Chapitre 4 Peur et Angoisse

Colton est entré comme un roi qui rentre dans sa salle du trône.

Accompagné de deux garçons que je ne connaissais pas. Tous les trois riaient visiblement déjà bien alcoolisés. L’un d’eux tenait une caméra. Pas un téléphone. Une vraie caméra, un gros truc, ancien, presque professionnel. Et bizarrement, c’est ce détail-là qui m’a glacée.

— Ah, voilà la star de la soirée, a lancé Colton en m’apercevant. J’ai voulu reculer, mais mes jambes étaient lourdes. Ancrées.

— Je croyais que c’était TON anniversaire, ai-je murmuré, presque pour moi-même.

— Ouais, c’est mon anniversaire. Mais c’est toi, le cadeau, pas vrai les gars ?

Un rire a éclaté. Pas le sien. Pas le mien.

Mon estomac s’est contracté. Mon corps savait avant ma tête. Je l’ai senti dans mes os. Ce moment où tout bascule. Où même l’air semble devenir hostile. J’ai regardé autour. La chambre. Une seule porte. Séraphina était près d’elle. Hailey aussi. Elles ne bougeaient pas. Elles me regardaient.

— Que faites-vous ? ai-je demandé. C’est quoi ce bordel ?

Ma voix tremblait. Colton s’est approché. Il puait l’alcool. Ses yeux n’étaient plus les mêmes. Il a tendu la main vers mes cheveux. J’ai reculé brusquement.

— Ne me touche pas !

Un silence. Pesant.

Puis Séraphina, doucement :

— Ellie… arrête de faire comme si tu étais une sainte. Tu crois que t’es meilleure que nous parce que t’as un gosse ? Parce que t’as galéré ? Tout le monde galère, Ellie.

J’ai secoué la tête, abasourdie.

— Qu’est-ce que tu racontes ?

— Tu étais toujours la préférée. Toujours la victime parfaite. Toujours le regard des autres sur toi, la pauvre Ellie avec son fils, la mère courage, celle qu’on devait protéger…

Elle s’est rapprochée. Lentement. Trop lentement.

— Tu nous as étouffées avec ta douleur. On a décidé que ce soir, c’était notre tour. Que c’était toi qui allais écouter.

J’ai voulu courir vers la porte. Elle était là à deux pas. Mais Hailey m’a bloquée. Elle m’a poussée violemment. Pas très fort, mais assez pour que je tombe sur le sol.

— Arrête ! ai-je crié. Que faites-vous, putain ?!

Un des garçons a rigolé. L’autre filmait. Filme. Comme si c’était un show.

— On fait ce que t’as toujours voulu, non ? a dit Colton en débouclant sa ceinture.

— Non ! Non ! ARRÊTEZ ! LAISSEZ-MOI !

J’ai hurlé. Mais personne n’est venu. Les murs de cette maison étaient trop loin, trop vides. Ou bien tout le monde savait déjà.

Une gifle. Une brûlure sur ma joue. C’était Séraphina. Je l’ai regardée avec horreur.

— Tu n'es qu’un fardeau, Ellie. Un fardeau qu’on va alléger ce soir.

J’étais toujours debout, mais à peine. J’entendais les battements de mon cœur dans mes oreilles. Colton s’était rassis sur le lit, les yeux brillants d’alcool et d’autre chose. Une tension malsaine flottait dans l’air, comme une mauvaise odeur qui ne voulait pas partir. Puis, sans prévenir, trois autres garçons sont entrés dans la chambre. Je ne les avais jamais vus. L’un portait une casquette à l’envers. L’autre mâchait du chewing-gum en ricanant. Le dernier tenait une bouteille d’alcool à moitié vide. Ils ont regardé autour, puis leurs regards se sont posés sur moi. Et ils ont souri. Un de ces sourires qui te glacent de l’intérieur.

— C’est elle ? demanda le gars à la casquette.

— Ouais, répondit Colton. C’est bien elle. Ils ont éclaté de rire.

— Tu n'avais pas menti, mec. Elle est mignonne. Un peu flippée, mais mignonne.

Je me suis recroquevillée légèrement. Hailey et Séraphina restaient près de la porte, comme deux gardiennes d’un enfer qu’elles avaient elles-mêmes ouvert. Puis Séraphina a craqué. Son masque est tombé d’un coup. Elle s’est avancée, les mains tremblantes, les yeux remplis d’une rage pure.

— Tu sais, Ellie, tu as toujours tout eu. Même quand tu n'avais rien, tu avais tout.

Sa voix vibrait. Ses mains se serraient.

— Tu étais toujours celle qu’on regardait. Toujours celle que les mecs voulaient. Même quand on se tuait à essayer de plaire, ils te choisissaient TOI. Toujours toi !

— Qu’est-ce que tu racontes ? ai-je réussi à souffler, perdue.

Elle s’est approchée si près que je pouvais sentir sa respiration.

— JE TE DÉTESTE. Tu comprends ça ? Je te hais de tout mon être. Et tu sais quoi ? Tu as mérité ce qui t’arrive. Tout ça, c’est TA faute !

Puis, sans prévenir, elle m’a giflée. Un bruit sec. Violent. Pas une gifle de colère. Une gifle de haine.

— Tu croyais qu’on était tes amies ? Tu croyais que tu pouvais nous enterrer sous ta petite vie parfaite de mère martyre ? Tu pensais vraiment qu’on n’en avait rien à foutre quand on t’a vue toujours au centre, toujours préférée ? Elle grimaçait presque, les dents serrées, comme si chaque mot la brûlait.

— C’est à cause de toi que j’ai perdu tout. À cause de toi qu’on m’a ignorée, humiliée, comparée, mise de côté… pendant que TOI, tu récoltais tout. Sans même faire d’effort. Tu ne faisais rien, Ellie. Rien ! Et pourtant, c'est toi qu’ils voulaient tous.

J’ai essayé de répondre, mais ma gorge était nouée. Rien ne sortait. Hailey, jusqu’ici silencieuse, a soufflé :

— Tu ne savais même pas, hein ? Que t’étais la préférée ? La plus belle ? La plus désirée ? Tu ne savais même pas que tu existais dans nos ombres.

— Vous êtes malades, ai-je craché. Ce n'est pas ma faute si… si vous…

Séraphina a levé la main à nouveau, mais elle s’est retenue. Elle a juste souri.

— Tu vas apprendre. Ce soir, tu vas comprendre ce que c’est que d’être de l’autre côté.

Derrière, les garçons rigolaient, l’un d’eux ajustait la caméra. Un autre a dit, hilare :

— Eh, vous vous rappelez de fermer la fenêtre ? On ne veut pas que la voisine appelle les flics.

Un frisson m’a traversée.

La porte était toujours fermée. Le couloir, silencieux. Il n’y avait plus d’issue. Je me suis reculée contre le mur, tremblante.

— Laissez-moi partir… je vous en supplie…

— Non, répondit Hailey. Pas ce soir.

Et c’est là que Colton s’est levé. Il s’est approché de moi lentement, comme un fauve s’approche de sa proie.

— Alors Ellie… on commence ?

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