, mais parfois, il s’ennuyait de la liberté et de l’intensité qu’il ressentait avec ses amis proches. Ses éclats de colère et son insolence restaient bien gardés derrière un masque parfait pour le lycée.

Ce matin-là, sa classe préparait le voyage annuel. Chrysander distribuait les feuilles et organisait les groupes avec son sérieux habituel.

C’est alors qu’Irina Macnov entra dans la salle. Elle avait la réputation d’être belle, populaire, et d’attirer tous les regards, mais elle s’approcha de Chrysander avec un sourire doux, presque calculé.

« Chrysander… je voulais te parler », dit-elle, posant ses doigts délicatement sur son cahier.

Il leva un sourcil, intrigué, mais laissa faire, son expression calme masquant toute surprise.

« À propos de quoi ? » demanda-t-il, toujours poli mais détaché.

« Je… enfin… je t’aime bien, depuis un moment. Je voulais savoir si tu… »

Elle rougit légèrement.

Chrysander haussa les épaules, esquissa un sourire amusé. Il savait qu’il avait du charme et que beaucoup l’admiraient.

« Alors, tu me le dis maintenant, devant toute la classe ? Courageuse, » murmura-t-il, moitié moqueur.

Irina hocha la tête, déterminée.

« Oui. Et je voulais savoir si… si tu voulais sortir avec moi. »

Le cœur de Chrysander fit un petit bond inattendu. Pour la première fois depuis longtemps, quelqu’un lui faisait une déclaration sincère. Il hésita, repensant à Leif, à l’espace qu’il laissait vide pour lui. Mais il avait aussi envie de vivre sa vie.

« D’accord. Si tu veux », dit-il finalement, avec un léger sourire, pas tout à fait franc, mais suffisant pour la rassurer.

Le reste de la journée passa rapidement. Les préparatifs pour le voyage occupaient son esprit, mais l’attention d’Irina, ses sourires et sa proximité, n’échappaient pas à Chrysander. Il se surprit à se demander s’il pouvait vraiment “oublier” Leif. Une part de lui savait que non.

Durant la pause, ses trois amis habituels — Aurora, Grayson et Morgan — l’attendaient sur un banc.

« Alors, raconte, » demanda Aurora, les yeux pétillants.

Chrysander haussa un sourcil. « Irina a enfin eu le cran de m’énerve faire une déclaration . »

Grayson éclata de rire. « Et tu l’as acceptée ? »

« Oui », répondit-il, mais avec un sourire qui n’atteignait pas tout à fait ses yeux.

Morgan fronça les sourcils. « Tu sembles… ailleurs. »

Chrysander secoua la tête. « Non, non… juste un peu occupé. »

Pourtant, à l’intérieur, il sentait cette agitation familière. Le besoin de contrôle, la colère contenue, et surtout, cette admiration persistante pour quelqu’un qui n’était plus là depuis longtemps.

Quand la sonnerie retentit à nouveau, il se leva, ramassa son sac, et suivit le flot des élèves. La vie continuait, brillante, intense, mais avec cette ombre persistante au fond de lui, invisible pour tout le monde sauf pour ses amis.

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