Même Les Cendres Rêvent ( L’Oméga ) Tome 2
Jeux dangereux
Vendredi, 01h02
Hôpital central
La lumière tamisée baignait la pièce d’une chaleur douce. Assise sur le petit canapé de la chambre, les jambes repliées sous elle, Destiny lisait à haute voix, sa voix claire dans le silence nocturne.
Destiny
« …et quand la brume se leva enfin, ils virent que le champ n’était plus qu’un vaste miroir de glace, reflétant les étoiles. »
Elle referma doucement le livre, le gardant contre sa poitrine un instant. Cielle, allongé dans le lit d’hôpital, respirait paisiblement sous son masque à oxygène. Son visage était pâle, mais apaisé.
Destiny
(murmurant) Je ne sais pas si tu entends… mais au cas où. Je te lis parce que j’ai besoin que tu sois là. Et parce que ça me calme.
Elle se leva, s’approcha du lit, effleura sa joue du dos des doigts.
Destiny
Mon oméga capricieux…
Elle reposa le livre sur la table de chevet. Une infirmière toqua doucement à la porte.
Infirmière — Bonsoir… Mademoiselle Nurders. Je voulais vous informer… Cet homme, Dinero, est repassé aujourd’hui. Il a encore insisté pour entrer voir monsieur Cielle, mais je lui ai interdit l’accès comme vous me l’aviez demandé.
Destiny
Dinero ?… Qui c’est encore, celui-là ?
Infirmière :Un type… dérangeant. Il a dit être un « vieil ami ». Mais vous n’avez jamais mentionné quelqu’un de ce nom dans son entourage . Je préfère vous prévenir.
Destiny
Vous avez bien fait. Seuls Nathan et moi sommes autorisés. S’il revient, appelez-moi directement.
La porte se referme en silence. Destiny soupira, fixant Cielle.
Destiny
T’as des secrets, toi aussi, hein. Et moi qui croyais te connaître un peu.
Samedi, 10h21
Résidence Nurders — Quartier Ouest
La berline noire s’immobilisa dans l’allée de gravier. Destiny en descendit, robe noire fluide à manches longues, cheveux tirés en un chignon bas. Elle monta les marches du perron d’un pas calme, déterminé.
La lourde porte s’ouvrit presque aussitôt. À l’intérieur, le décor était figé dans une époque révolue, luxueux et froid.
Grand-père
(debout dans le salon, un verre de whisky à la main) La nouvelle de ma venue t’est parvenue rapidement, je vois.
Destiny
(s’avançant) Oui, bien évidemment.
Elle resta debout. Il ne l’invita pas à s’asseoir. Elle n’en avait pas l’intention de toute façon.
Destiny
Grand-père… j’ai beaucoup de respect pour vous. Vous êtes le patriarche de cette famille. Mais je crois que vous dépassez les bornes.
Le vieil homme plissa les yeux.
Destiny
Je n’ai rien dit jusqu’à présent parce que j’attendais que vous rentriez. Mais pourquoi ai-je des hommes qui me suivent depuis des mois ? Des micros dans ma voiture. Des tentatives de géolocalisation. Je ne suis pas stupide. Je veux savoir : de quoi avez-vous si peur ? Que je vous cause des problèmes ? Que je dévie de vos plans ? Ou que je découvre les vôtres ?
Grand-père
(calmement) Je m’assure simplement que tu ne te perdes pas, Destiny.
Destiny
Non. Vous essayez de contrôler ce que vous ne pouvez plus diriger. Je ne suis pas votre marionnette.
Grand-père
(il rit doucement) Tu as toujours cette manie… de cacher ton jeu, de garder des cartes dans tes manches. Et ce petit ton menaçant que tu prends… tu me rappelles ton père.
Destiny
(sèche) N’insultez pas mon père.
Grand-père
Si tu veux jouer, jouons. Mais fais attention à ne pas te brûler, ma chère. Tu n’as pas idée des choses que j’ai faites pour cette famille. Des ennemis que je me suis fait. Tu es brillante, mais encore jeune.
Destiny
Je suis peut-être jeune… mais je suis prête.
Elle fit un pas vers lui.
Destiny
Vous ignorez peut-être ce que je sais déjà. Mais bientôt, vous comprendrez pourquoi je vous inquiète.
Grand-père
(la fixant longuement) Tu protèges quelqu’un, n’est-ce pas ?
Grand-père
Je me demande qui. Ce n’est pas de la stratégie, ça. C’est personnel. Tu fais toujours cette tête quand tu défends quelque chose qui te tient à cœur. Comme quand tu as refusé de signer l’accord avec les Chan, alors qu’il nous aurait ouvert la route du Sud.
Destiny
Je vous laisse deviner.
Elle fit demi-tour, calme, glaciale.
Destiny
Ne me sous-estimez pas. Et ne touchez pas à ce qui est à moi.
Elle sortit sans se retourner. Le vieil homme vida son verre en silence, son regard perdu un instant dans les reflets de la fenêtre.
Grand-père
(à lui-même) Il y a de la guerre dans ton sang, petite… Et c’est ce qui me fait le plus peur.
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