Chapitre 5 :

Le brouillard était revenu ce matin-là, dense, presque blanc. Il enveloppait les champs et les collines comme un drap tiré sur un corps fatigué. On n’y voyait pas à dix mètres, et les sons eux-mêmes semblaient étouffés, absorbés par l’humidité de l’air.

Clara arriva à l’écurie plus tard que d’habitude, les bottes trempées, la gorge nouée. Elle n’avait pas dormi. Encore hantée par la cabane, par la phrase gravée, par le regard de Nathan quand il avait dit : « Ce n’est pas un bon endroit. »

Elle ne savait plus très bien pourquoi elle était encore là.
Pour son père ?
Pour comprendre Élise ?
Ou pour ce garçon trop dur, trop silencieux, et qui la regardait parfois comme s’il la voyait… vraiment ?

Elle entra sans bruit. Nathan était là, assis sur une botte de foin, les coudes posés sur ses genoux, le chapeau à ses pieds. Il leva à peine les yeux.

— J’crois que t’as raté l’heure, princesse.

Clara ne répondit pas. Elle s’approcha d’un box ouvert, celui d’un hongre alezan nommé Tornado. Il mâchouillait paisiblement une poignée de foin, indifférent au chaos humain autour de lui.

— Je veux monter, dit-elle soudain.

Nathan tourna enfin la tête vers elle, franchement surpris.

— Quoi ?

— Je veux essayer. Remonter à cheval. Ça fait des années. Mais j’ai besoin d’y retourner.

Il la fixa un moment, puis se leva.

— T’as un pantalon qui tient la route ?

— Non. Mais j’ai pas peur d’avoir mal.

Il eut un rictus.

— C’est pas la douleur le problème. C’est la peur. Les chevaux la sentent. Et s’ils sentent que t’es pas là, que t’es ailleurs… ils t’éjectent. Comme une pensée indésirable.

Elle soutint son regard, tremblante, mais décidée.

— Je suis prête.

Quelques minutes plus tard, elle était en selle.
Tornado était calme, patient, presque docile. Nathan tenait la longe, silencieux, concentré.

Clara avait le cœur battant. Chaque muscle de son corps semblait à l’affût. Les souvenirs affluaient par vagues. Le cuir contre ses jambes. L’odeur du cheval. Le vertige. La joie brutale d’être en hauteur, vulnérable mais libre.

Mais aussi… une sensation étrange.
Quelque chose de flou, tapi dans sa mémoire.
Une autre monté, une autre chute, peut-être ? Une voix qui criait.
Des rires ? Non… des pleurs ?

— Respire, murmura Nathan.

Elle sursauta.

— Pardon ?

— Tu bloques. Tu respires pas. Tu veux tenir, mais tu te figes. C’est là que tu risques de tomber.

Il s’approcha doucement, posa une main sur sa cheville, puis sur sa cuisse. Pas un geste déplacé. Juste une présence. Solide. Ancrée.

— Tu peux fermer les yeux si tu veux. Juste… écoute. Le rythme. La bête sous toi.
Laisse-toi porter.

Elle obéit.

Tornado avança, au pas. Le bruit régulier des sabots sur le sol, le balancement léger du corps du cheval. Et tout à coup, tout devint flou, brumeux. Le brouillard dans l’air s’était glissé dans sa tête.

Un éclat. Une voix d’enfant. Une autre voix — rauque, plus dure. Des cris.

Puis plus rien.

Clara ouvrit les yeux, haletante.

Elle s’arrêta au bord de la carrière, les mains tremblantes sur les rênes.

— Nathan…

Il la regardait, inquiet. Pour la première fois, sans masque.

— Qu’est-ce que t’as vu ?

Elle secoua la tête.

— Je sais pas. Quelque chose. Un souvenir peut-être. Un moment oublié. Ou refoulé.

Il s’approcha. Lentement. Lentement. Puis leva la main vers son visage.

— T’as les joues froides, murmura-t-il. Et t’as l’air paumée.

— Je le suis, souffla-t-elle. Je sais même plus ce que je cherche ici.

Ils restèrent là. Suspendus. Trop près. Trop loin.
Entre le cheval qui soufflait, et le brouillard qui les avalait peu à peu.

Et puis, d’un seul coup, Nathan l’embrassa.

Pas un baiser long ou assuré. Pas quelque chose de maîtrisé.
Un geste brusque. Incomplet. Presque un appel au secours.

Clara ne recula pas. Mais elle ne répondit pas tout de suite.
Elle sentit simplement tout ce qu’il n’avait pas dit à travers ce contact.
La colère. La peine. La peur. Et peut-être… un reste d’espoir.

Quand il se recula, les yeux sombres, elle chuchota :

— Tu sais qu’on est en train de réveiller quelque chose, pas vrai ?

Il hocha la tête.

^^^Pas grand chose à dire cette fois ci, alors gros bisous j’espère que vous avez apprécié 😘^^^

Télécharger maintenant

Aimez-vous ce travail ? Téléchargez l'application et vos enregistrements de lecture ne seront pas perdus
Télécharger maintenant

Bien-être

Les nouveaux utilisateurs peuvent télécharger l'application pour débloquer 10 chapitres gratuitement.

Recevoir
NovelToon
Ouvrir la porte d'un autre monde
Veuillez télécharger l'application MangaToon pour plus d'opérations!