POV extérieur —
Le réveil ne sonne pas. Il ne l’a jamais fait.
Parce que personne ne l’attend nulle part.
L est déjà debout. Il l’est toujours à 6h, même après une nuit à hurler en silence sur scène.
Il ne dort jamais vraiment. Il s’effondre, parfois. C’est tout.
Une petite chambre au 4e étage d’un immeuble qui sent l’humidité et les regrets. Des murs gris rongés de moisissure. Un matelas à même le sol, sans drap. Une ampoule nue, qui clignote quand il respire trop fort. Et le silence. Son seul luxe. Son seul ami.
Il enfile un sweat noir. Sans marque. Sans odeur. Il attrape un sac usé jusqu’à l’os. Et il sort.
Pas de voiture. Pas de paparazzi. Juste le vent du matin, coupant comme un couteau, et ses pensées qui le saignent à blanc.
Dans le métro, il ferme les yeux. Pas pour dormir, non. Pour fuir. Dans ses écouteurs, pas de tubes, pas de rythmes à la mode. Juste des violons fatigués. Des voix brisées. Des berceuses pour survivants.
C’est tout ce qu’il lui reste d’elle.
Il travaille dans un café minuscule, à l’ombre d’un immeuble immense. Il nettoie les tables qu’on salit sans le voir. Il sert des clients qui ne connaissent même pas la couleur de ses yeux. Il encaisse. Il encaisse tout.
Et le soir, il chante.
Pas pour briller. Pour respirer. Pour ne pas hurler.
Le bandage qu’il porte sur scène ? Ce n’est pas du style. C’est une armure. C’est son cercueil.
La vie n’a jamais été douce. Elle l’a saigné dès le départ. Sa mère est morte quand il avait dix ans, dans un lit trop sale pour une femme si belle. Il se souvient de ses doigts, froids, qui glissaient des siens. Du sang sur ses draps. Des promesses qu’elle n’a jamais pu finir.
Puis l’oncle. Le monstre. L’odeur de whisky et de sueur. Les cris. Les menaces. Les poings. Les nuits sans fin à courir entre deux immeubles, à vendre des doses trop lourdes pour ses petites mains. Larmes interdites. L’amour ? Inconnu.
À 18 ans, il s’est enfui. Avec trois billets froissés, et un carnet rempli de chansons qu’il n’osait pas chanter.
Il a trouvé refuge à Trost. Mais on n’échappe pas à ce qu’on est. Alors il survit, chaque jour, entre les ombres et les néons.
22h. C’est l’heure. Les lumières s’éteignent. La salle se tait. Et lui, il renaît. Une heure pour tricher. Une heure pour exister.
Il chante comme on pleure. Lentement. Entièrement. Même les plus ivres l’écoutent. Il les ensorcelle. Il les emporte. Puis il disparaît. Il n’appartient à personne.
23h. La loge. Le silence. Le bandage qu’il recompose. Un rituel. Un besoin. Il ne peut pas laisser le monde voir ce qu’il reste de lui. Ce n’est pas de la pudeur. C’est de la survie.
00h. Derrière le comptoir. Les gosses de riches l’ignorent. Ils se brûlent les veines avec de l’alcool et des cachets. Ils crient leur liberté. Lui, il boit son vide.
03h. La nuit l’engloutit. Il rentre. Une douche glacée. Pas pour se laver. Pour se rappeler qu’il est encore là.
Il a appris à vivre sans chaleur.
On s’habitue à manquer, quand on n’a jamais eu.
04h. Pas de sommeil. Il écrit. Il gratte son passé sur des portées invisibles. Il compose avec ses cicatrices.
Il espère. Mais ne croit plus à rien.
05h30. Il sombre. Pas dans un rêve. Dans les cris d’un oncle. Dans les pleurs d’une mère. Dans les odeurs d’un hier qui pue encore la peur.
06h. Le cycle reprend.
Il n’est pas en vie. Il se débat. Il survit. Pour une promesse. Celle de ne jamais oublier. Celle de tenir debout. Même brisé.
Mais cette nuit-là…
Un regard. Dans la foule. Différent.
Pas admiratif. Pas curieux.
Brûlant.
Un homme. Yeux clairs. Mâchoire serrée. Un sourire... dangereux.
Pas comme les autres. Un sourire entre désir et vide. Une faille.
L a détourné les yeux.
Il s’en fout.
Il n’est pas là pour être aimé.
Il est là pour tenir. Juste tenir.
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Comments
Mimi 😘😘😘😍😍
tu seras toi aussi intrigué par ce jeune inconnu 😚
2025-06-29
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